Chapitre 27 : Ce truc plus chaud

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Stair

Quand nous arrivâmes à l'appartement, j'hésitai un instant, puis je pris Ally dans mes bras et l'embrassai. Retrouver la douceur de ses lèvres était plus que du bonheur. J'en profitai longuement, savourant ce baiser comme si j'avais goûté au plus délicieux des fruits. Ally se laissa ensuite aller contre moi et j'espérai alors qu'elle ressentirait ce que je disais à la fin de la chanson. Qu'elle y touverait le repos. Et que, déjà, elle y trouvait ce truc plus chaud.

L'amour.

Après l'avoir gardée un long moment contre moi, je lui murmurai à l'oreille :

- Faut qu'j'me douche... Tu la prends avec moi ?

Elle acquiesça et nous rejoignîmes la salle de bain. Là, je la déshabillai, retrouvant avec joie chaque courbe de son corps, la redécouvrant plus belle encore que dans mon souvenir. Nous restâmes un long moment sous l'eau, et je fus incapable de dire si les gouttes qui ruisselaient sur nos visages étaient ou non des larmes. Puis je l'entraînai, à peine essuyés, vers la chambre et nous basculâmes sur le lit.

Je lui fis longuement et tendrement l'amour. Un peu comme pour notre toute première étreinte. Je ne voulais pas la bousculer, mais je voulais mettre aussi dans ces moments tout ce que je ressentais, toute la force de mes sentiments. C'était nouveau pour moi, très puissant. Mais très beau aussi. Et je voulais qu'elle puisse profiter tout autant de cette puissance et de cette beauté.

Je goûtai avec un infini bonheur à tout son corps, découvrant quelque chose qui, sans doute, pouvait s'apparenter au paradis. La retrouver. Sa douceur, ses courbes délicieuses, ses parfums. Ses frissons, ses soupirs, son cri et ses larmes me bouleversèrent comme je ne l'avais jamais été. Alors que le plaisir refluait, que je la serrais encore fort contre moi, j'en pleurai aussi et mes larmes se mêlèrent aux siennes.

Ally

Je ne voulais penser à rien. J'étais de toute façon incapable de réfléchir. Et je me laissai porter par Stair, guidée par lui. Les émotions se bousculaient en moi, puis elles s'apaisèrent petit à petit, au fil de la nuit. Nous dormîmes peu, ou pas du tout. Je n'eus en tout cas pas conscience d'avoir dormi. Plutôt de m'être reposée entre ses bras. Et, peut-être, déjà, d'y avoir trouvé une des promesses de la chanson : ce truc plus chaud.

L'amour.

Je retrouvais aussi la tendresse et cette attention qu'il avait toujours eues pour moi, la façon dont il m'avait toujours, dans l'intimité, témoigné du respect. Et qui dissimulaient si bien ses propres sentiments. J'étais cependant encore incapable et surtout ignorante de mesurer tout le chemin qu'il avait dû parcourir pour réussir à les exprimer.

Nous parlâmes peu, au cours de cette nuit, nous contentant de quelques mots, profitant surtout de retrouver cette chaleur qui nous avait tant manqué, à l'un comme à l'autre.

Sur le petit matin, toujours blottie entre ses bras et totalement incapable de vouloir être ailleurs, je caressai doucement sa salamandre. Elle aussi, j'étais heureuse de la retrouver et je me rendis compte qu'elle m'avait beaucoup manqué.

Alors que mon doigt s'était arrêté sur le bout d'une de ses pattes, il me souffla :

- Continue, Ally.

Alors je continuai. En dessinant à nouveau les contours, puis soulignant chacun des points des pattes. Un instant, je tournai mon visage vers celui de Stair. Il avait les yeux fermés, un léger sourire sur les lèvres. J'en fus toute émue de le sentir aussi heureux. Alors je poursuivis, marquant maintenant les points du dos et de la queue de la salamandre, avant de finir par une caresse fluide pour la pointe. Sans savoir encore que j'étais la seule fille à pouvoir le toucher là.

Stair referma alors ses bras autour de moi, bascula légèrement pour que nos regards puissent plonger l'un dans l'autre. Ce que je lisais dans le sien était tellement évident ! Simple, fluide... Cela n'avait plus rien à voir avec les hésitations et atermoiements qui avaient pu être les siens autrefois. Mais ce qui ne changeait pas et qui me touchait toujours autant, c'était la douceur de son regard.

Il m'embrassa tendrement, du bout des lèvres, puis son baiser se fit plus profond, plus insistant. Mon corps réagit aussitôt, je nouai mes bras autour de son cou, ma jambe glissa le long de la sienne. Je portai à peine attention au bruit du papier qu'il déchira avant de venir en moi. Il ne mit pas fin à notre baiser pour autant et je me laissai à nouveau emporter par cette vague délicieuse qui naissait au creux de mon corps.

Jusqu'à ce qu'éclate notre plaisir en un éblouissement total.

Stair

Nous étions là, dans le petit jour levant. J'étais incapable de dire si nous avions dormi ou pas, sans doute que oui, mais je ne s'en souvenais pas. De même que je n'aurais pas su dire depuis combien de temps je caressais ainsi le poignet d'Ally. Elle finit par tourner son visage vers moi, me fixant de son beau regard clair. J'avais toujours trouvé, du premier jour où j'avais fait sa connaissance, qu'il y avait une véritable harmonie entre la couleur de son regard et celle de sa chevelure, de ces belles volutes blondes.

A son regard, je compris que l'heure était venue aussi de se parler. Et c'était à moi de le faire en premier. J'avais ce courage-là et cette force nouvelle en moi. Je déglutis cependant, puis finis par dire :

- Est-ce que... Est-ce que tu pourras me pardonner ?

- Si je ne m'en croyais pas capable, je ne serais pas là. Mais... Mais, Stair, je ne sais pas comment... Comment reprendre... tout ça.

- Je ne sais pas non plus. Je sais juste... que j'ai envie de t'avoir avec moi. D'être avec toi.

- Peut-être... qu'il ne faut pas qu'on aille trop vite.

- Peut-être... Mais tu crois qu'on peut y croire ?

Elle sourit, se blottit contre moi et me dit juste :

- Oui.

**

Je la regardais dormir. Je ne pouvais détacher mon regard de son visage dont je traçais encore et encore les contours. Elle était nichée dans mes bras et ses boucles blondes s'étaient mêlées aux miennes. Elle était toujours aussi belle et j'étais toujours aussi amoureux. Mais elle était plus sensible encore que dans mon souvenir et, même si c'était contradictoire, plus forte aussi. Je le sentais déjà.

Le jour était levé depuis longtemps, je n'avais pas envie de quitter mon lit, mais il allait bien falloir m'y résoudre : je crevais de faim. Mon dernier repas avant le concert avait été des plus légers et, d'habitude, je réussissais toujours à grignoter un truc après. Sauf que j'en avais perdu le réflexe et qu'Ally étant avec moi, j'avais eu bien autre chose en tête que remplir mon estomac. Je finis par l'abandonner en plein sommeil, réussissant à dégager mon bras sans la réveiller. Je remis soigneusement les draps sur elle, qu'elle ne prenne pas froid. J'attrapai un caleçon et filai à la cuisine. Je sortis la moitié de mon réfrigérateur au moins, me disant qu'Ally, si elle se réveillait bientôt, serait certainement contente de prendre un petit déjeuner. D'autant que midi approchait... Ouaip, ce serait un peu plus qu'un petit déjeuner.

Je préparai une montagne de toasts, un litre de thé, attrapai les deux pots de confiture entamés - l'une à l'orange et l'autre aux myrtilles -, un reste de compote (tiens, Jenna était passée dans mon frigo ?) et commençai par un grand bol de céréales. Puis saucisses, bacon, œufs atterrirent dans la poêle en un grésillement qui me fit saliver. Alors que je surveillais la cuisson, je sentis les bras d'Ally m'entourer les reins. J'abandonnai la poêle et la friture pour me tourner vers elle.

Et j'éclatai de rire : elle avait attrapé un de mes t-shirts, et on aurait dit qu'elle portait une robe. Elle me sourit et je l'embrassai longuement. Ses mains remontèrent dans mon dos, j'en frémis. J'avais l'impression de vivre un rêve, mais je savais que c'était bien réel : Ally était là, avec moi. Je la tenais dans mes bras.

Je la soulevai pour l'asseoir sur la table, me glissai entre ses jambes et me collai à elle tout en continuant à l'embrasser. Je voulais qu'elle sente tout mon amour, toute ma joie à l'avoir avec moi et tout le désir que j'avais non seulement d'elle, mais avant tout, de la protéger, de guérir les blessures que je lui avais infligées. Elle répondit à mon baiser en nouant ses bras autour de mon cou, comme pour m'attirer plus près d'elle encore. Puis, quand elle s'écarta, elle me souffla :

- Ca va brûler...

- T'inquiète, dis-je. Y'a plus brûlant...

Et nous rîmes ensemble, alors que je l'abandonnai pour couper le gaz.

Nous déjeunâmes comme des affamés : finalement, elle avait presque aussi faim que moi. Puis elle fila sous la douche et après avoir rangé la cuisine, je la rejoignis : il fallait absolument que je reprenne un shampoing car mes cheveux étaient tout emmêlés. Habituellement, je les coiffais toujours après la douche, mais hier soir... Ouais, c'était comme le repas. J'avais autre chose à faire.

Je collai Ally contre la paroi, la soulevai et face à son regard qui disait "oui", je n'hésitai pas un instant. Et cette fois, je pus m'assurer que c'était bien de l'eau qui coulait sur nos visages et pas des larmes.

En quittant la salle de bain, elle renfila mon t-shirt-robe et attrapa la brosse à cheveux en voyant que je prenais le peigne.

- Je crois que tu as besoin d'un sérieux démêlage, me fit-elle.

- C'est pas "je crois", c'est "j'en suis sûr", répondis-je en commençant à passer le peigne dans les pointes de mes cheveux.

- Je vais t'aider, ajouta-t-elle.

Cela nous prit du temps. Et encore, mes cheveux étaient humides, ce qui aidait grandement. Je m'étais assis sur le bord du lit, elle à genoux dans mon dos. Et ma foi, je trouvai bien agréable qu'Ally m'aide. Je me mis à adorer sentir ses doigts passer dans mes ondulations, soulever les mèches, dénouer les nœuds, recommencer à les lisser, encore et encore. Quand nous eûmes terminé, je les attachai en catogan comme j'en avais l'habitude, les laissant un peu lâches sur les épaules. Puis je m'assis dos au haut du lit et la pris entre mes jambes, l'entourant de mes bras. Mes cheveux coulèrent sur ses épaules, recouvrant en partie sa poitrine.

Nous ne parlâmes pas, mais je la câlinai. Ce fut un moment très calme et tendre. Un léger sourire éclairait ses lèvres et son regard était serein. Cela me suffisait.

A un moment donné, je glissai :

- Ally... C'est juste du bonheur de te tenir entre mes bras, tu sais.

Elle sourit plus nettement. Son regard était plus que serein : il était apaisé. C'était une victoire. Une victoire qu'il me faudrait entretenir, préserver. Mais j'en avais la volonté. Ferme et assurée.

- Stair... Je suis bien. Juste bien.

J'en souris à mon tour : c'était bien le truc plus chaud.

L'amour.

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