Gigi Fro AKA : Tisane Camomille - "Rallye"

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Nous voilà partis, chacun avec son levier, boitant dans la neige qui commence à fondre. Mais quelle idée débile vraiment ! Fallait pas arracher le levier de la boîte de vitesses, bordel ! Maintenant on est tous comme des cons à marcher sur la neige fondante.

C'était l'idée de Tom de participer à un rallye de coccinelles, les célèbres voiturettes Volkswagen. J'ai demandé la Cox jaune canari de mon voisin de 87 ans, acheté un walkie talkie au magasin des jouets et voilà, j'étais prêt pour participer au rallye.

Tom était mon copilote et il échangeait par radio des informations avec les autres participants. Des blagues salaces, la météo ou des informations sur l'état de la route, d'éventuels obstacles, etc.

Nous étions largement devant les autres et l'on s'amusait comme des fous. C'est alors que la balle de tennis qui couvrait le bout du levier de vitesses s'arracha et je découvris soudain un scorpion à l'intérieur !

Un pommeau avec un scorpion conservé dans de la résine transparente. J'ai hurlé de surprise, mais je n'aurais jamais pu prévoir la réaction de Tom, qui avait une peur mortelle de ces bestioles. Il se mit à crier et à demander de lui arracher ça du levier de vitesses tout en me donnant des coups de pieds.

C'est ainsi que d'un bon coup de karaté, Tom défonça le maigre levier de vitesses traffiqué par mon voisin de 87 ans. La tige s'arracha, on perdit le contrôle de la voiture et on fit une sacré sortie de route pour terminer dans un champ enneigé. L'ensemble de tarés qui nous suivaient de près crurent qu'il s'agissait d'une étape et vinrent s'enfoncer avec leurs voitures dans le champ et arrachèrent à leur tour leur foutue levier de vitesses. Quelle bande de nazes !

Après le dîner, vers deux heures, chacun regagna son poste d'observation. Ben ouais, que croyiez-vous ? Qu'au XXIe siècle on n'a plus de loups, ours ou autres bestioles dans nos campagnes ? Franchement, on n'avait pas envie de le découvrir. Donc, après notre festin de barres de céréales - notre dîner, quoi ! - nous tirâmes à la courte paille pour que quelques guignols montent la garde pendant que les autres se reposaient. Hormis nos radios qui ne captaient que nos canaux, nos portables ne fonctionnaient pas. On aurait dit que la dernière antenne avait été détruite ou qu'elle était très, très, très loin de nous. Sacrées montagnes, dans cette cuvette, les ondes de la civilisation n'arrivent pas à franchir la rocaille.

Le changeant mois de mars était arrivé, et avec lui l'enivrement du printemps, joyeux pour les jeunes, mélancolique pour ceux qui déclinent. Non, mais putain, qu'est-ce qui lui arrive à Tom ? C'est pile notre tour de roupiller et il se met à lire son bouquin trouvé dans la boîte aux livres du dernier bled paumé qu'on a traversé. Ferme-là, Tom ! en plus c'était ton idée cette escapade à la con. On va faire quoi maintenant ? Demain ce sera atelier mécano, on va essayer de recoller ces leviers arrachés. Heureusement que les Cox c'est de la bonne mécanique facile. On devra pouvoir s'en sortir. Mais d'abord, je dors ! Car je vous signale que c'est moi qui tenait le volant.

La peur les tenait recroquevillés silencieusement à leur place ; chacun semblait pressentir que quelque chose de terrible allait survenir. Et je me marrais des guignols qui faisaient le guet pendant la nuit. J'ai voulu foutre la trouille à tout le monde et je me suis mise à aboyer comme un chien. Pas du "wouarf, wouarf" à la con. Non. Moi, je sais parler le chien. Le vrai. Je vous jure, quand j'aboie, les chiens accourent à moi. Je ne sais pas ce que je leur raconte, faut pas charrier, je suis bon en accent, mais pas en compréhension.

J'ai lancé ma sérénade d'aboiements. Ceux qui faisaient le guet ont carrément chié dans leur froc et tous les autres se sont révéillés apeurés. Je me suis mis à rire comme un taré et les autres aussi. Pas besoin de bière pour rigoler ! Denis a même sacrifié son dernier paquet de clopes pour que l'on fume une dernière taffe et profiter de la nuit.

C'est alors qu'on a entendit des aboiements dans le lointain. Des vrais.

On s'es tous regardés comme des cons et on s'est tous enfermés dans les 2 Cox les plus proches. On était entassés à six dans chacune. Personne n'a osé s'éloigner du groupe pour regagner leur bagnole. Dans l'agitation de la peur, le silence regna soudainement. On entendait à peine nos respirations respectives. Un nouvel aboiement se fit entendre. Plus proche cette fois-ci.

Tom a eu l'idée stupide d'allumer les phares, histoire de faire fuir la bête. Mais ce que la lumière refléta dépassait toutes nos craintes. Il s'agissait d'une affreuse créature, mi-loup, mi-humain. Il nous fixait de ses yeux rouges. Plus personne dans la bagnole ne réagissait à part moi. Alors, moi franchement, je me suis dit qu'il faut faire comme les gosses : cacher la chose pour ne plus la voir. J'ai demandé à Tom d'éteindre ces putains phares, mais il ne bougea pas.

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