I

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Je me dirige vers le bar de l'hôtel. Je ne sortirai pas, ce soir. Il fait orageux et, dans ces conditions, Djakarta est difficilement supportable pour un Européen, même vêtu comme je le suis d'un simple chino ajusté et d'un tee-shirt à manches courtes bien moulant. J'aime cette tenue, elle met mes avantages en valeur : mes beaux biceps, mes pectoraux rebondis, mes cuisses puissantes, mon cul pommé et musclé, mon service trois pièces de fort belle taille.

Je me perche sur un tabouret et demande un Perrier rondelle. J'ai quitté ma chambre pour trouver de la compagnie et je regarde autour de moi.

Une belle femme de quarante ans, aux courbes voluptueuses, lisant un livre avec des lunettes demi-lune, son verre oublié à côté d'elle. Appétissante. Bandante, même, si j'en crois ma queue. J'attends un peu, l’observant. Une main fine remet une mèche de cheveux derrière une jolie oreille bien ourlée et le geste, inconscient, est tellement gracieux et… sensuel que ma queue me fait signe que c'est la bonne. Pourquoi pas ?

Je repose mon verre pour me lever et un homme se dirige vers elle avec un sourire. Comme s'il l'avait appelée, elle lève les yeux vers lui en fermant son livre et en lui souriant.

Ah, déjà prise. Mais peut-être seraient-ils intéressés par un plan à trois ? Ah non, je ne pense pas. La main qui se pose sur une jolie fesse est possessive. Monsieur ne partage pas. Et si elle n'avait pas eu l'air d'apprécier ça, je serai sans aucun doute intervenu. Bon, tant pis.

Entre une très jeune femme, la vingtaine, qui promène sur le bar un regard prédateur. Sa tenue est plutôt classe, mais il y a un petit trop à chaque fois : jupe trop courte, coiffure trop apprêtée, yeux trop maquillés, bouche trop grande. Bonne pour une pipe. Une pute.

Le barman me regarde, sourcil à peine levé, je fais une subtile grimace. Il fusille la pute du regard et, avec un geste un peu maniéré, effleure le dos de ma main. Je lève à peine un doigt, semblant pourchasser sa main.

La pute tourne les talons. Message reçu. Le beau mec assis au bar est pédé.

Il y a deux autres femmes au bar, assises dans des fauteuils club. Elles, ce qu’elles boivent, c’est du sérieux. Je peux sentir le gin d’ici. Elles sont plus âgées, l’une est ronde, l’autre un peu sèche. Je me détourne vers le barman, demande un autre Perrier rondelle.

J’utilise le miroir du bar, que j’aperçois entre deux bouteilles, pour observer les deux rombières. Il y a une familiarité entre elles qui me turlupine. Ou turluqueute, au choix. Lesbiennes ? Non, je ne pense pas. Très bonnes amies, oui. Ah, un regard vers mon cul. Hmm… Intéressant. Un visage à peine tourné vers son amie, un deuxième regard. Je me redresse, m’étire et mon tee-shirt moule les muscles de mon dos. Deux langues sur des lèvres maquillées. Intéressant. Elles me boufferaient bien tout cru, ces deux-là. Et ensemble. Pourquoi pas ? Je n’ai qu’une queue et qu’une bouche, mais j’ai deux mains et de l’imagination.

Puis entre un jeune homme, entre vingt-cinq et trente ans. Un local. Il est beau. Une allure de prince, des vêtements qui, de loin, donnent l’illusion de l’élégance. Mais c’est du polyester, pas de la soie. Malgré tout, il est élégant. Fin. Presque gracile. Le type parfait du minet. Avec juste assez de musculature et d’épaules pour plaire aux femmes qui cherchent un mâle et juste assez de finesse pour plaire aux hommes qui cherchent un joli petit cul.

Il s’approche du bar, se perche à côté de moi, laissant entre nous un seul tabouret. Lui aussi boit un Perrier rondelle. Lui aussi est une pute. Un gigolo. Un joli petit lot.

Ma queue est d’accord. Mais ces derniers temps j’ai eu une vie de moine, alors elle n’est pas trop difficile, en ce moment. Après tout, elle n’a rejeté que la pute en jupe.

Je capte son regard dans le miroir, je souris à son reflet. Dans ses yeux très noirs, je vois une invitation. Je me lève, m’approche de lui. Il me glisse un regard en coulisse. Je souris un peu.

- Actif ou passif ?

- Ça dépend de ce que vous voulez.

- Ça dépend aussi de ce que tu veux.

- Qu’est-ce que vous offrez ?

- De la patience, de l’endurance, une période réfractaire de quelques minutes et une grosse queue.

Je frotte à peine mon entrejambe, déjà un peu à l’étroit dans mon pantalon, contre sa cuisse. Il baisse les yeux. Du coin de l’œil, je le vois se lécher les lèvres.

- C’est 500.

- 500 quoi ? Roupies, dollars, euros ?

- Euros.

- Carrément. Je n’ai jamais payé pour baiser, je ne vais pas commencer maintenant.

- Alors allez-vous faire foutre.

- J’aimerai bien, mais tu ne veux pas. Et je suis plutôt actif.

Il fait chier. J’ai envie de lui.

- Je te propose un deal.

Il lève un sourcil.

- Tu montes dans ma piaule, je te baise, tu passes la nuit dans mon pieu et je te rebaise au matin. Et si tu es satisfait, je ne te paye pas.

- Et si je ne suis pas satisfait ?

- Tu le seras.

- Un peu vantard, non ?

- Pas si c’est la vérité. Aucun de mes amants ou maîtresses ne s’est plaint.

- Bi ?

- Pan.

Je sais, la différence est subtile. Mais je ne suis pas difficile. Tant que c’est consenti.

Je me tourne vers le barman le temps que le minet réfléchisse et je lui demande la note. Il me connaît, depuis le temps que je viens ici. Je ne l’ai jamais sauté, mais il connaît mes goûts, à force de m’avoir vu lever minettes et minets. C’est pour ça qu’il m’a aidé avec la pute. Il n’a pas besoin de demander ma clef, non plus. Mais on me réserve toujours le penthouse quand je viens ici. Et sa clef est très particulière. C’est un morceau d’ambre, de la taille d’un doigt, gravé sur trois côtés pour servir de clef et sur le quatrième d’un P relevé à l’or fin. Elle est unique. Le jeune homme la suit du regard quand je la tends au barman qui l’utilise pour mettre nos trois boissons sur ma chambre.

- Alors, tu me suis ?

Il se lève et m’emboîte le pas. Il bande, lui aussi. J’ai un sourire en coin. Gagné.

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