Temps de chien
— Et Gypsie ? me souffle Patricia très près de mon oreille de sorte que je ressens cette odeur de tabac froid si caractéristique que j'avais oubliée.
— Dans la voiture.
— Elle va geler, la pauvre.
— Je sais. Mais c'est interdit ici, je respecte.
— T'es con quand tu t'y mets. Attends, tu vas voir.
Patricia se redresse.
— Dis donc, Josette, on pourrait pas mettre sa chienne dans la remise ? Elle va geler, la pauvre !
Depuis le temps que j'observe la dame, elle n'a pas arrêté de farfouiller à droite et à gauche.
— Elle est propre au moins ?
Sa voix a revêtu l'aspect glacial que l'on attrape lorsque l'on a la tête dans le réfrigérateur. À cet instant précis, Josette ressemble physiquement à une poule devant un couteau.
— Une chienne bien dressée, tu sais.
Josette ressort de son bahut monumental, les mains chargées de victuailles. Elle s'est transformée en mère poule prête à alimenter les poussins que nous sommes. Je commence à l'aimer bien cette femme et retire de mon esprit les mauvaises pensées que j'aurais pu avoir à son encontre.
— C'est le bazar là-bas d'dans elle va se perdre ou se pendre.
— Pas de souci, elle sera sage et au chaud. Je prends la lampe de poche et on y va.
Un clin d'oeil suffit à nous propulser dehors.
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