Chacun sait ce qu'est un placard.

Banals ou bizarres,

Certains suscitent des histoires

Fantasques, difficiles à croire,

À partir d’un grincement de tiroir.

Pourtant, peu de monde se sert

De ces rangements hors pair

Comme bouées de sauvetage

Lors des jours d’orage.

Moi, quand je ne vais pas bien,

Plutôt que de courir chez un clinicien,

J’ouvre grand les miens,

Puis y dépose mes pensées

Devenues trop lourdes à porter.

Même si rien ne disparaît,

Je me sens soudain plus léger.

En fermant la porte sur mes soucis,

Mon ciel apparaît aussitôt moins gris.

Loin de se résumer

À de simples ouvrages de menuisiers,

Les placards de ma maison sont,

Tels de fidèles compagnons,

Disponibles en toute saison.

Bienveillants et en bois,

Ils ne me jugent pas,

Mais accueillent patiemment

Tous mes tourments.

Gardiens de mes secrets,

Loyaux et muets,

Ils ne me trahiront jamais.

Sans jugement ni gêne,

Ils adoucissent ma peine.

Quelle chance de posséder

De tels endroits où déverser,

Même le temps d’un soir,

Mes sinistres idées noires !