Chap 28 : Au petit jour

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Depuis combien de temps Ulysse me lèche-t-il la main ? Son impatience me rappelle son besoin de se dégourdir les pattes et de soulager une envie pressante.

  • Oui, j’arrive, soupiré-je en m'étirant et en glissant un pied hors du lit.

Le beau gosse qui partage mes nuits, ouvre un œil puis tire sur le tissu avant de se rendormir. Lentement, je m'extirpe de la douceur de notre couette et abandonne Victor à ses songes. Notre berger australien pose ses pattes sur mes cuisses pour me faire comprendre de cette façon que si je ne me presse pas, je ne pourrai pas en vouloir à notre boule de poil d’avoir arroser le pied de la table.

  • J’ai compris, laisse-moi enfiler un truc, murmuré-je en tâtonnant pour trouver le bout de tissu qui a volé en début de nuit.

Dans la pénombre, je me cogne dans le banc et lâche un cri aigu des plus sexys. Une fois remis de ma rencontre improbable avec l’assise, je poursuis mon périple pour attraper le caleçon qui s’est fait la malle sur l’évier au cours de nos ébats. Plus de temps à perdre, j’ouvre la porte du camping-car et m’assure que nous sommes toujours seuls sur le parking. Ulysse se précipite, il était temps.

L’aube n’a pas encore percé le voile. J’ai hâte de découvrir le ruban de terre se dévoiler à marée basse. Dans deux heures, nous marcherons sur l’eau. Avant de m’éclipser, je confie mon papillon à Ulysse qui s’endort en boule au pied du lit. Je détache mon vélo afin de rejoindre le centre ville à la recherche d’une boulangerie. La brise accompagne mes premiers coups de pédale, au petit matin, la piste cyclable est désertée.

À mon retour, le soleil pointe le bout de son nez pour s'étaler sur l'étendue salée. Les oiseaux encore maîtres des lieux entament leur ballets sur les flots apaisés. En cette période de l’année, l’affluence modérée des touristes, nous permettra de profiter de l’instant avec délectation, sans pression ni bousculade. La traversée sera une promenade entre deux mondes. Chaque seconde deviendra pour nos imaginaires, une source, où puiser de fabuleux univers.

Bercé par le mouvement des flots, mon esprit s’envole sur les ailes d’un goéland de passage. Le silence qui m'entoure, guide mes premiers coups de crayon. Assis sur le parapet, je m'imprègne des lieux sauvages. Difficile de quitter des yeux le rivage, mon inspiration ondule à chaque mouvement de l’eau. Sur le papier canson, les traits fusionnent. J’affectionne ce moment où le paysage prend toute sa place sur la page. Les perspectives s'additionnent. Chaque élément du décor se fond dans l'horizon. Ici, je pose les prémices de mon inspiration. Je me sens libre d'explorer, sans me lasser, ce trésor hors de prix que la nature nous offre sans modération, une composition sans cesse renouvelée. Aucune n’est semblable et je me nourris de ces différences, appréciant la chance que j'ai. Prendre une minute pour observer le monde et ses secrets.

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