Pour un’jolie fille j’ai failli me foutre à l’eau

Sans savoir nager j’me s’rai jeté dans l’grand bain.

C’était un’fille sympa qui faisait du vélo

Au lieu d’me fout’à l’eau je m’suis mis aux vins.

Aux vins fins d’la Gironde, aux vins de bordeaux,

Jamais je ne crache, jamais je n’me restreins,

Jamais je m' détourne d’un vieux château Margaux,

D’un Moulis ou d’un Médoc, d’un grav’, d’un St Julien.

J’ai fait mon tour de France avec mon p’tit vélo,

Passant par la Bourgogne, par Beaune, par Chambertin,

Je fis une étape remarquée à Vougeot,

On m’a vu remplir mes bidons de Pass’tout-grain.

Dans tous les tours de France y’a un jour de repos,

On n’peut pas passer son temps à s’casser les reins,

Mon jour de r’pos c’était en alsace dans les pinots,

Gewurzt’, Riesling, muscat et même le vin du Rhin !

Je suis r’parti avec mon dossard sur le dos,

Traversé le Jura à l’Arbois Pupillin

Et au château-Châlon puisqu’ils ont un château,

J’ai dormi à la belle « Etoile » au Savagnin.

J’ai tracé vers la côte en y allant mollo,

Côte-rôtie, Hermitage, une sieste à Tricastin,

Je me suis tapé le Ventoux sans mon vélo,

Châteauneuf, saint Joseph, hips ! J’crois que j’ai pris l’train !

Remis en selle vers la Provence et ses coteaux,

J’ai fait la connaissance de nouveaux bons copains :

Bandol, Cassis, Palette, Bellet, rien que « du Baux »,

Je titubais un peu mon vélo à la main.

J’n’ai pas connu la Corse et son Patrimonio,

C’est dommage mais mon p’tit tour touchait à sa fin.

Arrivée aux Champs-E lysées quel populo !

J’allais goûter enfin au nectar parisien.

Mais point de vin de Montmartre, pas un tonneau,

Des clos st Hilaire ou Garlande et Bruneau, plus rien !

Alors dans la Seine j’ai jeté mon vélo

Et en gare d’Austerlitz, ben… j’ai repris le train !

Y’aura peut-être un’ fille du côté de Bordeaux

Un’ fille qui me fera passer le goût du vin…

Un’jolie fille sympa qui va me r’mettre à l’eau…

Com’les bateaux qui voguent vers les pays lointains.