Partie 1
– Bonjour monsieur.
– Ah salut toi, t'es le nouveau stagiaire, c'est ça ? Ou alors t'es cet abruti de journaliste qui passe sa vie à me coller aux basques ?
– Euh… non non…
– J'rigole, petit, j'vois bien que t'as pas la même tête de con. Bon allez, viens par ici, on va être à la bourre aux vestiaires. Tu sais les vestiaires ici, c'est comme les toilettes, faut y aller après les archanges mais avant les nephilims, vu que ces putain de mastodontes bouchent tous les orifices possibles et imaginables. Y compris les tiens si t'as le malheur de leur traîner dans les guêtres. T'as pigé ?
– Euh… oui oui…
– Oui c'est ça, note bien ce que j'te dis. Note tout, haha ! T'as été pistonné pour entrer ici, nan ? Vu les dix mille aspirants chaque année, faut bien que les grands pontes fassent un tri, et j'peux t'dire qu'en général ils vont pas chercher bien loin.
– C'est que… ma tante travaille ici.
– Ah ouais ? Elle fait quoi ta tata ? Tiens, prends un carquois, nan, en fait commence par enfiler ton cheval, qu'est-ce que j'raconte moi ? Chuis incapable de faire deux trucs en même temps, attends-toi à ce que j'te raconte n'importe quoi environ la moitié du temps.
– Enfiler mon… cheval ?
– Bah ouais, ferme la bouche, tu vas gober les mouches et y'en a un paquet ici vu le crottin qui traîne dans les coins. Le patron aime pas qu'on se balade en bipèdes, regarde, t'as des chevaux morts là-bas, c'est le coin écurie du vestiaire. Y'en a qui arrivent tous les jours par camions entiers. Bon, c'est la guerre en bas, et comme ces putain d'abrutis sont incapables de se faire exploser la tronche tout seuls, ils nous bousillent nos chevaux aussi. Sérieux, tu le crois ça ? Des millénaires pour créer c't'animal qui pète la classe, au début ils étaient bien contents d'les avoir, et au final ils nous les renvoient à coups d'obus. Job de merde. Bon, bref, nous ça nous va bien, c'est un bleu de travail comme un autre. Regarde, j'te montre.
– …
– T'as vu ? Bon, ça pue un peu au début, faut pas être trop sensible hein. Une fois que tu l'as enfilé, ziup, tu zippes le truc comme avec une fermeture éclair, c'pas trop compliqué pour toi ça, si ?
– Je crois que je vais… Oh mon dieu… Beurp…
– Hé, on jure pas ici, ou alors en dehors des horaires de travail, sinon le gros là-haut il est pas très content. Putain, tu fais chier, non seulement on me refourgue un stagiaire mais en plus il vomit partout dans le vestiaire. J'te préviens, c'est pas moi qui nettoie, t'as une serpillère là-bas, grouille-toi de nettoyer.
– Ok…
– Allez, allez, plus vite que ça ! Putain et j'peux pas bouger dans mon cheval, moi. Pas pratique ces machins. Oui voilà, c'est bon, hein ! T'embêtes pas, s'il en reste un peu sous le banc c'est pas grave, après nous c'est les nephilims et ils vont tout dégueulasser de toute manière. Sérieux, j'comprends jamais pourquoi ils ont droit au vestiaire, c'est une porcherie qu'il leur faut à ces machins, une porcherie de dix mètres de haut.
– Ok…
– Voilà, repose-moi ça dans un coin, là ou là, on s'en fout, enfile ton cheval et ensuite on ira prendre les carquois. Choisis ton canasson, y'en a dix, t'as l'embarras du choix. Bon, j'ai pris le meilleur, mais regarde, celui-là il est pas mal, non ? En plus, c'est un poney, il est plus à ta taille. Puis il a plus de tête, ça sera plus simple pour toi.
– Je… Bon sang…
– Allez, allez, c'est pas possible ça, t'es une limace toi ! T'avises pas de revomir ici, sinon j'te jure que j'pars sans toi, on est déjà à la bourre. Oui voilà, enfile-le bien. Parfait, tu vois, il est pile à ta taille, qu'est-que je disais ? Héhé j'ai l'œil pour les canassons, moi. Voilà, referme-le bien. Maintenant, on va mettre l'équipement et tu verras que ça va tout changer.
– Putain…
– Héhé t'es un vulgaire en vrai toi, j'en étais sûr ! On va bien s'entendre, mon p'tit chou. Ouais je sais, c'est galère à manœuvrer quand c'est mort, mais une fois que t'auras le casque et le carquois, le machin va s'activer et tu verras comme ton cheval sera tout confort.
– Le machin ? Quel machin ?
– Bah le truc, là, la magie, je sais plus comment qu'ils appellent ça. Voilà, enfile ton casque, bon, il est un peu grand pour toi mais ça ira, t'inquiète. Tiens, le carquois.
– C'est hyper grand !
– Ouais bon ok mais t'avais qu'à pas être un gringalet pareil, aussi. Sérieux, ils vous font pas faire de la muscu à l'école ?
– Ben… si… Mais regarde, j'ai des muscles !
– Ça ? Hahahaha. Un biceps de moineau, tu parles. Mate le mien, c'est autre chose quand même.
– Mais t'as deux cents ans de métier, aussi.
– Ouais bon, et t'auras la même chose si tu fais tout ce que j'te dis, ok ?
– Ok.
– C'est bon, ton cheval s'est activé ?
– Ouah ! Euh, je crois que oui…
– Ouais, le mien aussi. Ça fait de l'effet la première fois, hein ! Héhé. Sont autrement plus maniables comme ça. C'est bon, t'es bien dedans ? Il est bien ajusté ?
– J'ai l'impression d'être tout nu.
– Effet secondaire, vu que hé, mec, t'es tout nu et le cheval aussi, ça fait des hybrides nus, voilà, qu'est-ce que tu veux que j'te dise. Par contre, quand t'es en centaure, évite de bander devant les séraphines qu'on va croiser après, parce que là j'te jure que ça s'verra direct.
– Euh… d'accord…
– Putain j'me suis dégoté un percheron, ça pète la classe une fois qu'il est remis d'aplomb. Quand elles vont me voir comme ça, j'te dis pas, 'vont se pâmer d'envie.
– Pfff… si j'avais su j'aurais pris autre chose qu'une espèce de poney gris…
– T'inquiète gamin, c'est le métier qui rentre, t'apprendras à faire les bons choix à partir de demain.
– Ouais d'accord. Et après, on doit faire quoi ?
[...]
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