Partie 5

2 minutes de lecture

Manoir des De la Motte, Novembre 1530...

 Eugénie n'avait pas vu son père depuis douze ans. Et, aujourd'hui, elle venait d'apprendre sa mort. Elle qui avait passé douze longues années à répéter chaque jour Chant royal de l'arbre de vie, en attendant avec impatience ce jour où elle le réciterait pour son père. Son père qu'elle aimait par dessus tout, son père qui était absent, son père qui n'était presque jamais là pour elle, son père que pourtant elle aimait plus que sa mère. « Lui, au moins, il sait s'amuser. », se disait-elle souvent. Aujourd'hui elle regretterait toute sa vie de ne pas avoir assez partagé de moments avec lui. Aujourd'hui et jusqu'à son dernier souffle, elle regretterait tous ces jours où son père voulait jouer avec elle et où elle avait laissé sa mère le lui interdire. Aujourd'hui, pour une fois, elle allait être heureuse de son rituel du poème du dimanche soir. Ainsi elle, rendrait hommage à son père, et, par la justesse de sa voix, récitera tout l'amour qu'elle détient pour lui mais qu'elle n'a pas su lui dire avant.

 La salle de réception était pleine comme elle ne l'avait jamais été. Tous les personnages importants du royaume et ceux des royaumes alentours avaient fait le déplacement pour honorer la mémoire du Duc Eugène De la Motte. Chaque invité avaient pris place autour d'une grande table rectangulaire. Eugénie monta sur une estrade pour que les plus éloignés entendent son récital. D'ici, elle voyait bien sa mère, à l'autre bout, droite, gracieuse, élégante, souriante même. Elle ne semblait en aucun point attristée par la mort de son mari. Elle n'avait même pas versé une larme, ni même laisser voir une once de tristesse en elle. « Elle ne pleurera donc jamais. » pensa la future duchesse.

« [...]L'Arbre de Vie en tout temps bien gardee. Le Createur voulant sa creature [...] »

 Après ces mots la jeune femme s'étala sur le sol. La foule s'amassa devant l'estrade pour l'observer. Sa mère arriva près d'elle, comprenant immédiatement ce qu'il venait de se passer. Et pour la première fois, tous la virent verser une larme sur la joue de sa fille gisant au sol. La duchesse se coucha sur Eugénie et pleura, versant toutes les larmes de son corps. Pour la première foi . Elle pleura la perte de sa fille. Son unique enfant. Le Créateur voulait sa créature. Il l'avait reprise.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Quetzal Rim ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0