Chapitre 2

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Je marchai toute la journée sans m'arrêter, la chaleur était terrible, ce fut difficile de ne pas m'écrouler au sol sous le coup de la fatigue. À la tombée de la nuit, des bourrasques s'abattirent, il n’était pas possible de faire une pause dans ces conditions. Je me mis à avancer à quatre pattes pour ne pas risquer de me faire emporter. Ma queue était dressée et mes oreilles étaient plaquées en arrière. Il n’allait pas être évident de dissimuler tout ça...

La nuit me parut interminable, j'avais avancé des heures à un rythme plus ou moins régulier, priant pour ne pas avoir dévié de trajectoire. Pourtant je fini par voir le soleil apparaître à l'horizon. Alors que je marchais, je n'avais pas fait attention trop occupé à me maintenir debout, mais la ville était toute proche ! Entre 30 minutes et une heure de marche.

Je mis ma capuche et fis en sorte qu’on ne voit plus ma queue. Il n'était pas impossible que des humains se promènent autour de leur ville.

Je repris mon interminable marche. La ville était entourée de vieux remparts en pierre, aucun garde, aucune protection, et la plupart des murs détruits. Je n’eus aucun mal pour rentrer, les murailles devaient être un élément purement décoratif, à l'intérieur les maisons semblaient être dans le même état: abîmées, parfois à moitié détruites ou sur le point de s'effondrer. La fatigue m’avait subitement quitté, remplacé par une curiosité débordante. Malgré la pauvreté évidente du quartier, je n’en restais pas moins fasciné. Des marchands se trouvaient sur le bord de la route, ils criaient pour attirer les clients. Les marchandises ne ressemblaient à aucun objet que j’ai pu voir dans ma vie, c'était de grosses machines crachant de la fumée sombre. Certains vendent de la nourriture, poissons, viandes, plantes... Mais comment était-ce possible ? Ils sont au milieu du désert… Je m'approchais curieux, tout ces aliments n'avaient aucune odeur.

En m'avançant dans la ville, les maisons changèrent, les vieilles pierres se transformèrent en une étrange matière grise brillante. Les bâtiments étaient en bien meilleur état, les rues plus propres et calmes. Les passants me dévisageaient mais je ne m’en préoccupe pas. Je rentrais dans les boutiques sans trop réfléchir, marchands de jouets, de vêtements, d'une boisson transparente appelée thé selon, la grosse pancarte placée à l’entrée de la boutique. Comme si tout était à portée de main, au coin d’une rue !

Je marchais au hasard et m’émerveillais devant tout ce que je ne connaissais pas. Je fini par passer devant une école, elle était bien plus grande que celle de mon village ! Les écoles de la capitale arrivaient peut-être à rivaliser ? Kony est peut-être dans un établissement comme celui-là à l’heure qu’il est… J’aurais aimé qu’elle voie ça.

Je fis tout mon possible pour penser à autre chose et profiter un maximum de ma première visite d’une ville humaine.

La disposition des quartiers semblait plutôt simple. Plus le quartier était proche de la limite de la ville, plus il était vieux et démoli, plus on s’en éloignait, plus c’était beau, technologique et plein de magasins fascinants.

Certaines maisons comportaient sur le toit des sortes de petites bulles verte, j’avais beau demander à toutes les personnes que je croisais ; personne ne semblait avoir envie de me répondre.

Vers midi la faim rattrapa ma soif de nouveauté. J’avais emporté de quoi manger dans mon sac, mais j’avais très envie de goûter la nourriture locale, je couru vers un étalage, choisi un produit ressemblant à de la viande au fromage, mais au moment où la marchande allait me le donner, quelque chose d’imprévu se passa : elle refusa ce que je lui proposais pour payer.

“Non mais tu te prends pour qui gamin ?! Tu crois que tu vas me payer avec cinq, six plantes pourries, tu penses vraiment que je assez naïve pour penser que c'est pas de la camelote ?? J’ai besoin d’argent moi ! Voyant ma mine déconfit elle insista. De thune, du blé, tu comprends ce que je te dis ou pas !!!?”

Je restai pétrifié, le système économique des hybrides était entièrement basé sur le troc. Si on m’en mettait sous le nez je ne suis pas sûr que je saurais reconnaître “l’argent”, pour le blé j’en ai bien un peu dans mon sac, mais je ne pense pas vraiment que c’est ce qu’elle veut… Et il ne vaut mieux pas l'énerver encore plus.

Je m’éloigne les mains vides, et saisis la nourriture que j’avais apporté. Assis sur des escaliers je regardais les gens passer, je les observais, les humains semblaient si proches des hybrides, mais pourtant si différents. Se considèrent-ils comment nos créateurs, ou le temps a t’il modifié cette vision des choses ?

Quoi qu’il en soit, je risque d’avoir des plus gros problèmes : l’argent, qu'est-ce que ça représente exactement, comment en obtenir ? Je me remets à marcher, trop de questions en tête pour si peu de réponses.

Je décidais de me rapprocher du centre de la ville, à quoi est-ce que ça peut bien ressembler… Alors que je m’en approche je commence à faire attention à quelque chose qui m’avait jusque-là laissé indifférent. Une sorte de dôme protège une partie de la ville, il ressemble aux bulles que j’avais pu voir sur les toits, mais en bien plus gros.

Arrivé au pied du dôme, je me retrouve face à une muraille, qui ne ressemble en aucun point à celle qui se dressait à l’entrée de la ville. Elle semble projeter le dôme, sans aucune faille, et les quelques passage que j’ai pu apercevoir sont gardés.

En m’approchant des gardes je failli perdre l’équilibre. Ce n’était pas des humains, mais des hybrides, des hybrides comme je n’en avais jamais vu de ma vie. Le premier avait un visage humain, des cheveux bruns ébouriffés, deux énormes cornes sur le crâne, et trois queues se finissant par des aiguillons semblables à ceux d'un scorpion, sortaient de son dos. La deuxième, en plus de son regard à glacer le sang, et de ses petites cornes de chèvre, était dotée de deux grandes ailes recouvertes d’écailles. Ils avaient tous les deux à la mains une lance dont l'extrémité produisait des éclairs. Au moment où ils croisèrent mon regarde je sentis mes jambes trembler. Il y avait quelque chose de terrifiant en eux. Sans réfléchir bien longtemps, je partis en marchant le plus vite possible. Était-ce des hybrides ? D'autre création humaine ? Je sentis mon cœur se serrer a cette pensée.

Je ne m'arrêtais qu'en arrivant dans les quartiers en ruine aux extrémités de la ville. C’est là qu’il sera le plus facile de dormir. Il devrait y avoir pas mal de logements abandonnés.

Quand la nuit tomba, le nombre de personnes dans les rues diminua, tout le monde rentrait en fermant fenêtres et volets à double tour. Je compris très vite pourquoi : les mêmes bourrasques de vent que pendant mon trajet pour venir se déclenchèrent. Je sautais dans un bâtiment semblant abandonné. Bonne pioche, il est à l’abri du vent et un vieux rideau traîne par terre, ce ne sera pas du grand luxe mais j'étais bien trop fatigué pour faire mon difficile.

Je ferme les yeux, ça ne sentais pas très bon, mais malgré tout j'étais content d’être ici.

“Je te le jure, je reviendrai, et la prochaine fois, c’est ensemble que nous partirons” chuchotais-je à Kony avant de m’endormir.

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