Chapitre 23 : Escape Game
Un rayon de soleil s’infiltre et s'étale sur la table, étrange phénomène. La mise en scène a été minutieusement pensée. À taton, je cherche la boîte d'allumettes que j’ai aperçu avant que l'obscurité nous enveloppe. Je frotte la tête sur le bord rugueux, une étincelle crépite avant de s’essouffler. La première tentative est un échec cuisant. Un instant, je ferme les yeux, pour m’imaginer ce que le seigneur des lieux de l'époque aurait envisagé pour offrir un peu de clarté à ses invités. Réflexion faite, dans la pénombre, les paupières ouvertes ne changeraient pas grand chose à ma situation, nous avons des réflexes qui dans certains moments n’ont que peu de sens.
- Riche idée d'avoir laissé nos sacs à dos sur le fauteuil dans le coin de la pièce, me chuchote Victor.
- T’inquiète, le rassuré-je en caressant sa main, je connais deux demoiselles qui pourraient nous venir en aide.
- Mais oui avec la lumière de leur téléphone, s’écrie-t-il.
Une lueur apparaît à l’autre bout de la table. La plus petite des deux, assise sur les genoux de son père, se cramponne à son cou. L'adolescente se blottit contre son épaule. En allumant les bougies, je découvre le visage heureux du père.
- Est-ce que quelqu'un saurait décrypter ce message ? demande Victor en dépliant la missive laissée dans le coffre en bois, tout en m'adressant un clin d’œil.
- Moi, répond la plus jeune, enthousiaste, il nous faut trouver un miroir pour lire le message.
Chacun muni de son bougeoir scrute l’ensemble de la pièce à la recherche de l’objet qui lui permettrait de révéler une partie du mystère. Nous soulevons les tentures, furetons dans les récipients. Victor lâche un cri aigu en croisant le chemin d’une arachnée.
- Je l’ai trouvé, s’agite la fillette, il est caché sur la coiffeuse de la reine.
- Futée, lancé-je en prenant soin de ne pas abîmer le poudrier.
Le texte de la mission se révèle: l’édit est caché et scellé dans le cuir d’un ouvrage sacré. Sauras-tu la retrouver pour libérer mon cher fils Richard et lui offrir les clés du manoir où se dissimulent tant d'histoires ? Les mots s'additionnent et libèrent un autre mystère, un premier indice pour poursuivre notre enquête, sous forme de charade.
- Mon premier est formé par les feuilles à l’automne, commencé-je à décrypter.
Un sillon se trace sur le front de Victor, son cerveau cogite.
- Mon second est aussi appelé la constante d’Archimède, ajouté-je avec un air sérieux.
Les enquêteurs en herbe lèvent les yeux au ciel, plutôt au plafond pour trouver la solution.
- Mon troisième n’est pas me, ni te mais à coup sûr le suivant, précisé-je.
Plus de doutes, les neurones carburent, les doigts s’agitent.
- Mon dernier, avec ses baguettes en bois, se marre dans son bol.
La réponse se dessine sur le bord des lèvres de chacun de mes voisins, au sourire en coin, je sais que l’énigme n’est plus un mystère pour Victor.
- Mon tout est devant votre nez, insisté-je tout en pointant du doigt le mur opposé.
- Tapisserie, lancent Julie et Laura à l’unisson sous le regard fier de leur père.
Avec Victor, nous félicitons leur sens de la déduction et pressons le pas pour admirer l'œuvre tissée à la main. Attentifs, nous passons en revue la scène. Chacun va de ses suppositions. De mon côté, je suis impressionné par la qualité du travail, aucun détail n’a été laissé au hasard.
- J’ai trouvé, s’enthousiasme Victor, suivez-moi.
- Qu’as-tu trouvé ? demande Julie, curieuse.
- Où nous devons chercher le prochain indice, ajoute-t-il en fouillant dans le secrétaire.
- Quelle forme a-t-il ? questionne Laura, tout aussi intriguée.
- Une plume, nous devons trouver une plume.
Annotations
Versions