Chapitre 3

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À mon réveil j’avais terriblement mal au dos. Pas étonnant, la seule chose qui m'avait séparé de la pierre pendant mon sommeil était un morceau de tissu que j’avais trouvé dans le bâtiment. Je m'étirais, remis ma capuche et sortis. Mon objectif du jour était de trouver un moyen d'avoir de l'argent. Pour ça la première idée qui m'était venue à l’esprit était de travailler.

Je me présentais à de nombreuses boutiques durant toute la matinée, mais je ressortais toujours bredouille. Ils demandaient tous des papiers d’identité. Je finis par rentrer, désespéré, dans un vieux bar puant le renfermé et mal éclairé. Devant la porte un écriteau poussiéreux portait l'inscription Pub du loup noir. Quand je demandais à voir le patron on me présenta un vieil homme barbu avec deux petit yeux blancs. Je compris vite à son attitude, qu'il était aveugle. Sa main ne quittait pas le comptoir, il ne se positionna pas face à moi spontanément mais uniquement après que j’ai commencé à parler.

“- Excusez-moi, je cherche du travail et…

- Pourquoi tu veux bosser là, petit ? C’est crade, les gens font la gueule, et y’a pas de très bonnes fréquentations.

- Je me suis fait jeter partout monsieur, parce que je n’avais pas de papiers.”

Un long silence s’installa, l’homme finit par chuchoter des instructions à un de ses collègues avant de se retourner vers moi.

“Tu devrais dégager, gamin” lâcha-t-il avant de partir.

Il me faisait peur, et je n’avais pas vraiment envie de travailler là, pourtant je ne me décourageais pas, il me fallait vraiment un travail !

“- Monsieur ! J’ai vraiment besoin d’argent !

L’homme hésita

- Tu le regretteras, gamin…” soupira-t-il.

Il me fit signe de le rejoindre de l’autre côté du comptoir, ce que je fis sans un mot. Il me donna quelques instructions, une tenue de serveur, et m’envoya sans aucune autre explication dans la salle.

Pour une première journée de travail je ne me débrouillai pas si mal. Je ne fis presque rien tomber. Après l’heure de pointe, on m'autorisa à aller manger quelque chose dans la cuisine. La nourriture en plus de n'avoir aucune odeur, n'avait que très peu de gout, pourtant ça me parut délicieux. Je compris pourquoi quand la cuisinière une grande femme ridée avec de long cheveux blond s'approcha de moi.

"Fait pas cette tête, gamin, c'est pas si mauvais."

Je la regardai sans trop savoir quoi répondre, qu'avaient t'ils tous à m'appeler gamin ici ?

"-Je m'appelle Yiva, et toi ?

-Kriss. Prononçais-je d'une voix faible

-Te laisse pas impressionner par tous ces idiots qui bossent ici ; ok ? Ils te feront rien. Trop peur de se faire virer, crois-moi."

Elle pointa du doigt les autres employés se trouvant de la cuisine. Ils me mettaient tous terriblement mal a l'aise. Suite a un léger frisson provoqué par le regard un peu trop appuyé d'un serveur sur ma capuche, je préférais changer de sujet.

"-Pourquoi ça n’a pas de gout ?

- Pas de gout, t'exagère gamin ! C'est synthétique. D'où tu sors ? Les vrais fruits et les vrais légumes, a moins d'être blindé d'oseille, t'en goûtera jamais."

Je préférais ne rien répondre, effrayé a l'idée de ruiner ma couverture. Les humains me semblaient bien étranges. Mais quelque chose me soufflait que je pouvais avoir confiance en cette femme.

Le soir, une fois tous les clients partis je repris discrètement un peu de pain avant de dire au revoir et rejoignis la ruine qui m’avait servi de maison la nuit précédente.

Je me rendis au pub le lendemain matin, puis le suivant, et celui qui suivit. Tous les jours pendant un mois.

Yiva m'aidait à récupérer de la nourriture. Elle ne posait jamais de question. Elle était terriblement bavarde. Je l'écoutais a tous les repas, en apprenant toujours plus sur la société dans laquelle je me trouvais. Le pub du loup noir était un endroit de refuge pour tous les gens qui en avaient besoin. Le patron employait tous ceux qui semblaient désespérés. Personne ne posait jamais de question sur personne. Mon premier mois de travail me parut bien long.

À la fin de ce dernier, le patron, appelé le vieux Geneï par tous les employés, me remit une petite somme d’argent. Ce qui me permis, le mois suivant, de me nourrir avec autre chose que les réserves du pub.

Après quatre mois chez les humains, je bossais toujours dans un pub pourri, rempli de personnes peu fréquentables pour très peu d’argent, pourtant j’étais heureux d'être là.

Il était midi passé quand un groupe d’humains rentra dans le pub. Leurs vêtements étaient sales, et à la ceinture de chacun d'entre eux étaient attaché des pistolets pourvu de nombreux rouages. Alors que j'allais leur proposer une table. L'un d’entre eux me mit un coup de genou dans le ventre avant de m’ordonner de dégager, les autre sortirent leurs énormes armes à feu et les pointèrent sur les clients avant que l’un d’entre eux ne se mette à crier.

“Si quelqu’un a vu une putain de rousse avec une épée, soit il le dit tout de suite, soit on bute tout le monde !”

Personne ne réagit, quelques personnes continuèrent à boire et manger comme si de rien n'était, alors que d’autres fixaient le sol, visiblement terrifiées.

Une fille d'une vingtaine d'années se leva au fond du pub, elle avait de longs cheveux roux attachés en deux couettes tombant dans le creux de son dos. Elle portait une simple salopette bleue un peu large, ainsi que des bandages au niveau de ses bras et de sa poitrine. Dans son dos était attachée une épée presque aussi grande que sa porteuse. Elle avait deux grands yeux aux étranges iris vert et rouge et une infinité de tache de rousseur parsemais ses joues et ses épaules.

Elle s'avança vers le groupe un sourire aux lèvres, passant nonchalamment une mèche de cheveux derrière son oreille ou se trouvait deux piercing au niveau de l'hélix.

“- Salut les gars, qu'est-ce que vous faites là ? Je vous manquais trop ?

- Ferme-la, salope ! Rends-nous notre argent si tu veux pas finir avec une balle dans la tête !!

- Calme-toi, j’ai rien fait moi.”

Elle sortit son épée, en guise de réponse, ils se mirent tous à tirer vers elle. Comme par réflexe, je fis basculer une table pour me cacher derrière.

Je ne pouvais pas laisser cette fille seule contre tous ces gars armés jusqu’aux dents, pourtant j’étais mort de trouille. Je rassemblai tout mon courage et me redressai. Deux des hommes étaient à terre, et les autres encerclaient la rouquine. Je saisis un tabouret et l'explosai sur le crâne de l’un d’entre eux. Le colosse se retourna, il avait l’air très très très énervé. Il attrapa ma capuche et me souleva, quand je sentis mes pieds se décoller du sol, je cru mourir de peur. Alors que l’un d’entre eux amorçait un geste pour mettre fin à mes jours, celui qui me tenait lui ordonna d'arrêter et me lâcha brusquement.

“Regardez les gars, ce que le petit serveur a sur la tête”

Paniqué, je plaquai les deux mains sur mes oreilles, mais tout le monde les avait déjà vues.

“-Oh mais il tremble, on dirait un petit animal, ricana un autre homme.

- Mais c’est parce que c’est un animal, et il va nous rendre riches !”

Je fermai les yeux, me sentant retombé au sol, il n’allait pas me tuer tout de suite, mais est-ce que ce n’était pas pire ? Qu'allaient-ils faire de moi, me vendre ? Mais pourquoi…

J'entendis des bruits de combat mais ne relevai pas la tête, il venait sûrement de se débarrasser de la fille, et je ne voulais pas voir ça. Tous mes membres tremblaient de peur.

Une main se posa sur mon épaule, et je rouvris enfin les yeux. Tous les hommes étaient à terre, la rouquine avait une main sur mon épaule et de l’autre elle tenait son épée couverte de sang. Je me mis à bredouiller :

“-Tu… Tu les as tués…

- C’est pas important ! Viens avant que quelqu’un d’autre trouve intelligent de tenter de te vendre.

- Mais …

-Discute pas, crois-moi, faut pas rester ici.”

Toujours terrorisé, je me levai, je jetai un regard autour de moi, les gens détournaient tous leur regard, évitant de poser leur yeux sur les hommes étalés au sol, l'inconnue ou même moi. Je n'avais pas vue Yiva, elle ne quittait jamais ses cuisines. Je remis ma capuche et quittai le pub, à moitié détruit par l’affrontement. Ma sauveuse essuya son arme avant de la ranger. Elle avait l’air totalement sereine, comme si tout ce qui venait d’arriver était normal.

“- Tu t’appelles comment ? dit-elle avec un sourire.

- Kriss, et toi ?

- Akada, enchantée et bienvenue chez les humains, je suppose ! ”

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