Chapitre 50 : Une autre histoire de t-shirt
Ally
Passant d'un pied sur l'autre, debout face au couloir des arrivées, je patientais comme je le pouvais en jetant toutes les dix secondes un regard vers l'écran annonçant les prochains vols. Il était déjà assez tard, un peu plus de 20h. L'avion de Stair avait décollé à 12h30 d'Athènes, avec escale à Londres et changement d'avion pour arriver à Manchester. Un temps, Gordon avait envisagé de lui faire prendre le train, mais c'était finalement plus compliqué et il ne serait pas arrivé beaucoup plus tôt. Il repartait demain, en fin de matinée.
Aujourd'hui, je fêtais mes vingt-deux ans et Stair avait tenu à être avec moi, même si ce serait très court. A peine une soirée, mais toute une nuit, ce qui était un vrai cadeau pour moi. Nous nous étions revus à Budapest, un peu plus de deux semaines plus tôt. Jenna se trouvait bien entendu avec moi. La prochaine fois... Ce serait à la mi-juin, quand tout le groupe reviendrait à Manchester, pour une pause de près de trois semaines, avant de repartir en Irlande, en juillet. Et là, Jenna et moi les accompagnerions. J'avais hâte, mais avant, je devais finir mon année et surtout, passer mes examens en vue d'obtenir mon diplôme.
Il y avait un peu de monde à attendre des voyageurs, autour de moi. C'était une ambiance normale d'aérogare, en une toute fin de journée, quand les vols sont moins nombreux et proviennent généralement de lointaines distances. Je n'étais pas encore très habituée à cette atmosphère.
Sur l'écran, un peu sur ma droite, il était signifié que deux avions devaient encore atterrir avant que celui en provenance de Londres n'arrive. Il était à l'heure, mais encore en vol, à une dizaine de minutes de Manchester. Enfin, l'atterrissage fut annoncé.
Et je continuai à danser d'un pied sur l'autre.
Stair
J'étais levé aux aurores, ce matin-là, même si nous avions donné un concert la veille. Exceptionnellement, on en donnait deux dans la même ville, à Athènes. Gordon était incapable d'expliquer pourquoi, mais dès la mise en vente des billets, ils s'étaient arrachés comme des petits pains et il avait fallu prévoir une autre date. A l'origine, je devais quitter Athènes et revenir en Croatie, en bénéficiant de deux jours à Manchester. Mais avec ce deuxième concert, ce serait juste un aller-retour. L'important était de pouvoir être avec Ally ce soir.
La tournée dans toute l'Europe de l'Est et centrale s'était bien poursuivie. On avait découvert un public curieux, des villes magnifiques et reçu un accueil chaleureux. Speedy s'amusait bien à nous prendre en photo devant des tas de monuments dont on n'avait jamais soupçonné l'existence. Je garderais le souvenir aigu de Prague, notamment. A Athènes, nous nous étions bien amusés à poser parmi les ruines de l'Acropole. Snoog s'était pris pour une statue à plusieurs endroits, posant comme un athlète ou un dieu grec. Paraît que ça avait liké à mort dès la publication sur le site... Ben voyons.
Je n'avais pas croisé mes comparses ce matin, tout juste Gordon qui m'avait remis mes billets d'avion. Puis j'avais quitté l'hôtel de bonne heure, la circulation étant assez compliquée dans la capitale grecque comme nous l'avions constaté à l'arrivée l'avant-veille. J'étais dans les temps et j'avais pu envoyer un premier message à Ally : avec le décalage horaire, elle entamait tout juste sa journée de cours quand j'avais gagné la salle d'embarquement.
Je voyageais léger - et sans ma basse. Juste un sac à dos avec un bouquin que Snoog m'avait filé en me disant que ça me ferait passer le temps intelligemment, mes papiers et le cadeau pour Ally. Ou plutôt, les cadeaux.
J'arrivai en début de soirée. L'escale à Londres avait été assez longue. J'avais patienté aussi bien que possible. A l'arrivée à Manchester, je devais être un des premiers à sortir de l'avion. Je passai rapidement les contrôles, puis je filai vers la sortie. Ally m'attendait.
Elle me sauta dans les bras, je la serrai fort contre moi avant de l'embrasser, puis de lui glisser un "joyeux anniversaire" qui la fit rire, avant qu'elle ne m'embrasse à son tour.
Elle était venue me chercher en voiture et nous rentrâmes bien vite chez moi. Elle avait préparé un petit repas spécial, mais nous n'y touchâmes pas avant minuit. Nous avions bien autre chose à faire avant.
**
Alors qu'elle venait tout juste de souffler ses bougies, je glissai devant elle les deux paquets. Un carré un peu souple et un plus petit. Ses yeux brillaient de plaisir et un franc sourire s'affichait sur son visage : rien que pour cela, ça valait le coup de faire un aller-retour Athènes-Manchester sur une journée.
- Surprise ! lui souris-je.
- Je commence par lequel ?
- Celui que tu veux, répondis-je. Mais… Peut-être le plus grand d'abord.
- OK.
Elle défit rapidement l'emballage, puis déplia le t-shirt.
- Oh ! fit-elle en ouvrant de grands yeux. C'est un nouveau ?
- Exemplaire unique, répondis-je. Juste pour toi.
Elle reporta son regard vers le t-shirt. J'avais demandé à un des gars du marketing si c'était possible de le réaliser. En marge des concerts commençait en effet à se monter tout un aspect merchandising, avec notamment des t-shirts et des sweats à l'effigie du groupe, reprenant principalement les pochettes des deux disques, mais aussi l'affiche du Dark Death Tour. Celui que j'avais fait réaliser pour Ally était en effet unique : juste ma basse avec le logo des Dark Angels qui s'affichait au-dessus.
- Juste… pour moi ?
Elle avait l'air de ne pas y croire.
- Yep, expliquai-je. J'ai d'mandé si c'était possible… Ca l'était et donc voilà. Pour que tu sois la seule à porter la basse avec nos initiales. Après, elle figure sur les t-shirts avec la pochette de l'album, mais c'est pas pareil à mes yeux. Ca te plaît ? ajoutai-je, curieux.
- Oui ! C'est… tellement original !
Et elle se leva aussitôt de table, retira vivement le t-shirt qu'elle portait - elle avait pris le mien en se levant. Il lui tombait jusqu'au milieu des cuisses et était beaucoup trop ample, mais elle adorait porter un de mes t-shirts. Elle disait qu'elle se sentait à l'aise dedans. C'était aussi la raison pour laquelle j'en avais laissé quelques-uns à l'appartement.
Elle enfila le nouveau à la place. Il lui tombait très bien, ouf, je ne m'étais pas trompé pour la taille…
Ally
J'étais surprise et ravie du cadeau de Stair, du moins du premier. Je n'avais pas encore déballé le second. Un t-shirt unique, juste pour moi.
- Je vais faire ma groupie ! ris-je en tournant devant lui comme si j'avais été un mannequin.
- Si tu veux... La couleur te plaît ? J'ai hésité entre noir et blanc...
- Noir, c'est mieux, répondis-je. A quoi ça sert de s'appeler Dark Angels si c'est pour imprimer des t-shirts sur fond blanc ? Bon, l'autre cadeau maintenant !
Et je repris place à table, ouvris le petit paquet. C'était juste une petite boîte que je devinai rapidement être un écrin. Il y était gravé comme une couronne sur un coussin, avec un nom imprononçable écrit en-dessous. Je soulevai le couvercle et découvris une très belle bague, avec une pierre bleue transparente. La bague elle-même, en or, était finement ouvragée.
- Oh ! fis-je. Elle est... magnifique !
Stair se leva pour faire le tour de la table et s'approcher de moi.
- J'voulais une pierre bleue comme tes yeux et la bague en or comme tes cheveux...
Je détachai mon regard de la bague et levai les yeux vers lui. Il souriait et son regard était si doux ! Je m'y perdis un moment. Il me tendit la main, m'obligeant à me lever à mon tour, puis il prit la bague et la passa à mon majeur gauche, avant de me prendre dans ses bras et de me serrer fort contre lui.
- Bon anniversaire, baby, souffla-t-il d'une voix chaude avant de me soulever pour m'asseoir sur la table et m'embrasser.
Je répondis avec joie à son baiser, puis je m'écartai légèrement pour regarder ma main. La bague était fine, assez discrète.
- Elle fait un peu ancienne, fis-je remarquer. Dans la façon dont elle est ciselée.
- J'l'ai achetée à Cracovie, en Pologne, expliqua Stair. C'est une superbe ville, on se baladait dans le centre. Il y avait de belles boutiques, de luxe, mais aussi d'artisanat. J'ai fini par entrer dans une bijouterie dont la vitrine m'avait attiré. Notre interprète m'a expliqué que c'était un maître joaillier, qu'il fabriquait entièrement ses bijoux et que c'étaient donc des pièces uniques. Je n'avais pas d'idée arrêtée, même si je pensais plutôt à un collier... Je voulais t'offrir un vrai bijou pour ton anniversaire. Et puis j'ai vu cette bague et j'ai su qu'elle était pour toi.
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