Chapitre 13 : à l'ancienne
Avec Victor, nous avons décidé d’établir notre carnet de route avec nos sensibilités et nos perceptions. Pour l’heure, je ne peux quitter des yeux le sourire dessiné sur ses lèvres, il est ma source perpétuelle d’inspiration. Dans ses iris, je puise avec délice les prémices de mes futures esquisses. Une étincelle brille dans ses pupilles, une de celle qui m'ensorcelle.
Nous avons opté pour la méthode traditionnelle, à l’ancienne, une carte et un crayon pour tracer les contours de notre escapade. Je m’amuse des traits que je forme et déforme sur le papier. Les courbes serpentent de part en part depuis notre départ pour devenir des sentiers et s'affiner pour n'être que des fils enlacés autour de notre trajet.
La Rochelle est un point minuscule au bord de ma première carte postale. Nous roulons depuis une heure, la circulation est fluide, les flots des vacanciers des ponts de mai n’arriveront que la semaine prochaine, une aubaine. Nous longeons l’océan, tout aussi surprenant que cela puisse être, notre premier point de chute sera les Sables d’Olonne à seulement quelques centaines de kilomètres. Juste une mise en jambe, rien ne presse.
— Samy, tu vois ce que je vois ? me demande Victor tout en montrant le rivage.
— Le cerf volant ?
— Oui, on s'arrête ? me propose-t-il, impatient.
— Soyons fous.
Il se gare sur le parking d'accès à la plage. Ulysse trépigne. Nous abandonnons nos chaussures dans la soute, attrapons une serviette et courons sur le sable. Je n’ai pas le temps de réaliser quoi que ce soit, que Victor retire son tee-shirt, son short et plonge dans l’eau avant de me faire de grands signes pour le rejoindre. Ulysse, allongé au bord de l’océan, attend le feu vert. Je m'installe à ses côtés, les vagues lèchent mes orteils, un appel indécent, un désir enivrant.
J’observe mon papillon, il est si beau. Les gouttelettes glissent sur son torse, là où mes lèvres aiment à paresser aux cours de nos préliminaires. Une envie me gagne, celle de me jeter dans l’inconnu. Plonger pour le rejoindre, récolter du bout de ma langue les petites perles salées et voir un frisson parcourir le long de ses bras. Ensuite, j'aspergerai chaque parcelle de peau avant de lui sauter au cou et de l'embrasser comme un fou. Je ne me lasserai jamais d’entendre son rire à chaque fois qu’il refait surface.
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