Insoutenable, l’attente. Depuis une semaine, je me démène pour réussir ma mission. Depuis hier, je réfléchis à comment je vais me sortir de cette situation. Depuis ce matin, je tourne en rond, j’ai peur de lire de la déception dans les yeux de Victor. Depuis une heure, je tremble, toutes mes sensations rythment avec hésitation. Depuis que j’ai vu le regard glacé de sa mère, je frissonne et redoute que les réconciliations soient vaines et décuplent la peine de mon papillon. J’ai conscience que le chemin sera long et pourtant je veux y croire. Ils se tiennent face à face, mes battements de cœur se sont ralentis quand leur silhouette s'est approchée. Puis, je me suis effacé, voulant leur libérer cet espace, un moment fugace entre une mère perdue et son enfant déçu.

Insoutenable, mon angoisse augmente au fil des secondes, une onde se propage sur mes craintes. À chaque minute, mes pensées défilent tout azimut, sans but où s’accrocher. Elles luttent pour ne pas imaginer que tout se terminera ici et maintenant. Je les ai laissés sur ce quai et maintenant je suis inquiet et si tout venait à exploser. Si à cause de mon obstination, je venais de faire exploser notre union. Si par mon entêtement, Victor se trouvait une nouvelle fois abandonné aux quatre vents. Si mon empathie avait raison de notre aventure et que tout était fini. Je déambule les pieds dans le sable, mes yeux scrutent l’horizon dans l’espoir qu’en provoquant cette réunion, je n’aurai pas écrit la conclusion à notre belle histoire.

Insoutenable, ce message qui n’arrive pas. Je voudrais faire marche arrière et attendre derrière la Tour, observer de loin les contours de leur retrouvailles. Toucher du bout des doigts chaque geste et percevoir la faille. Mais, je ne souhaitais pas rester dans les parages pour leur permettre de se dire les choses, avec leurs mots, leurs ressentis, leurs peurs et leurs colères. Je suis sûr que Victor aura dit sans concession ce qu’il a depuis si longtemps sur le cœur. J’espère juste que les mots n’auront pas été trop douloureux. Je sais qu’il a répété comme un métronome chaque passage de sa partition, il l’a écrite avec détermination avec ses larmes. À ce moment-là, j’ai pu les essuyer, le soulager. Récolter chaque perle de son chagrin. Mais pour l’heure, il est tout seul et je suis désemparé, impuissant.

“I will survive” vient me tirer de mon humeur chagrine. Quelques notes de musiques qui veulent dire tant, quelques paroles si peu anodines. Victor a choisi cette chanson parce qu’il voulait quelque chose qui lui ressemble. J’ouvre le message et toutes les pièces s’assemblent : “Samy, je t’aime.” Trois petits mots, simples et si beaux. Maintenant, nous pouvons partir.