Chapitre 11 :  Monumentale connerie

5 minutes de lecture

Stair

C'était trois jours avant ce fameux concert qu'on avait en ligne de mire depuis un mois et demi. Depuis que Snoog avait réussi à fédérer deux autres groupes autour de ce projet. Il connaissait bien les musiciens de l'un des groupes et avait lancé l'idée. En s'organisant ainsi, on pouvait prétendre à louer une vraie petite salle de concert. C'était abordable à trois, cela ne l'aurait pas été pour aucun d'entre nous, seul.

Ce groupe que connaissait assez bien Snoog jouait essentiellement des reprises de rock et de hard-rock. Quelques tubes d'AC/DC, de Muse, de U2 et même un morceau de Police. Il ne faisait aucune reprise d'Iron Maiden ou de Motörhead, le bassiste ne se sentant pas du tout capable de jouer un de leurs morceaux, que ce soit à la façon de Steve Harris ou à celle de Lemmy. L'autre groupe jouait ses propres compositions, dans un style très rock.

Nous étions donc à fond pour répéter. Nos deux nouveaux morceaux étaient plutôt au point, même si Ruggy se sentait encore un peu juste sur l'un et que Snoog estimait que lui-même pouvait faire mieux sur l'autre. Mais on convenait tous les quatre qu'on pouvait les présenter à cette occasion.

Quant à la reprise de Metallica, personnellement, je n'étais pas convaincu. Mais Ruggy y tenait, donc on avait décidé de la garder. Ce serait notre seule reprise. On pourrait toujours y renoncer au dernier moment, c'était ce que nous étions convenus tous les quatre.

Trois jours avant le concert, Ruggy me demanda si je pouvais lui filer un coup de main pour une livraison en-dehors de Manchester. Il devait déposer de l'électroménager encombrant et un peu lourd chez une famille, et tout seul, ce serait compliqué pour lui. J'acceptai sans hésitation. Une fois la livraison faite, il me proposa d'aller dans un pub pour manger un morceau et boire une bière.

On se retrouva donc tous les deux, dans un pub que Ruggy fréquentait depuis quelques semaines. J'ignorais totalement qu'il y venait parce qu'il avait repéré qu'une fille qui lui plaisait fréquentait aussi cet endroit. La fille en question s'appelait Maggie et elle ne m'était pas inconnue : je l'avais souvent vue avec plusieurs de nos copains. Disons qu'elle faisait partie de notre entourage. Je n'avais aucune opinion particulière concernant cette fille.

Ca allait bien changer par la suite, mais j'en étais encore loin...

**

Avec Ruggy, nous parlâmes beaucoup du concert à venir, de nos morceaux. Il avait souvent besoin d'encouragements, de précisions. Il se débrouillait bien, mais manquait d'assurance et de confiance en lui. Pour qui le connaissait peu, ça pouvait surprendre avec son physique, ses tatouages, ses vêtements toujours noirs. Il portait essentiellement des t-shirts à l'effigie de Metallica. C'était son groupe fétiche.

L'heure tournait, le pub commençait à se remplir. On avait déjà bien bu lorsque Maggie arriva. Ruggy l'invita direct à venir boire un verre avec nous. Et on reprit une pinte. Heureusement qu'on avait mangé. Maggie voulut prolonger la soirée, elle nous invita chez elle, avec l'argument qu'elle avait récupéré une herbe sympa. Ruggy était très tenté - et à mon avis, il espérait bien conclure avec elle. J'étais moins enthousiaste, mais Ruggy avait bu plus que moi et je me disais que ce n'était pas sérieux de le laisser prendre le volant. Ce fut donc moi qui conduisis jusque chez Maggie. Elle n'habitait pas très loin. Son immeuble était à peu près aussi décrépi que celui où je vivais. En revanche, son appartement était plus grand, avec un salon-cuisine et une chambre séparée.

On prit place dans les fauteuils, Ruggy et moi face à face. Elle apporta des bières. Elle était bien foutue, comme nana, assez grande, voluptueuse. Elle ne cessait de passer et de repasser devant nous, jouant des jambes, des fesses et des seins. Et poussant de grands éclats de rire dès que Ruggy disait une connerie. Et il en dit beaucoup ce soir-là. Lui était de plus en plus allumé. Moi, je commençais à perdre pied. Pas de quoi en être fier.

Puis elle s'assit à côté de Ruggy, prépara un premier joint avec sa fameuse herbe. L'odeur était agréable, bien qu'un peu plus forte que celle que je fumais d'habitude. On fit passer le pétard. A la deuxième taf, je commençai à en sentir l'effet. Ruggy décolla à la troisième et s'endormit aussitôt, vaincu par l'herbe et l'alcool. Et il se mit à ronfler comme un cheval.

Maggie rit à l'entendre, j'en souris aussi. Elle avait le pétard à la main, tira une taf puis se leva pour me l'apporter. Elle tomba sur moi, je la rattrapai mollement. Elle me fixa droit dans les yeux. Mais je n'étais plus en capacité d'estimer ce que ce regard avait de dangereux. Puis, sans me quitter des yeux, elle se laissa glisser entre mes jambes et commença à m'entreprendre sérieusement. J'avais pris le joint pour éviter qu'il ne tombe sur le sol ou sur l'accoudoir du fauteuil et le portai à mes lèvres.

Et ce fut un putain de moment d'extase comme j'en avais rarement connu. Entre l'effet de la troisième bouffée et Maggie qui me taillait une pipe du tonnerre. J'eus une vague pensée pour Ally, mais j'avais l'esprit tellement embrumé que je la laissai faire. Que je me laissai faire.

Fatale erreur.

**

Ce fut la sonnerie de mon téléphone qui me tira du sommeil profond dans lequel j'avais plongé. C'était l'alarme que je mettais pour me lever le matin, à 4h, pour partir bosser. J'avais un mal de crâne carabiné, une haleine de rat mort, le regard flou. Mes jeans étaient ratatinés sur mes chevilles, le caleçon au milieu. Et je pensai : "putain le tableau...".

Pas de traces de Ruggy, ni de Maggie autour de moi. Je remontai mes affaires et sortis de l'appartement sans chercher plus loin. J'attrapai un bus et arrivai au boulot, pas franchement frais. Dans le petit local dont nous disposions, je pris le temps de me préparer un bon thé. Puis j'entamai ma journée.

A midi, j'avais terminé. J'envoyai un message à Lynn pour le prévenir que je passais chez moi avant de me rendre à l'école de musique, que j'avais besoin d'une sieste. Je commençai par une douche, puis m'écroulai sur mon lit. Je dormis deux heures, ça me fit du bien. Puis je me préparai un rapide repas qui acheva de me remettre la tête à l'endroit.

Je n'étais franchement pas fier de ce qui s'était passé la veille, mais j'oubliai tout cela le temps de la répétition. Ruggy n'avait pas l'air d'avoir mal vécu sa nuit, mais je ne lui posai aucune question et il n'y fit pas plus allusion. Il n'avait sans doute rien vu de ce que Maggie et moi avions fait. Et c'était tant mieux. Je ne le voyais pas, de toute façon, raconter cela à Ally.

Et j'espérais encore que ça resterait une erreur de parcours.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Pom&pomme ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0