Chapitre 3
Étienne rentrait fourbu d'une promenade en forêt, non rassurez vous, il ne travaillait pas. Depuis la mort de ses parents, il avait vendu les terres agricoles, les bêtes et la ferme à des voisins. Il avait juste gardé une vieille grange à la sortie du village qu'il avait retapé sommairement, il n'avait jamais aimé le travail et ce dernier le lui rendait bien, les deux s'ignoraient royalement et ils ne s'en portaient pas plus mal, surtout Étienne .
Il ouvrit sa boite aux lettres, facture, facture, publicité et...tiens qu'est-ce donc ? ça ressemble à une lettre anonyme ! il ouvre, il tremble un peu, qui lui en veut, qu'est-ce donc...un feuillet plié,
Mon dieu, ce texte enflammé, une folle ? Il eut peur !
Il remonta son col, boutonna sa chemise, remonta ses manches, il eut froid soudainement. Il froissa la feuille, la roula en boule et la fourra dans sa poche, il la jettera plus tard . Là tout de suite il lui fallait un scotch, un alcool de mec .
La bouteille finie, il réfléchit, enfin essaie ! il s'endort, se réveille en sursaut, mais bien sûr, ça ne peut être que la belle Cynthia, elle vient de rentrer d' Australie, elle vient de divorcer de son cow-boy, il parait qu'il se prenait pour Crocodile Dundee quand ils baisaient dans le Jacuzzi . Elle avait l'air en forme avec ses grandes jambes, ses jolies fesses hautes perchées rondes comme il fallait, et sa peau ambrée, il ira la raisonner demain matin. Jouer à l'alligator, il voulait bien, mais s'embarquer dans une histoire sérieuse, un mariage...non, il ne souhaitait ça à personne, même pas à son meilleur ennemi !
Il se rappelait, la dernière fois ou ils avaient copulé ensemble, il y avait deux ans, ils avaient failli mourir, ensembles, emboités l'un dans l'autre, ils étaient du côté du col du diable, sous une vire rocheuse...elle adorait l'escalade cette nana, et pas qu'au sens propre ! alors qu'ils voulaient atteindre la falaise des vautours en passant par la cheminée aux sorcières l'envie lui avait pris, elle était comme cela Cynthia, imprévisible, elle l'avait plaquée contre la falaise. Coincé entre le baudrier la corde et une vieille racine de genévrier, il n'avait plus que subir l'assaut de la grimpeuse. L'assaut avait été bref, bestial et très sportif, elle avait scandé telle une tenniswoman des :
Ahi, han, oh ah Jeu set et match Ouiiiiiiiiii !
La montagne avait répondu à sa façon, des mètres cubes de roches leur étaient tombés sur la tête, fort heureusement la racine de genévrier les avait protégés de cette avalanche. Ils s'étaient engueulés un peu plus tard et s'étaient fâchés, le lendemain il lui avait apporté un bouquet de roses pour se faire pardonner, il l'avait accompagnée à Genève, ils avaient fait l'amour à nouveau dans une cabine d'essayage d'une boutique de fringue de luxe de l'aéroport, une vendeuse médusée avait appelé la sécurité, ils avaient failli partir en tôle, quelle rigolade !
Elle partait faire un trek de dix jours dans le désert australien il ne l'avait plus jamais vue après ça, il avait appris qu'elle s'était mariée avec un rosbif qui possédait des milliers d'hectare de bush et qui tuait des chevaux sauvages et des kangourous sur le capot d'une range rover ou du haut d'un hélicoptère !
Oui demain, il ira la voir, il verra s’ils pouvaient encore provoquer des avalanches. Oui demain, alors qu'il sombrait enfin dans les bras de morphée, une petite voix lancinante lui vrilla les tympans.
Et si ce n'était pas elle ?
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