XII. Victoire
Plus vite. Plus vite.
Sur la plaine, le prince charmant courait à bride abattue. Il ne voyait rien, et filait comme le vent toujours tout droit.
Une abomination le poursuivait. Énorme, hideuse, létale. Elle détruisait tout sur son passage.
Le prince avait peur.
Soudain, quelque chose apparut devant lui. Son cheval stoppa net et se cabra, jetant son cavalier à terre. Le prince se releva promptement et chercha du regard cette chose qui lui barrait la route.
Ce n’était autre que le Chat de Cheshire.
Le Chat faisait face au prince, et quoiqu’il fut un chat en ce moment là il était le plus grand, et le toisait.
« – Que fais-tu, malheureux ! cria le prince. Pousse-toi ! Elle va me rattraper !
– Je vais m’en aller, dit le chat, mais d’abord, je suis venu t’offrir le choix.
– Trop tard !
La Peur, car c’était bien elle qui poursuivait le prince, le rattrapa et lui saisit tous les membres. Il était tétanisé.
– La princesse souffre, dit le chat. Elle a besoin de toi. Ou bien nous la perdrons à jamais.
Le prince ne pouvait plus parler.
– Quand je m’écarterai de ton chemin, continua le chat, tu pourras reprendre ta course. Mais attention, car le chemin que tu suis n’a pas de fin; je le sais car je l’ai vu.
Le chat se lécha les babines.
– Sinon, si tu souhaites sauver la princesse, alors il te faudra t’abandonner pour devenir plus fort que toi-même, et vaincre la peur. »
Sur ces paroles il disparut.
Le prince fut relâché de toute étreinte. Endolori, chancelant, il entendit les râles rauques de la Peur dans sa nuque. Il regarda son cheval blanc qui l’attendait pour reprendre la course, puis il regarda l’épée qu’il portrait à la ceinture.
Il se décida enfin.
Il fit un pas en avant et s’arracha de lui-même. Il se retourna, et fit face à son double et à la Peur. Il sortit l’épée de son fourreau, la brandit, et son image brandit la sienne. Dans un cri de rage, il abattit son épée, taillant son image du cou à l’aisselle, et dans le même mouvement, l’image abattit son épée et le trancha de l’aisselle au cou. Il eut mal. Son image s’effondra, morte. Il se tâta. Il était indemne.
C’est alors qu’il grandit, grandit, et la Peur geignit, et lorsqu’il dépassa la Peur en hauteur, elle fut terrassée et s’évapora.
Le prince se retourna à nouveau. Il avait gagné, et retrouva sa taille normale.
Il enfourcha son cheval, et galopa vers la princesse en détresse.
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