Chap 30 : Jour de marché

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L’avantage de se lever tôt est de pouvoir profiter pleinement de chaque moment de la journée, un vrai luxe que nous savourons sans modération. Ne pas être à la merci d'un horaire strict est délectable. Ne pas être contraint de vivre au rythme de la grande aiguille enchaînée à une trotteuse hyperactive fait un bien fou. Ne pas chronométrer le temps perdu au dépens de celui gagné favorise nos découvertes. La traversée du jour en est un parfait exemple. Hier en fin d'après-midi, nous aurions pu nous précipiter, nous jeter à l’eau pour franchir le passage du Gois. Au final nous aurions emprunté ce bout de terre au pas de course sans en apprécier la vision irréelle à sa juste valeur. Ce matin, nous avons gravé une image pour toujours dans notre valise à souvenirs. Après ce moment intemporel, nous avons débarqué sur l'île de Noirmoutier aux premières heures du marché, les étals se garnissent, au son des bavardages des commerçants affûtés.

Le second point positif, voyager hors saison, offre la possibilité de se balader sans être obligé d'éviter la foule qui déboule et s'écoule dans les allées. De bonnes odeurs de poulet rôti nous guident jusqu'au petit marchand au coin de la rue. Ulysse n’en perd pas une miette et tire sur sa laisse pour nous faire activer le pas. Pas folle la bête, il a rapidement compris que pour nous amadouer et obtenir des mets plus goûteux à se mettre entre les dents, il suffit de faire le beau, les quatre fer en l’air. Je ne peux pas résister, il se lèche les babines prêt à tout pour me faire craquer. Et encore une fois, il a finement manoeuvré.

Victor flâne entre les marchands, il me guide au travers de ce microcosme aux couleurs et parfums mêlés. Du petit producteur de miel à la charmante dame aux mille fleurs, tous exposent avec fierté le produit de leur labeur. L'ambiance est bonne enfant, des rires fusent entre les commerçants et les clients. Les uns mettent en avant la qualité de leur produit, d'autres insistent sur les bienfaits pour le corps et l’esprit. Chaque stand révèle ses plans pour attirer le promeneur, l’affamé ou le rêveur. Sur les tables en bois recouvertes de fruits et de légumes, le maraîcher propose de déguster les fraises ou les premières cerises. Comment ne pas être tentés, doux péché de gourmandise ?

Ici, les poissonniers sont à l’honneur. Dans leur corbeille sur lit de glace et draps d’algues prennent place les trouvailles du pêcheur. À peine sortie de mer, les bars, le lieu jaune et la dorade s'exposent. Rien n'est laissé au hasard, Étienne avec qui nous discutons, nous donne quelques astuces pour le cuisiner. Le moussaillon nous raconte ses virées au large au cœur de la nuit, son plaisir renouvelé à chacune de ses sorties, par grand beau ou sous une averse de pluie. Le danger, il accepte. Par défi, il fait de l'océan son partenaire. S’il se fait tempétueux, il patiente, s’il est apaisé il le remercie. Ce jeune marin sera un modèle parfait pour un de mes personnages. En peu de mots, il a su nous convaincre de venir vivre son expérience à bord de son bateau et nous donne rendez-vous le lendemain au port de l'Herbaudière. Comment refuser une telle invitation ? Nous devions être seulement de passage, finalement nous allons poser nos bagages pour profiter pleinement de la beauté sauvage de cette île qui se révèle.

  • Suis moi, me lance Victor me prenant la main pour me faire presser le pas.
  • Où va-t-on si vite ? le questionné-je tentant de le faire ralentir, tu ne veux pas poursuivre le marché ?
  • Si mais avant il y a une échoppe qui m'intrigue.
  • Comment le sais-tu ? demandé-je, intrigué par son enthousiasme, nous n’avons jamais mis les pieds par ici ?
  • Pourtant, je t’assure, insiste-t-il, le vieux monsieur qui tient le stand de livres anciens m’a dit que je trouverais mon bonheur dans cette boutique.
  • Ah oui, échappé-je du bout des lèvres.
  • Enfin mon bonheur, c'est toi avant tout, ne t’y trompe pas, affirme-t-il, stoppant notre avancée pour m'embrasser et confirmer ses dires. Je lui ai parlé de notre aventure, de notre goût pour la littérature, de ma passion pour l'écriture, de ta capacité à donner vie à tes dessins, alors il a souri et m’a aussitôt donné l’adresse.
  • Voilà bien là un mystère, il me tarde de voir de quoi il s'agit, hâtons-nous.

Dans une ruelle, nous découvrons la librairie. La porte, encadrée d’une sirène et d'un dauphin, s'ouvre avant que nous ayons eu le temps de la pousser.

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