Chapitre 17 : La pêche à pied
Les rayons du soleil, coquins, effleurent les courbes de Victor et dévoilent les grains de beauté que mes doigts ont caressé pour apaiser son sommeil. Le regarder si calme et serein me fait tout autant de bien. Savoir ses cauchemars dans un coin me rassure. Les nuits de tempêtes laissent place peu à peu à des îles de repos où mon papillon se ressource. Dans son cocon tissé, jour après jour, ma chrysalide se régénère.
Je me blottis contre son dos, pose ma main sur son torse. Mon nez enfoui dans son cou s’enivre de son odeur. Mon souffle se calle sur le rythme de sa respiration et à mon tour, je replonge dans les bras de morphée.
— Samy, réveille-toi, Hector et Ernest doivent nous attendre, m'annonce Victor.
J’ouvre un œil puis le second. Mon bien aimé, à califourchon sur mes cuisses, me secoue avant de fondre sur mes lèvres. Sa langue se fraie un chemin pour s'emmêler à la mienne, ainsi je m’abreuve de ce cocktail merveilleux.
— Coquin, pas sûr que nous ayons le temps de nous étendre sur le sujet, soupiré-je en le repoussant délicatement.
Je ne peux résister à sa moue boudeuse et me précipite pour le rattraper avant qu’il ne file à la douche.
— Comment te refuser un dernier baiser ? dis-je en l’accompagnant d’une caresse sur les fesses.
Derrière la paroi, il se dandine pour me narguer. J’éclate de rire avant de m’éclipser pour préparer notre thé.
**
En cette heure matinale, la marais révèle une plage où se dissimulent coquillages et crustacés. À quelques pas de moi, Victor entame la marche du manchot. Son short moule à la perfection son fessier. Le polo colle ses dorsaux.
- Arrête de fantasmer, me lance-t-il en se retournant pour me tirer la langue.
- Tu plaisantes, tu m’offres une vue imprenable sur mon péché mignon, comment résister ?
- Allez, activons-nous, je crois que nous nous faisons désirer.
Ernest, nous a donné rendez-vous au rocher de Sainte Anne, un site préhistorique, très prisé, des informations que j'ai pu récolter. À peine arrivés, Hector me confie une cuillère à soupe et une réglette pour vérifier la taille des palourdes. Victor, de son côté se munit d’un petit râteau et d’un seau sous le regard amusé de nos hôtes. Si je le laisse faire, je le connais, il me construira un château de sable où le dragon pourra trouver un site d’observation.
Nous écoutons attentivement les recommandations du grand-père et vérifions l'autonomie de nos téléphones. Ernest nous conseille de remonter trente minutes après la basse mer pour ne pas nous retrouver piéger dans le lit de l'océan.
- L'estran est un milieu naturel vivant et fragile, remettez en place les pierres retournées, lance Hector en faisant une démonstration.
- Et surtout, limitez votre pêche à ce que votre estomac pourrait supporter, nous précise Ernest avant de filer.
Dans ce paysage de carte postale, j'apprécie chaque rayon de lumière, chaque reflet du miroir dans l’horizon. J’observe mon compagnon soulever avec précaution les pierres et je capte son sourire lors de sa première prise. Son enthousiasme contagieux me guide à mon tour. Je gratte avec ma cuillère et le coquillage, aux teintes bleutées avec ses stries, apparaît. Je suis un gosse, heureux d’avoir trouver une pépite.
***
- Victor, arrête de faire le fou, crié-je en découvrant l'océan s’agiter en écho aux vents qui se lèvent.
Je le rejoins, l’attrape par la main pour qu’il me suive. Pas question d'écouter ses revendications, son insouciance pourrait s'avérer dangereuse.
- Ralenti, me supplie-t-il.
- Non, nous n'avons plus le temps, Ernest a été catégorique, on ne plaisante pas avec la marée.
- Ok, tu as gagné, mais seulement si tu m’embrasses.
- Franchement, tu penses que nous n’avons pas mieux à faire.
- Un tout petit, juste pour me motiver.
- Ok, concède-je.
Mes lèvres se posent sur sa bouche au goût salé.
- Là, je crois que tu as raison, filons, râle-t-il.
Nous courrons pour rejoindre la plage au sable fin. Notre trésor est bien à l'abri dans le seau. Mes pieds glissent sur les rochers, je me déséquilibre. Victor me retient juste assez pour que je ne m'écrase pas lamentablement sur le sol. À bout de souffle, nous regagnons la zone à sec juste à temps.
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