Chap 14 : la laisse de mer
Après notre pause fraîcheur, notre attention est attirée par un groupe déambulant avec leur seau au bord de l’eau. En équipe, les jeunes arpentent les lieux avec un sens pratique. Ils ramassent avec précaution des objets au fur et à mesure de leur progression. Curieux de leurs faits et gestes, nous les rejoignons pour leur demander des explications. Quand je vois la tête de Samy, je comprends rapidement qu’ils ne récoltent pas des coques. Je me rapproche pour observer le contenu de leur récipient. Des mégots, des papiers mouchoirs, des chewing-gums, des canettes et des bouteilles plastiques s’accumulent.
Choqués, nous proposons à notre tour de les aider. Avec Samy et Ulysse, nous les suivons vers la laisse de mer souillée par une civilisation peu soucieuse de l’impact de leur empreinte sur l’écosystème. Hector, le chef de la bande, nous explique que les débris naturels sont arrachés du fond marin et se déposent sur la plage lorsque la mer se retire permettant de limiter l’érosion. Il insiste sur l’importance de cette banque alimentaire pour de nombreuses espèces. Puis, il s’emporte. Je peux ressentir sa colère grandir dès qu’il fait allusion aux détritus des consommateurs délaissés aux quatre coins. Les immondices semés sans scrupules viennent polluer le garde manger des goélands. Outré je regrette de ne trouver après leur passage qu’une décharge à ciel ouvert au lieu des traces de leurs pas dans le sable.
Les algues côtoient les mouchoirs souillés par une société sans pitié. Le bois flotté se mêle aux journaux aux nouvelles fraîchement dépassées. Les crustacés sont englués dans un chewing-gum mentholé et que dire du poisson qui avalera le mégot pour finir en fumée. À chaque morceau ramassé, un sentiment de frustration et d’incompréhension se mélange avec des impressions de dégoût et de honte. Quand on sait le temps que cela prendra à tout ce fatras pour se décomposer, on ne peut que se révolter. Combien de mois, d’années, nous faudra-t-il pour ouvrir les yeux ? Après une après-midi à arpenter ce bout de littoral de long en large, nous versons le dernier seau dans la benne avec soulagement.
Pour nous remercier, Hector nous propose de se joindre à lui pour le dîner. Et bien voilà, c’est tout nous, les Sables d’Olonnes attendront un jour de plus. Pour l’heure, nous faisons escale à la Tranche-sur-mer dans une maison de pêcheur.
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