Dans sa chambre d'hôpital
Dans sa chambre d'hôpital, chaque seconde est infernale.
Cris, pleurs, machines, râles affectent peu à peu son moral.
D'interminables journées mécaniques se répètent à l'identique :
Soins, repas, toilette, visites, rien d'exaltant ni de fantastique.
Ses enfants ne trouvent jamais le temps de lui consacrer quelques instants.
D'eux, elle n'attend rien pourtant,
Hormis un sourire, un baiser, deux ou trois mots réconfortants.
Bouquets livrés par un inconnu logoté et bibelots du monde entier
N'égaleront jamais de précieux moments de joie partagée.
Des voisins bavards viennent parfois la voir en lui rabâchant les mêmes histoires.
Elle aimerait tant pouvoir leur échapper plutôt que de les entendre répéter
Des propos inconsistants sur la pluie et le vent.
Coincée dans un fauteuil élimé, elle ferme les yeux, fatiguée,
En échafaudant un plan lui permettant de s'évader loin de ce pénitencier aseptisé.
Dans sa chambre d'hôpital, la vieille dame est au plus mal.
Prise au piège tel un animal, elle se sent misérable,
Après avoir découvert le secret de ses garçons : ils veulent la placer dans une autre prison
Sans véritable raison, sauf celle de se débarrasser d'elle pour de bon.
La jugeant trop âgée pour demeurer seule dans sa maison, ils pensent avoir trouvé la solution.
Rester à ses côtés le temps qu'elle recouvre forces et mobilité ne fait pas partie de leurs projets.
Dix ans plus tôt, la vieille dame se serait remise aussitôt de sa chute sur le dos
Et vaquerait librement au sein de son regretté potager, entre les choux et les navets.
Aujourd'hui, sans lui demander son avis, sa famille a commencé le grand tri
De son mobilier, de ses habits, de ses souvenirs, de sa vie.
Ah ! si seulement quelqu'un pouvait lui venir en aide.
Ah ! si seulement, elle avait des ailes.
Dans son sommeil, un ange divin est apparu. Doucement, il l'a prise par la main ;
Ensemble, ils se sont envolés, sereins, vers le plus beau des jardins.
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