I. Il était une fois
Il était une fois une chaise, et sur cette chaise se trouvait une princesse, et tout autour de cette princesse se trouvait un château.
La princesse sur sa chaise se peignait les cheveux en s’observant dans son miroir, et la glace renvoyait la plus belle scène qui fut jamais réfléchie.
On ne dira pas que la princesse était belle ; elle n’était pas splendide comme diraient les anglais, ni belle comme une rose comme diraient les poètes, ni la plus belle du monde comme diraient les amoureux. Non, la princesse était d’une beauté autrement plus parfaite, autrement plus intense. La princesse avait des cheveux si blonds que les couronnes en pâlissaient de jalousie. Elle avait un rire si brillant qu’il éblouissait le soleil, elle avait une voix si douce que nul son n’osait la couvrir, elle avait des yeux d’un bleu si absolu que tel les océans, on pouvait se noyer dedans.
Un chat de Cheshire s'était invité dans cette histoire à mon insu, et s'était faufilé dans la chambre de la princesse, où toujours assise sur sa chaise, elle se brossait toujours les cheveux devant son miroir.
S’approchant par derrière, il jeta un œil dans le miroir et croisa le regard de la princesse. C’est alors que le chat tomba amoureux pour la première fois et en eut le souffle coupé, foudroyé d'amour. Il voulut surpasser en grâce le chant des oiseaux, pourtant aucun son sortit de sa bouche. Il voulut se montrer invicible, pourtant tout entier il fondit sous son regard. Il comprit que la perfection existait, mais connut un immense dépit envers le monde, trop impur pour y abriter cette âme.
C’était cela, la beauté de la princesse.
Quel dommage, quel dommage que sa beauté, nul ne la vît hors de son château !
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