Peut-on rester amis après avoir été amants?

Quelle drôle de question. Lorsque l'histoire est en cours, personne ne se pose la question. On est amis, amants, aimants, parfois même prévenants...

Qui est parti en premier? Le désir, la complicité, l'attachement? Et si finalement, c'était soi qui était parti en premier?

Ce soir là, le 3 février, il pleuvait. Sur ce parking, face au Grand Parc, tu as coupé les phares. Un lamapadaire, quelques mètres plus loin, nous servait de chandelles. La tension était palpable, pourtant, il fallait que je te le demande :

" Je peux t'embrasser?

- Je suis désolé...". Au moment où tu as détourné les yeux, j'ai compris. J'ai été frappée comme d'un coup de poignard, le souffle court, mon esprit interprétait les conséquences de ce geste.

"Je te dégoûte, c'est ça?" J'avais du mal à articuler, les larmes enserraient ma gorge.

"Je ne peux plus".

Ce que tu as dit ensuite pour te justifier, je ne m'en souviens pas. Où tu étais, comment tu m'as regardée, je ne m'en souviens pas.

Je me souviens simplement avoir pris mon sac et être rentrée chez moi, sous la pluie. Je ne pleurais plus. Tu n'étais plus là.

La violence du choc m'a empêchée de souffrir de ton absence, pendant quelques jours. Je n'ai pas tout de suite réalisé. Un an plus tard, j'accepte à peine de ne plus te revoir.

Tu m'avais posé cette question : "peut-on rester amis après avoir été amants?" Je ne savais pas répondre. Désormais, c'est évident. Ce soir là, c'est l'homme que je connaissais qui a disparu. Celui que j'aimais s'en est allé. S'il revenait, ce ne serait plus lui. Ce ne serait plus son corps, que j'ai tant adoré, embrassé, chéri. Ce ne serait plus son esprit qui a recueilli mes confidences, mes éclats de rire, mes larmes d'émotion. Ce serait celui qui est parti sans un mot, me laissant là, sous la pluie, sous la lumière blafarde du lampadaire, sans alternative que de tremper mes vêtements et mon sac pour rentrer chez moi.