Chapitre 9 : La première fois

12 minutes de lecture

Ally

Cela devenait plus difficile pour moi de voir Stair en-dehors des concerts du samedi soir. J'étais en pleine période d'examens et de révisions et je devais vraiment me concentrer dessus : échouer signifierait tout simplement que je ne pourrais pas intégrer l'école d'infirmières. Stair comprenait bien cela, du moins, ce fut mon sentiment.

C'était exceptionnellement un vendredi soir qu'ils jouèrent dans un pub à Bury, à l'extérieur de Manchester. Stair était passé me chercher dès la fin des cours. J'étais la seule de la bande à assister ce soir-là au concert. Ils installèrent leur matériel, désormais rodés. On voyait qu'ils ne perdaient pas de temps à sortir les affaires de la camionnette, à faire les branchements. Le plus long était d'installer la batterie de Lynn - ils commençaient d'ailleurs par cela. Ensuite, il fallait faire les réglages. Puis ils pouvaient en général se poser durant une petite heure, parfois un peu moins. Ils en profitaient pour boire une bière et manger. Ce soir-là, je pris place avec eux.

A la fin du concert, Stair avait le sourire. Il était heureux de leur prestation, les autres aussi. Le pub avait fait le plein, la bière avait coulé à flots et comme ils touchaient leur cachet en fonction des ventes de ce soir-là, cela augurait bien. Stair n'attendit cependant pas la fermeture : il ne voulait pas me ramener trop tard. Lynn se chargerait de récupérer son cachet.

En montant dans la voiture, Stair ne démarra pas tout de suite, il me prit contre lui, m'embrassa longuement, me câlina un peu. J'étais bien. Il m'avait manqué. Cela faisait trois semaines qu'on ne se voyait que le samedi, et ce n'était pas facile à vivre, du moins pour moi. Lui... Je ne savais pas. On ne parlait pas de nos sentiments, j'avais l'impression que c'était trop tôt encore. Qu'il fallait simplement profiter. J'aurais peut-être dû lui dire ce que je ressentais pour lui, mais je craignais de lui faire peur. Alors, je me contentais de savourer ces moments que nous pouvions partager, de m'amuser et me détendre aussi pendant les concerts - c'étaient de vraies bouffées d'oxygène pour moi en cette période scolaire chargée.

Lorsque Stair rompit notre baiser, il m'embrassa dans le cou, sa main glissa sur ma cuisse, avant de remonter jusqu'à ma taille. Puis il me murmura à l'oreille :

- Ally... J'aimerais passer la nuit avec toi.

C'était dit. Wahou. Il voulait qu'on couche ensemble. Je n'avais pas à en être surprise. Ce qui était plus surprenant était qu'il exprime cette envie seulement maintenant alors que ça faisait presque deux mois qu'on sortait ensemble et qu'on n'était plus des gamins, surtout lui. Même si Stair me plaisait vraiment, que je me sentais de plus en plus amoureuse de lui, j'étais encore prudente. Je ne voulais vraiment pas qu'il me considère comme une de ces filles légères qui tournaient autour d'eux.

Je fus cependant très émue de sa demande.

- Je... Stair...

Je passai la main sur sa joue, pour l'écarter un peu de moi et le regarder.

- Je... Je ne me sens pas prête. Pas encore...

Je vis une lueur de tristesse passer dans son regard, mais il me sourit bien vite et dit :

- Ok.

Il me ramena alors et nous restâmes encore une bonne heure dans la voiture, garés devant chez moi, à nous câliner et nous embrasser. Quand je le laissai, je fus presque hésitante à revenir sur ma décision. Je me sentais si bien avec lui ! Je fondais littéralement sous son regard si doux...

Stair

Je regardais Ally remonter la petite allée menant à l'entrée du pavillon de ses parents. Elle me fit un petit signe de la main avant de refermer la porte. Je remis le contact et repartis, rentrant chez moi. Je ressentais un inexplicable sentiment de tristesse devant son refus, même si je pouvais le comprendre. Deux mois après notre premier baiser, je ne pensais pas qu'elle aurait dit non. Est-ce qu'elle se disait que je n'étais pas assez bien pour elle ? Est-ce qu'elle l'avait déjà fait ? Si ce n'était pas le cas, je pouvais comprendre sa réticence, mais à mon avis, elle n'était pas totalement inexpérimentée.

Les filles qu'on connaissait, les frangines de nos potes, les voisines, toutes ces filles du quartier, n'auraient pas réagi comme Ally. Je n'en connaissais aucune qui aurait dit "non", ou comme Ally "je ne me sens pas encore prête". Soit, ce n'était pas non plus un non définitif. Je décidai de retenter à l'occasion.

Et l'occasion se présenta finalement deux semaines plus tard, après le troisième concert que l'on donna au Blue Limon. Le patron nous avait promis une autre date, dans le courant du mois de juillet. La période d'examens était achevée pour Ally et je la sentis plus détendue que ces dernières semaines. Nous ne nous étions pas beaucoup vus non plus.

Après le concert, j'aidai les autres à ranger le matériel dans la camionnette, Lynn avait les clés de l'école de musique pour l'y déposer. Il n'avait pas encore acheté sa moto - il le ferait dans le courant de l'été, après avoir complété sa batterie - et rentrerait avec Ruggy. Puis je revins dans le pub, rejoignant Ally. La majorité de ses amis étaient présents ce soir, signe qu'ils avaient toujours envie de nous écouter. Ils parlaient aussi de leur soulagement à sortir d'une période scolaire chargée. Ils attendaient maintenant plus sereinement les vacances, tout en préparant leurs dossiers d'inscriptions pour l'université ou des écoles spécialisées, comme Ally. Je n'avais pas idée de ce que cela pouvait représenter. C'était une autre façon d'envisager l'avenir, par rapport à ce que la plupart de mes amis et connaissances imaginaient pour eux-mêmes : la réalité du quotidien les avait déjà rattrapés.

Je m'assis à côté d'Ally, elle me sourit. Son regard me fit du bien. Elle appuya un instant sa tête contre mon épaule. J'en profitai pour lui glisser à l'oreille :

- Tu veux qu'on sorte un peu ? Fait bon dehors...

- D'accord, je veux bien.

Nous quittâmes le pub et nous éloignâmes un petit peu, tout en allant moins loin que le soir de notre premier baiser. Je l'enlaçai bien vite, la tenant le plus possible contre moi. Je n'avais pas remis ma veste, elle glissa juste ses bras autour de ma taille et répondit à mon baiser que je rendis bien vite assez profond. Puis nous nous regardâmes droit dans les yeux et elle me dit :

- Je veux bien rentrer avec toi ce soir, Stair.

Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Je lui souris et dis simplement :

- OK. On part quand tu veux.

On ne s'attarda pas, on récupéra nos affaires - petite veste pour elle, blouson pour moi - et mon cachet. Et je la conduisis jusque chez moi.

Ally

Il ne fallut pas beaucoup de temps, ni beaucoup de persévérance à Stair pour que j'accepte finalement, deux semaines plus tard, après un concert au Blue Limon - le troisième que le groupe y donna -, de passer la nuit avec lui. Il nous ramena chez lui. C'était un petit appartement, tout juste un studio avec un minuscule recoin cuisine et une petite salle de bain, séparée de la pièce principale, où ce qui prenait le plus de place était la douche. Il l'avait meublé avec trois fois rien, ce qui me faisait songer qu'il devait trimer pour joindre les deux bouts : je pouvais comprendre cela, ayant moi-même vu mes parents se démener pour boucler les fins de mois et plutôt deux fois qu'une.

Il avait ramené sa basse avec lui et l'accrocha avec soin à un mur. Il ne possédait pas d'ampli dans l'appartement, m'expliquant qu'il se trouvait à la salle de répétition, que ça prenait trop de place ici. Puis il me dit qu'il allait se prendre une douche, mais que si j'avais soif, il pouvait me proposer une bière ou un thé. Je répondis que ça allait, ayant déjà bu suffisamment au pub, durant le concert. Néanmoins, j'avais les idées bien claires. Alors qu'il filait à la salle de bain, je m'assis sur le lit, seul meuble qu'il possédât, en-dehors de quelques étagères fixées dans la partie cuisine. Une penderie incrustée dans le mur complétait l'ensemble et c'était là qu'il rangeait ses vêtements et surtout sa collection de t-shirts d'Iron Maiden. J'en souris en voyant les deux piles sur une étagère.

Je me relevai, m'approchai de la basse et la contemplai, pensive. Je le revoyais encore sur scène, totalement dans son jeu, en tirant des sons graves et mélodieux avec une dextérité déjà impressionnante. Je ne savais pas comment jouaient les autres bassistes, mais pour moi, il était certainement celui qui avait le jeu le plus complet et le plus abouti de tous ceux que j'avais pu voir. Certes, je le reconnaissais, je n'étais pas du tout impartiale : j'étais tout simplement amoureuse.

Je tendis la main et frôlai les cordes, puis laissai glisser mes doigts jusque sur la gravure. Le S était légèrement creusé dans le bois et formait comme une jolie volute, simple, mais identifiable à coup sûr, dès qu'on le regardait bien. Je me doutais qu'en le faisant réaliser, il avait aussi veillé à ce que cela ne change pas la sonorité de l'instrument.

J'en étais là à le contempler, quand je sentis deux mains puissantes m'entourer, se glissant autour de mon ventre. Il appuya sa joue contre ma tempe, puis déposa un baiser dans mes cheveux. Je souris.

- Elle est vraiment belle, dis-je, comme pour expliquer mon attitude et mon geste qu'il avait peut-être vu.

- Pas autant que toi, me répondit-il.

Je me tournai alors vers lui. Il était resté nu après sa douche, entourant simplement ses reins d'une serviette qui n'allait pas demeurer en place bien longtemps et qui ne cachait pas grand-chose, de toute façon. Je l'entourai à mon tour de mes bras et appuyai un instant mon visage contre son torse. S'il était grand et élancé, il était aussi assez musclé et ses abdominaux n'avaient sans doute rien à envier à ceux de Lynn : mais, ma foi, je n'avais pas du tout envie de comparer, du moins de près. Lynn était sympathique, mais beaucoup trop ténébreux à mon goût. Et puis, c'était Stair qui me faisait craquer, pas les autres.

Il remonta sa main dans mon dos, souleva mes boucles blondes pour écarter un peu mon visage et me regarder. Encore son regard si doux ! J'eus le sentiment, à cet instant, que je ne pourrais pas vivre sans ce regard et sans la douceur que je pouvais y lire. Et, pourtant, j'allais bien devoir l'apprendre. Mais j'étais encore loin de tout cela, bien entendu totalement ignorante de ce que l'avenir nous réservait. J'oubliai tout quand il m'embrassa et quand ses mains ôtèrent mes vêtements, plus rien n'eut d'importance. Lui seul comptait et je me donnai sans retenue aucune, vivant là la nuit la plus belle et la plus merveilleuse de ma jeune vie.

Stair

En sortant de la douche, je demeurai immobile sur le seuil de la pièce. Ally me tournait le dos et regardait ma basse que j'avais accrochée au mur, là où je la rangeais toujours. Ses doigts parcouraient lentement la gravure de mon initiale et je ne pus réprimer un frisson : j'imaginais déjà ces doigts sur ma peau.

Puis je m'approchai d'elle, entourai sa taille de mes mains, avant de glisser un baiser dans son cou. Ses boucles blondes caressèrent ma joue et j'en fermai un instant les yeux de bonheur. C'était léger et sensuel, tellement agréable.

- Elle est vraiment belle, dit-elle.

- Pas autant que toi, répondis-je en souriant.

Elle se tourna alors vers moi, me rendit mon étreinte et ce fut cette fois mon torse qui goûta à la douceur de ses boucles blondes. Je repris son visage entre mes mains et l'embrassai, avant de faire glisser ses vêtements l'un après l'autre. La serviette que j'avais ceinte autour de mes reins tomba bien vite et j'allongeai Ally sur le lit.

Je caressai ses joues, puis je l'embrassai avant de partir à la découverte de son corps. Je la sentais un peu hésitante et j'adoptai alors un rythme assez lent. Je ne voulais pas aller trop vite de toute façon : Ally se méritait. Je n'oubliais pas non plus sa première réaction, quand je lui avais proposé qu'on passe la nuit ensemble, deux semaines plus tôt. Son "je ne me sens pas tout à fait prête". Alors, je ne voulais pas la bousculer, bien conscient que c'était un moment important pour nous deux.

J'avais prévu le nécessaire pour nous protéger, c'était de toute façon une habitude : j'avais rarement couché plusieurs nuits avec la même fille, et même quand ça avait été le cas, j'étais toujours très vigilant. Nous l'étions tous, de toute façon. Je ne lui posai donc même pas la question de savoir si elle prenait la pilule ou pas.

Ally était vraiment jolie. Elle avait une silhouette musclée, des courbes harmonieuses, sans être trop prononcées. Je pris beaucoup de plaisir à les caresser, à savourer ses seins, son ventre, ses jambes. Et comme elle avait l'air d'apprécier, je continuai.

Notre première étreinte fut très douce et tendre. Ses doigts couraient sur ma peau avec légèreté, ses lèvres n'étaient pas en reste pour m'embrasser ou pour déposer des baisers ici et là. Sur mes épaules, mon torse, mes bras. Quand je vins en elle, elle laissa échapper un petit cri délicieux à mes oreilles, puis un long soupir qui mourut dans mon cou. Un feu brûlant s'était emparé de mes reins, mais je parvins à me contrôler pour la laisser apprécier le plus possible. Quand le plaisir l'emporta, je ne fus pas long à la rejoindre.

Nous demeurâmes un long moment enlacés, après cette première fois. Ally m'avait entouré de ses bras, de ses jambes, comme si elle s'était accrochée à moi. Un léger sourire éclairait son visage, alors qu'elle gardait les yeux fermés. Elle savourait.

Et moi aussi.

**

Nous dormîmes peu, nous câlinant beaucoup, nous picorant l'un l'autre de baisers doux et chauds, savourant la peau de l'autre sous nos doigts, échangeant parfois quelques mots, quelques rires complices ou partageant quelques soupirs à l'unisson.

Nous traînâmes au lit un bon moment, jusqu'en milieu de matinée. Avec le jour levant, Ally s'était amusée à dessiner mon tatouage. C'était très agréable. Elle avait une façon bien à elle de l'effleurer, puis de souligner d'un appui légèrement plus prononcé les petits points qui figuraient son corps. La tête de l'animal se trouvait sur l'arrondi de mon biceps, ses pattes de chaque côté et la queue s'achevait sur mon avant-bras, après le creux du coude. Le tatouage était vraiment tourné vers l'intérieur, il fallait que je déplie mon bras pour le montrer dans son ensemble.

- Qu'est-ce qu'il représente, ton tatouage ? me demanda Ally. On dirait un petit animal...

- C'est une salamandre stylisée. Je l'ai choisie car j'aimais bien le dessin, je voulais un tatouage sur le bras, qui soit assez grand quand même tout en étant discret puisque je voulais qu'il soit à l'intérieur de mon bras. Je l'ai fait récemment, en même temps que Lynn faisait faire son dragon. Sauf que pour lui, ça a pris du temps, en particulier à cause des couleurs.

- Je l'aime bien le tien. Je le trouve original et beau. Vraiment différent de ce qu'on peut voir parfois, sur les bras des musiciens ou même de personnes connues.

Et, à l'image de ce qu'elle avait fait sur la basse, elle laissa glisser ses doigts sur les formes du tatouage.

- Tu en feras d'autres ? me demanda-t-elle encore.

- Peut-être. Je sais pas. Il faut bien réfléchir avant d'en faire un, savoir ce que l'on veut vraiment. Celui de Lynn est superbe, mais je m'vois pas porter ce genre-là. J'aime bien ceux de Snoog, en revanche. Ils sont un peu comme le mien, stylisés. Mais Snoog a d'la culture aussi, il a pas choisi n'importe quoi. Moi, j'aimais bien l'idée d'un animal, même imagé.

- Hum, je comprends.

- Et toi, t'aurais envie d'en avoir un ? lui demandai-je à mon tour, curieux de son avis et de sa réaction.

- Oh non ! Je suis trop douillette ! s'exclama-t-elle en rigolant.

Nous rîmes ensemble, puis je l'embrassai avant de faire courir à nouveau mes mains sur tout son corps, réveillant notre désir.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire Pom&pomme ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0