Chapitre 12 : Rupture

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Ally

Il y avait déjà foule quand j'arrivai. J'avais fait du baby-sitting cet après-midi et je m'étais rendue directement à la salle de concert, une fois mon travail terminé. J'avais convenu avec mes amis de les y retrouver.

Depuis notre dernière conversation téléphonique, entre Stair et moi, nous n'avions échangé que des sms. Il m'avait envoyé un message pour que je souhaite de sa part un bon anniversaire à ma mère. Le dernier sms datait du matin-même, dans lequel il me disait qu'on se retrouverait au concert. J'avais juste répondu oui, lui rappelant cependant que j'arriverais sans doute peu de temps avant que les musiciens montent sur scène.

Je ne connaissais pas les deux autres groupes, j'avais juste entendu parler - en bien - de celui qui faisait des reprises. Plusieurs de mes amis avaient eu l'occasion de les voir jouer, pas moi. Ces derniers temps, j'étais plutôt abonnée aux concerts des Dark Angels, il fallait bien le reconnaître.

S'il y avait du monde à l'extérieur de la petite salle, il y en avait aussi déjà beaucoup à l'intérieur. Le concert s'annonçait comme une réussite, au moins pour le nombre de personnes présentes. J'entrai, cherchant des yeux soit mes amis, soit Stair. Je commençai par faire le tour par le fond de la salle, lentement, tout en regardant de tous les côtés. J'entendis soudain un grand rire que j'identifiai sans peine : c'était Snoog. Me guidant alors, je fis quelques pas, puis j'aperçus Stair. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Il m'avait tellement manqué... J'avais hâte de pouvoir le retrouver et tentai de me frayer un chemin à travers le public.

Alors que je ne me trouvais plus très loin des Dark Angels, je me figeai soudain. Mon sang devint comme de la glace, mon cœur cessa de battre. Une fille, une blondasse haut perchée, était en train d'attraper Stair par les revers de son blouson, de l'amener à se pencher vers elle et...

Et de l'embrasser !

Tout un groupe passa alors devant moi, comme pour refermer une fenêtre, et je ne vis rien de la suite. Je n'en avais de toute façon pas envie. Je fus prise d'un violent haut-le-cœur, au point de craindre de me sentir très mal.

Je parvins à gagner la sortie, sans bien savoir comment j'avais fait. Je m'éloignai au plus vite de la salle et des derniers spectateurs qui se pressaient maintenant pour entrer : le concert n'allait pas tarder, le groupe qui jouait les reprises laissait déjà entendre ses premières notes. Je m'arrêtai sous un abribus et me laissai tomber sur le banc. Mes jambes n'auraient pas pu me porter plus loin. Je tremblais de la tête aux pieds.

Je laissai passer plusieurs bus, totalement tétanisée, puis je réussis à monter dans un. Après deux changements, j'arrivai chez moi. La maison était vide, mes parents avaient prévu d'emmener mon frère et ma sœur au cinéma ce soir. Je gagnai aussitôt ma chambre, bien contente de pouvoir en profiter seule, et m'écroulai sur mon lit en pleurant. J'étais parvenue à retenir mes larmes, mais une fois dans mon cocon, je craquai.

**

Ce fut un premier bip de mon téléphone qui me tira un peu de mon chagrin. C'était une de mes amies qui me demandait où j'étais. Le concert était terminé et ils s'inquiétaient de ne pas me voir. Elle ajouta également que ne me voyant pas avec Stair, elle se demandait si j'avais pu venir. Je lui répondis simplement que j'étais chez moi.

Alors que j'envoyais mon message, le téléphone sonna. Cette fois, c'était Stair.

- Ally ? T'es où ? Je te vois pas...

Je pris une profonde inspiration, avant de hurler :

- Tu crois que je suis où, hein ? Après ce que j'ai vu tout à l'heure, j'ai franchement pas eu envie de rester ! Tu peux aller te faire foutre avec ta blondasse !

- Ally ! Merde ? Tu fais quoi, là ?

- Me dis pas que t'as été pris par surprise, hein ? J'ai bien vu cette fille se pendre à ton cou...

Il garda le silence. Puis ce fut un laconique :

- Désolé, Ally. Je...

Puis ce fut tout.

Je raccrochai et fondis à nouveau en larmes. Un deuxième message arriva peut-être un quart d'heure environ après l'appel de Stair.

Désolé, Ally. Je voulais pas.

Triste et en colère, je lui répondis :

Moi aussi, je suis désolée. C'est terminé. Faut pas me prendre pour une conne.

Et je coupai le téléphone.

Stair

J'avais beau tourner les éléments dans ma tête dans tous les sens, je n'arrivais pas à comprendre ce qui s'était passé. La journée avait bien commencé, le concert s'était bien déroulé, puis tout était parti en vrac. Déjà, je n'avais pas compris pourquoi Maggie m'avait sauté dessus. Je l'avais aussitôt repoussée, ce qui l'avait juste fait éclater de rire. Son "On en reparlera, beau brun !" m'avais hérissé le poil.

J'avais cherché Ally autant que possible avant le concert, mais je ne l'avais pas vue. Elle m'avait dit qu'elle arriverait peut-être tout juste avant que ça ne débute, car elle devait terminer le baby-sitting pour 18h30. Le temps de venir jusqu'à la salle... Mais j'espérais quand même la voir avant que ça ne commence. Puis nous nous étions concentrés sur la prestation du premier groupe. Nous passions en deuxième. Je n'avais pas eu le temps non plus, durant les deux entractes, de la chercher : nous devions lors du premier installer notre propre matériel, puis lors du second, le ranger et le charger dans la camionnette. Nous étions restés pour écouter le dernier groupe, pas peu fiers au final d'être celui qui avait rencontré le plus de succès. Nous avions ensuite aidé les musiciens du dernier groupe à ranger, puis nous avions bu une pinte tous ensemble, histoire de marquer la réussite de cette soirée. Nous nous étions promis de remettre cela à l'occasion : le public avait répondu présent et cela avait ouvert aux trois groupes un plus large horizon. Ceux qui étaient venus pour les uns avaient ainsi pu découvrir - et apprécier - les autres. C'était vraiment tout bénéf.

Je ne m'étais cependant pas attardé avec les autres musiciens, me remettant à la recherche d'Ally. J'avais croisé deux de ses amis qui m'avaient confirmé ne pas l'avoir vue. Je commençai à m'inquiéter, espérant qu'elle n'avait pas eu un souci. Je lui passai donc un coup de fil.

Et là, ce fut la claque.

**

Tout ce que je parvins à comprendre, c'était qu'elle avait vu Maggie m'embrasser. Mais j'avais aussitôt repoussé cette dernière, je ne comprenais pas pourquoi Ally faisait une scène. A moins qu'elle n'ait pas vu mon geste... Ca me prenait la tête.

Je rentrai chez moi sans en parler, après avoir déposé notre matériel à l'école de musique. Ruggy s'était bien gardé de faire remarquer que, cette fois, j'étais avec eux pour les aider. Je pris une douche, puis je m'écroulai sur mon lit, le téléphone à la main. Je tentai de rappeler Ally, espérant qu'après un petit moment elle soit plus disposée à parler. Mais je tombais à chaque fois sur le répondeur. Je lui laissai un message, lui disant que je voulais qu'on se parle.

Seul le silence me répondit. Je supposai alors qu'elle dormait et je me dis que tout s'arrangerait le lendemain. Puis, comme je ne trouvais pas le sommeil, je pris ma basse et jouai un peu. Je m'endormis ainsi.

Au réveil, ce n'était pas Ally qui était dans mes bras, mais ma basse.

Et il allait en être ainsi durant de longs mois.

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