4. Au delà du Feu
Stéphane rentra chez lui, l’esprit en ébullition. La route du retour et la centaine de kilomètres qu'il parcourut sous une neige persistante lui parurent interminable. Chaque flocon effaçait un peu plus les contours du paysage et rendait l’atmosphère irréelle. Lorsqu’il atteignit enfin sa maison, il y entra rapidement puis referma la porte derrière lui d’un geste brusque. Il voulut laisser le froid et le monde extérieur à l’écart.
Il se hâta d'allumer le poêle de la grande pièce à vivre. Quelques minutes plus tard, la chaleur douce du âtre enveloppa son corps. Elles apporta un répit bienvenu à son esprit agité. Il s’assit à la grande table campagnarde, alluma une bougie. Sa lueur dansante jeta des ombres troublantes sur les murs. Devant lui, les notes qu’il avait prises quelques jours plus tôt attendaient qu’il les consulte à nouveau.
Il posa une main hésitante sur la couverture du carnet. Il sentait sous ses doigts le cuir rugueux et les symboles gravés qu’il n’avait pas réussi à déchiffrer.
Il prit une profonde inspiration, puis ouvrit le calepin. II le feuilleta lentement. Chaque image, chaque annotation avait un poids qu’il n’avait pas perçu auparavant. Son regard fut attiré par un croquis, un ensemble de runes semblables à d'autres trouvées dans sa maison. Il réalisa qu'elles formaient un schéma plus complexe, une carte ou une constellation.
Alors qu’il tentait de comprendre ces dessins, un léger bip retentit qui brisa le silence de la maison. Stéphane sursauta. Son cœur mit à cogner dans son torse.
La caméra.
Il consulta l’écran de son téléphone et vit un mouvement. Furtif. Une silhouette floue se déplaçait lentement, imperceptiblement. Stéphane sentit un frisson glacé lui parcourir l’échine. Il attrapa une lampe torche et se dirigea vers l’escalier qui menait au grenier. Chaque marche grinçait sous ses pas. Il se rendit compte que cela amplifiait l’atmosphère déjà anxiogène.
Lorsqu’il atteignit la porte, il s’arrêta un instant pour écouter.
Le silence était total, assourdissant.
Stéphane prit son courage à deux mains. Il l'ouvrit lentement. La lampe illumina les vieilles poutres et les caisses poussiéreuses empilées dans Ie fond. Il balaya la pièce du faisceau tremblant de sa torche, sûr de voir quelque chose ou quelqu’un.
Rien.
Un détail attira toutefois son attention. Au sol, à l’endroit même où la silhouette se tenait , une rune était gravée dans la poussière. Stéphane s’approcha, fasciné et terrifié à la fois.
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Ce n’était pas une coïncidence : "On" avait voulu qu’il la trouve.
Il utilisa son smartphone pour prendre l'inscription en photo avant de balayer une dernière fois le grenier avec sa lampe torche. Il ne pouvait plus se contenter d'observer passivement.
Tout cela commençait à l'agacer considérablement. Quelqu’un, quelque chose, venait réellement dans sa maison. Il devait trouver un moyen de l’identifier, peut-être même de l’affronter. L'idée germa rapidement dans son esprit.
Un piège.
Il examina la pièce. En bon ingénieur qu'il était, Stéphane s'attela à le perfectionner. Il plaça une caisse vide en direction des inscriptions gravées dans la poussière, tendit une corde juste devant la porte du grenier et la dissimula soigneusement entre deux lames du plancher, sous une fine couche de poussière. Pour rendre son dispositif plus efficace, il fixa la caisse de manière à ce qu'elle tombe bruyamment lorsque la corde serait touchée. Enfin, il plaça discrètement la caméra près de l'entrée, réglée pour enregistrer le moindre mouvement.
Parfait !
Une fois son piège rudimentaire en place, il retourna dans la pièce à vivre. Il ouvrit son carnet pour y annoter les runes relevées la veille dans le grenier. De temps à autres, il jetait un coup d’œil à son téléphone, prêt à intervenir.
Au cas où...
La journée s'écoula lentement. Puis, en début de la soirée, un léger bruit troubla le silence. Un mouvement s’afficha sur l’écran de la caméra. La poussière de la pièce se déplaçait, poussée par une présence invisible. Son piège n’avait émis aucun son. L’entité avait déjoué ses efforts.
Il se leva. Lentement, il gravit les marches du grenier. Sa lampe torche était serrée dans sa main. Il ouvrit la porte avec précaution. Ses sens étaient en alerte. Il passa lentement sous la caisse prête à tomber, inspira profondément avant de déclarer d’une voix calme :
- Je sais que vous êtes là. N'ayez crainte, je ne vous veux aucun mal.
Il balaya le grenier de son faisceau lumineux, scruta chaque recoin. Son calme n'était qu'apparent, son esprit était en ébullition.
Était-ce une force surnaturelle ? Un intrus ? Quelque chose qu’il n’osait imaginer ?
Le silence pesait lourd. Puis, un frémissement imperceptible traversa l’air. Stéphane sentit une présence, puis il vit une ombre au bord de son champ de vision.
- Montrez-vous, murmura-t-il, plus pour lui-même que pour la présence.
À cet instant, un bruit sourd se fit entendre derrière lui. La caisse s’écroula, mais pas à cause de la corde. C'était comme si une force invisible l’avait poussée, une manière de répondre à son appel... ou de le défier.
Il sursauta, le souffle court. Son coeur battait à tout rompre. Il braqua sa lampe dans la direction opposée. Cette fois, il distingua clairement une ombre fugace qui glissait au fond des combles. Elle s’effaça aussitôt dans la pénombre, derrière le conduit de la cheminée.
La peur lui tordait l'estomac. Il serra les dents. Assez de doutes. Assez de mystères. Il était décidé à en finir une bonne fois pour toutes. Il s' avança silencieusement vers le fond du grenier, là où l’ombre s’était réfugiée.
La pièce était envahie par des ombres difformes, projetées par la faible lumière filtrant de la torche. L'ombre se trouvait parmi les coffres anciens qui étaient restés entassés contre le mur ouest.
Stéphane s'en approcha. Ses pas crissaient doucement sur le vieux plancher. Chaque son résonnait dans l’espace silencieux. Des formes incertaines projetées par sa torche se moquait de lui.
- Qui que vous soyez, sortez de là ! déclara-t-il d’une voix ferme. La peur le tenaillait. Son cœur allait s'arrêter.
Il sentait une présence palpable. Une tension presque électrique flottait dans l'air. Il contourna lentement les caisses avant de pointer la lampe dans l’interstice entre deux vieilles malles poussiéreuses.
Son sang se glaça.
Une fillette d'à peine douze ans se tenait là. Figée. Le regard rivé sur quelque chose qu'il ne voyait pas encore. Ses cheveux clairs cascadaient autour de son visage blême. Elle ne se retourna pas lorsqu'il approcha.
- Tu l'entends ? chuchota-t-elle.
Un écrin de silence lui répondit. Oppressant. Puis, un murmure s'éleva, un souffle indistinct, glissant sur sa nuque comme un avertissement. Il provenait de la malle. Stéphane s'agenouilla. Il souleva le couvercle.
Une onde froide se répandit dans le grenier.
Un objet y reposait. Une pierre noire, veinée de reflets violets. Elle pulsait lentement comme un cœur malade. Parfaitement lisse, taillée comme un diamant, et polie par des siècles d’usure. Il la ramassa délicatement. Au toucher, la pierre était gelée mais il ressentit une étrange chaleur s’infiltrer en lui. La gemme dégageait de l'énergie.
- C'est une clé, souffla la petite fille.
Elle leva enfin les yeux vers lui. Ils étaient blanc, livide, teinté d’une lumière tragique qui ne laissait place à aucun doute. Elle était morte.
- Ils nous observent. Les Portes. Il ne faut pas ouvrir les Portes
Un gémissement résonna dans le grenier, un écho déformé d'une supplique oubliée. Des ombres rampèrent le long des murs.
Une présence glaciale s'insinua dans la pièce. Le grenier s’assombrit soudain. La pierre noire s’illumina d’une lueur cruelle. Elle projeta sur les murs des chimères mouvantes, déformées. Une pression sourde emplit l’air.
Le monde, suspendu dans l’attente, retenait son souffle.
Stéphane sentit son cœur se serrer. Un frisson courut le long de son dos. La lumière de la pierre s’intensifiait. Elle vrillait son regard, l’aveuglant presque. Il porta une main à ses yeux. Dans ce bref instant d’obscurité, la sensation changea. Le sol ne semblait plus tout à fait solide sous ses pieds.
Un souffle. La fillette murmura quelque chose qu’il comprit à peine :
- Stéphane... n'ouvre pas la Porte...
Puis le silence.
Quand il rouvrit les yeux, la lueur s'était éteinte. Il était seul dans le grenier. Le froid s’évaporait lentement, mais les murs frissonnaient encore sous l’écho de la présence évanouie. Il ne savait pas combien de temps il était resté là, immobile.
Il tenait toujours la pierre dans sa main. Elle n'était plus qu'un simple caillou. Un caillou noir. Il sortit et referma la porte derrière lui avant de redescendre dans la pièce de vie.
Stéphane mangea à peine, distrait, l’esprit encore envahi par les images de la soirée.
La pierre noire, la fillette, les hurlements.
Tout tournait en boucle dans sa tête. Il redoutait le moment d’aller se coucher, mais lorsqu’il se décida enfin à monter, il laissa les volets de la chambre ouverts. La lune, haute dans le ciel, versait une lumière pâle dans la pièce. Douce mais suffisante pour l’apaiser.
Aucun bruit, aucun murmure, aucun souffle angoissant ne vint troubler le silence de la nuit. Tout semblait être revenu à sa place, comme si la maison elle-même avait décidé de s’endormir. Stéphane dormit profondément cette nuit-là, l’une des plus paisibles qu’il ait connues depuis longtemps. Et les suivantes le furent tout autant, baignées dans un calme étrange, presque trop parfait pour être réel.
Le lundi qui suivit, il se réveilla tôt. Ses yeux dérivèrent vers son sac, déjà préparé. Le prêtre l'avait appelé la veille et lui avait demandé de passer le voir. Ses notes, les photos des runes, les copies d'écran des recherches effectuées sur son téléphone :
Tout out était prêt.
À neuf heures trente, il quitta enfin la maison, prenant soin de verrouiller toutes les portes derrière lui. Sous le froid de février, Stéphane se sentit étrangement seul sur la route menant à l’église. Arrivé à Loudes, il trouva le village plongé dans un silence hivernal. Aujourd’hui, il aurait peut-être enfin des réponses.
Il entra dans la paroisse. Le père Gilles l'y attendait, le visage fermé. Avant qu'il ne commençât à parler, Stéphane lui raconta l'épisode du grenier, sa rencontre avec la fillette. Le prêtre l'écouta, les yeux dans le vague puis prit la parole :
— Ces runes, commença-t-il, elles ne sont pas simplement anciennes. Elles appartiennent à un système de langage appelé "le Verbe Primordial."
— Le Verbe Primordial ? répéta Stéphane, perplexe.
— Oui. Certains pensent qu’il s’agit d’un langage originel, une forme d’écriture capable d’influencer la réalité elle-même. Ça ne serait pas une simple superstition. Les légendes autour de ce langage parlent de portails, de dimensions parallèles...
— Et ces runes que j’ai trouvées, elles servent à quoi ?
Le père Gilles marqua une pause, comme s’il pesait ses mots :
— Si je ne me trompe pas, elles sont liées à l’ouverture d’un passage. Et ce passage pourrait bien expliquer ce qui est arrivé à cette fillette que vous avez vu.
Les paroles du prêtre résonnaient dans l'esprit de Stéphane, enveloppées d'un poids presque tangible, comme si chaque mot portait en lui une vérité dissimulée et terrifiante.
- Ce que vous avez découvert, poursuivit-il, pourrait dépasser tout ce que vous êtes capable d'imaginer.
Stéphane resta figé, son regard perdu quelque part entre les pierres froides du sol de l'église et les mots de la fillette, toujours si vivaces dans son esprit :
"N'ouvre pas la Porte"
Un passage, une porte entre deux mondes. Et s'il existait vraiment ? Et s'il parvenait à l'ouvrir ? Était-il prêt à franchir ce seuil vers l'inconnu, à affronter ce qui se trouvait de l'autre côté ?
Le jeune prêtre devina l'agitation intérieure de Stéphane. Il le fixa intensément. Son visage, d'ordinaire bienveillant, s'assombrit d'une gravité nouvelle :
Je sais ce que vous vous demandez, dit-il, d’une voix plus basse, presque solennelle. Êtes-vous sûr de vouloir découvrir ce qu’il y a derrière cette porte ?
La question resta suspendue dans l’air, lourde de conséquences.
Stéphane détourna les yeux. Il chercha une réponse qui tardait à venir. Il haussa doucement les épaules, un geste maladroit, presque enfantin, comme pour s'excuser de son propre doute. Puis, il prit une inspiration profonde. Il releva la tête et parla enfin :
Père, j’ai l’impression que... C'est comme si c’était mon destin, dit-il. Sa voix tremblait légèrement, teintée d’une détermination naissante. Je dois vous raconter...
L'émotion l'empêcha de continuer. Le Père Gilles posa sa main surson épaule. Sa voix était emplie de compassion :
- Je vous écoute Stéphane. Parlez, je vous en prie.
Il hésita avant de se lancer :
- Ma femme est morte. Je ne l'ai pas accepté. Puis... Quelque chose m’est arrivé. Une chose qui a changé ma vie. Elle m'est apparue en rêves, à plusieurs reprises. Elle m'a montré des images, j'ai eu des visions. C'est ce qui m’a conduit dans cette maison. Maintenant, c’est comme si tout cela était écrit d’avance, comme si tout me poussait vers ce moment.
Un flot d'émotion l'envahit et il dut marquer une pause. Puis, il regarda fixement le prêtre, cherchant une validation qu’il savait ne pas pouvoir recevoir.
- Je dois comprendre ce langage. Je dois trouver cette porte... et l’ouvrir.
Il se redressa légèrement, comme pour souligner ses mots.
- Cette enfant, cette fillette... elle n’est pas venue par hasard. Je suis sûr qu’elle est venue pour moi, pour me chercher.
Le Père Gilles hocha lentement la tête, ses mains jointes comme en prière.
- Si vous choisissez de poursuivre cette quête, vous devrez être prêt à affronter non seulement ce qui se cache derrière cette porte, mais aussi les parties de vous-même que vous n’avez jamais osé affronter. J'ai obtenu l'accord pour étudier le livre des Portes. Écoutez ceci :
"Celui qui cherche la clé doit écouter la voix des Etoiles ou des Ombres. Le prix d'une porte mal ouverte est le chaos".
Les mots du prêtre, aussi graves que l’écho d’un glas, laissèrent un silence pesant dans la pièce. Il continua :
"Quand l’ombre et la lumière se mêleront,
Quand le cœur saura embrasser son reflet,
Le Protecteur trouvera la clé,
Et la Porte s’ouvrira sur l’étoile oubliée."
Stéphane sentit une étincelle s’allumer en lui. Quelles que soient les ombres à venir, il se savait désormais incapable de faire demi-tour.
- Stéphane, cette pierre noire... C'est certainement une clé. Un artefact qui vous permettra d'ouvrir une porte dont vous devrez découvrir l'emplacement mais...
- Mais...?
- Amendes inter mundos fragiliores sunt quam videntur; alter alterum inclinare potest.
Stéphane eut un sourire amusé :
- Père, au collège, j'avais quatre de moyenne en latin...
Le père Gilles ne put s'empêcher de rire à sa plaisanterie. Puis, il redevint sérieux avant de traduire :
- Les frontières entre les mondes sont plus ténues qu'on ne le croit. Un seul peut faire basculer l'autre.
Le sourire du jeune homme se figea également :
- Vous voulez dire que...
- Oui Stéphane. Faîtes bien attention. En voulant passer dans cet autre monde, vous pourriez faire entrer quelqu'un dans le nôtre.
Stéphane resta silencieux. Son esprit bourdonnait des implications des paroles du prêtre. Il tenta de formuler une réponse, mais rien de cohérent ne lui vint. L’idée qu’un passage entre deux mondes pouvait être ouvert le fascinait autant qu’elle l’effrayait.
- Se pourrait-il que quelqu’un soit déjà passé dans notre monde ? demanda-t-il finalement. Sa voix n'était qu'un murmure.
Le Père Gilles baissa les yeux un instant, comme s’il hésitait à répondre, avant de relever un regard grave vers Stéphane.
- C’est une possibilité que nous ne pouvons exclure. Mais si c’est le cas, ce n’est pas encore trop tard. Vous avez une responsabilité, Stéphane. Non seulement celle de comprendre, mais aussi celle de protéger.
"Serait-ce Lui, le Protecteur ?"
Stéphane se leva brusquement, les mains sur les hanches. Il fit quelques pas nerveux dans la pièce. Ses pensées revinrent à la petite fille, à son regard mort.
- Vous parlez comme si j’étais un gardien ou je ne sais quoi, mais je ne suis qu’un gars qui a trouvé des runes dans son grenier ! lança-t-il, frustré.
Le prêtre inclina légèrement la tête, un léger sourire énigmatique sur les lèvres.
- Les gardiens ne se désignent pas eux-mêmes, Stéphane. Ce sont les événements qui les choisissent.
Les paroles du prêtre résonnèrent en lui. Était-ce vraiment son rôle ? Était-il prêt à accepter ce fardeau, à ouvrir cette porte et à affronter ce qu’il pourrait trouver derrière ?
Le Père Gilles se leva :
- Les artefacts de ce type ne se trouvent jamais au hasard. Ce passage pourrait être plus proche que vous ne le pensez. Inspectez chaque recoin, chaque détail. Et surtout, suivez votre intuition.
Il le regarda en hochant la tête, puis ajouta :
- Merci de votre aide, Père. Je vous tiendrai au courant si je trouve quelque chose. Au fait, vous avez pu traduire les mots du grenier ?
- Ah oui... attendez, je les ai notés quelque part. Il chercha dans des bouts de papiers griffonnés :
- Voilà, c'est ça... "Au delà du feu"
Le Père Gilles lui tendit le bout de papier et lui serra la main. Il lui parla d'un ton grave et profond.
- Soyez prudent, mon jeune ami. Certaines portes, une fois ouvertes, ne se referment jamais.
Stéphane hésita, le papier froissé entre ses doigts. Une question lui brûlait les lèvres, mais il n’osait la formuler. Le prêtre le dévisagea avec bienveillance. Il devina son trouble avant d'esquisser un sourire.
- Vous vous demandez comment un homme d’Église peut croire à toutes ces légendes, nest-ce pas ?
Stéphane hocha lentement la tête.
- Oui, Père… Pourquoi ?
Le Père Gilles leva les yeux vers la croix suspendue derrière l’autel avant de répondre, d’une voix calme et pleine de conviction :
- La foi, mon fils. Elle peut revêtir mille formes, porter mille noms. Eden, Paradis, Source… Alors, pourquoi pas Lyndoria ? L’important n’est pas ce que nous nommons sacré, mais ce en quoi nous choisissons de croire.
Stéphane ne trouva rien à répondre. Il sentit le poids de cette vérité s’inscrire en lui, aussi troublante que rassurante. Il quitta l’église, les épaules alourdies par une mission dont il ne mesurait pas encore toute la portée. Alors qu’il regagnait sa voiture, un frisson parcourut son échine.
Une seule pensée lui vrillait l’esprit :
Si la petite fille était venue chercher de l’aide, alors cela signifiait qu’un danger bien plus grand rôdait déjà... tapi de l’autre côté.
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