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"Les pressentiments dont il est impossible de se défendre, ce sont surtout ceux qui se présentent au moment où la chose se passe loin de nous, et qui ont un air symbolique"
- Denis Diderot (Jacques le Fataliste et son maître)
Gary Menendez. Si elle était là aujourd'hui, qu'elle avait parcouru toutes ces bornes, qu'elle avait quitté son travail –bien payé, en plus !–, déménagé son studio, laissé derrière elle amis et rêves d'une vie meilleure... tout ça, tout ça, c'était pour lui.
Dès le premier jour, elle avait su qu'il lui fallait le rencontrer. Et pourtant, elle n'avait jamais vu son visage ni n'en avait entendu parler ; elle le savait, voilà tout.
Peut-être se plantait-elle complètement ? Non : la Fosse, Phil, la cellule 47... Tant de détails qu'elle ne pouvait connaître. Et c'était cependant le cas.
Donc, elle était là, attendant devant le portail que quelqu'un daigne enfin lui ouvrir. Déjà plus d'un quart d'heure qu'elle poireautait, quand un type assez balèze se présenta devant elle.
- Vous vous êtes paumée en chemin, ma p'tite dame ?
Un tel manque de respect la déconcerta, et elle crut bon de l'en informer :
- Et vous ? Auriez-vous oublié les bonnes manières, si tant est que vous les connaissiez ?
Son interlocuteur en resta bouche bée, ce à quoi elle renchérit :
- J'ai bien plus d'argent que quiconque ici rêverait seulement d'en posséder, et je vous crois assez malin pour ne pas risquer votre poste en me faisant barrage.
Le gardien sourit, éberlué par ces propos.
- Une téméraire, hein ? Puis-je voir vos papiers ?
Elle sortit quelques feuilles de sa poche, qu'elle tendit en soutenant son regard. Surtout, ne pas flancher !
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