Après de chaleureux au revoir et le partage de nos coordonnées avec nos compagnons d’escape game, nous regagnons notre point de départ. Ulysse, épuisé par sa virée, s’allonge en boule au pied de Samy. Je manœuvre pour m’extirper de la place de parking et reprendre la route pour notre prochaine destination. Si la circulation nous le permet, nous devrions arriver à temps au passage du Gois. Sinon, ce sera partie remise et nous patienterons jusqu’à la prochaine marée basse. Samy, le nez dans son calepin, dessine trois personnages de plus à sa BD. Il me tarde de découvrir les traits que prendront Julie et Laura. Pour ce qui est du père, je n’ai aucun doute, un lion devrait le représenter.

À quelques kilomètres de notre point de chute, nous constatons que la traversée pour l'île de Noirmoutier ne se fera pas ce soir. Le soleil décline dans l’horizon, emportant avec ses derniers rayons la route. Ce trait d’union entre le continent et notre point de chute s’efface au gré de l'océan. Le spectacle est somptueux et à mon tour de laisser mes mots glisser sur mon carnet. Assis sur le parapet, Samy me rejoint et se blottit contre mon épaule. Pour l'occasion, je désire que nous partagions nos impressions et je propose à mon dragon d'écrire à quatre mains. Sa paume se pose sur ma cuisse, ce petit geste m'électrise à chaque fois. Un frisson remonte le long de mes reins.

• Je commence, murmure-t-il, dans l’horizon, filent mes émotions.
• Voilà une entrée en matière audacieuse.
• Je sais pas, c’est la première pensée qui m’est venue. On reste libre dans les syllabes ?
• Bien-sûr pas de compte juste le plaisir de lâcher ses impressions.
• À toi alors mon coeur, de me faire vibrer.
• Chaste ou coquin ? demandé-je pour le taquiner.
• Laissons-nous porter.

Samy vient prendre place sur mes genoux, ses bras autour de mon cou, ses doigts caressent délicatement mes cheveux. Je le serre contre mon torse pour sentir les battements de son cœur rythmer notre joute poétique. Mes mains s'enroulent autour de sa taille et il me susurre au creux de l'oreille ses premiers vers :

S: Dans l’horizon, filent nos émotions

V: Tout mon corps vibre à l’unisson

S : Serais-tu ivre de passion ?

V : Plus encore que de raison.

S: Sens-tu battre mon cœur ?

V: La moindre de tes pulsations.

S: Ton sourire est ravageur

V : Le tien, un volcan en fusion.

S: Résisteras-tu à mes baisers ?

V : Chacun est si douce promesse

S : Qu’ils pourraient glisser

V : Telle de sensuelles caresses.

S : Mon être à petit feu se consume

V : Mes lèvres pourrait l’apaiser

S : Telles de délicates plumes

V : Elles ne cessent de t’aimer.

Les mots nous emportent dans de sensuelles contrées. Comment résister plus longtemps à ce tendre appel charnel ? J’attrape sa main, nos doigts s'emmêlent, union subtile de nos deux êtres. Nous filons nous réfugier dans notre cocon douillet, notre antre. Le camping-car nous ouvre en grand ses bras. Je soulève Samy et le dépose sur le lit. Lentement, je défais un à un les boutons de sa chemise avant de l’abreuver de baisers. Ma bouche suit le chemin tracé par les derniers rayons du soleil sur ses abdominaux. Chaque détail de sa peau est sublimé par l’éclairage. La lumière esquisse son œuvre voluptueuse et révèle chacun de ses grains de beauté que j’effleure du bout des lèvres. Dans le clair obscur, une averse poétique s’écoule sur nos coprs, un flot de désirs nous emporte, un bel accord érotique.

• Mon amour, dans l’horizon, filent nos émotions, soupire Samy.