20-2 Les guerrières de brume
« Tout le monde est prêt ? » demanda Highlander.
Les immenses piliers du grand hall surplombaient le groupe comme des géants observant des fourmis. Highlander avait gardé la même composition d’équipe. Sonia, désormais, n’éprouvait plus de peur. À la place, une soif de découverte et de victoire s’était emparée d’elle, un sentiment qu’elle ne connaissait pas jusque-là. Xena, son avatar, ne lui avait plus fait défaut. Elle sentait que quelque chose s’était créé entre elles, surtout après les épreuves de la veille.
« En avant ! » lança Highlander.
Le trio s’enfonça dans les profondeurs du labyrinthe. Highlander avait insisté sur la nécessité de suivre la carte avec rigueur pour éviter la perte de temps de la veille, ce qui entraîna quelques discussions sur les chemins à prendre. Cette fois, Sonia avait décidé de s’impliquer davantage, prenant la parole quand il le fallait. Par chance ou par bonne coordination, ils atteignirent en moins de dix minutes un mur de brume.
Sonia perçut immédiatement la différence avec la brume moite de la zone d’eau. Ici, l’atmosphère était sèche, presque oppressante, comme si elle émanait des entrailles mêmes de la terre. Ils étaient revenus à la case départ : la zone de terre. Elle savait précisément ce qui les attendait derrière ce voile grisâtre. Faisant tourner son épée dans sa main, elle se prépara. Dès que les yeux rouges des zombies percèrent l’obscurité, son cœur s’emballa. Sa dernière rencontre avec ces créatures avait été une humiliation. Cette fois, pas question de répéter les mêmes erreurs.
« Restez groupés, ordonna Highlander. Armes blanches uniquement. »
Highlander et Manhattan dégainèrent leurs épées, et les trois guerriers avancèrent d’un même pas.
Le combat fut bref. Sonia, avec une clarté nouvelle, anticipait les mouvements ennemis. Elle repéra deux Xena noires, brandissant leurs épées funestes. Highlander croisa le fer avec l’une d’elles, tandis que Sonia, avec une précision chirurgicale, glissa aux pieds de l’adversaire et trancha son abdomen d’un coup net. Elle continua son mouvement fluide, contrant une attaque de la deuxième guerrière zombie. Effectuant une rotation au sol, elle la fit tomber d’un coup de pied circulaire. Saisissant son épée à deux mains, elle décapita son adversaire.
En moins d’une minute, les six zombies gisaient à terre, une nouvelle fois défaits.
Satisfaite, Sonia jeta un dernier regard sur le visage inerte de la Xena décapitée. Les orbites, autrefois brûlantes de haine, étaient maintenant vides, éteintes. S’était-elle imaginé ce regard terrifiant lors de leur première rencontre, ou avait-elle vraiment ressenti cette haine ? Refoulant ces pensées, elle donna un coup de pied dans la tête du zombie qui roula sur le côté, puis emboîta le pas à ses compagnons.
Plus loin, ils tombèrent sur deux autres zombies, l’un ressemblant à Manhattan et l’autre à Xena. Les créatures semblaient désorientées, comme perdues dans le labyrinthe.
« Encore ? grogna Manhattan. C’est le trou normand, ou quoi ? »
— Je préfère ça à un golem, » répondit Highlander.
Les zombies dégainèrent lentement leurs armes.
« Laisse-moi faire, annonça Manhattan en faisant tournoyer ses épées dans les airs.
— Attends, c’est un piège, lança Highlander d’un ton ferme.
— Un piège ? Qu’est-ce qui te fait dire ça ?
— Le niveau de difficulté augmente à chaque fois. Deux zombies isolés, c’est suspect.
— Des appâts, alors ?
— Possible » répondit Highlander.
Sonia fronça les sourcils. « Ils nous attendent. Ils ne bougent même pas.
— Exact, admit Manhattan. Ça sent mauvais. »
Le silence s’épaissit dans le couloir sombre.
« Manhattan, murmura Highlander, attire-les ici, mais sans croiser le fer. Sois prudent.
— Moi, prudent ? » plaisanta Manhattan en avançant nonchalamment.
À un mètre des zombies, il fit tournoyer ses épées avec une aisance provocante. Les créatures ne bougèrent pas d’un millimètre. Manhattan jeta un regard par-dessus son épaule, à la fois bravache et moqueur.
« Ils sont complètement lobotomisés, ces deux-là ! » chantonna-t-il.
En un éclair, il se retourna et égorgea l’un des zombies d’un coup de pointe. Mais au même instant, un violent tremblement secoua la caverne. Un énorme bloc de pierre se détacha du plafond, menaçant de s’écraser sur eux.
« PLONGEZ ! » hurla Highlander.
Le bloc s’effondra dans un fracas assourdissant, soulevant un nuage de poussière. Lorsque la fumée se dissipa, Manhattan apparut, indemne.
« Ces imbéciles, lança-t-il, ils ont écrabouillé leurs propres zombies. Ils ne vont pas renaître de sitôt.
— Allons-y, dit Highlander. Le vrai combat nous attend. »
La porte monumentale devant eux était gravée de formes géométriques grossières.
« C’est une écriture ? demanda Sonia.
— Va savoir. Demande aux linguistes d’Elisor. Ce monde n’est pas vraiment ma spécialité. » répondit Highlander.
Sans mot dire, Highlander et Manhattan prirent position devant les battants massifs de la porte et poussèrent de toutes leurs forces. Le portail céda, s’ouvrant de quelques centimètres.
« Ça suffira, fit Highlander en se glissant par l’ouverture. Manhattan suivit.
« Heureusement que Contraste n’est pas là, plaisanta Manhattan. Il aurait fallu l’ouvrir en grand et racler les murs pour qu’il passe. »
Une voix caverneuse répondit de l’autre côté : « Je lui dirai ! »
Sonia hésita un instant, craignant de ne pas passer par l’étroite fente.
Ils ont oublié que j’ai une poitrine, apparemment… pensa-t-elle.
À son soulagement, Xena glissa sans encombre entre les battants de pierre.
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