21 novembre 1943,
J’ignore si nous allons sortir de cet enfer… Il n’y a ni jour, ni nuit. Le bourdonnement régulier de la ventilation nous rappelle que nous sommes en vie. Je veille systématiquement ma montre, pour compter les jours. Quelle vie…
Je vais vous raconter pourquoi je suis là, pourquoi tout ça. Je fais partie d’un projet destiné à concevoir un antidote aux gaz de combat utilisés sur le front. Nous étions une petite équipe mais nous étions en bonne voie. Le gaz orangé qui nous retient prisonnier ici fait parti d’un autre projet. « Kères », c’est comme ça que le Führer l’a nommé.
Tout le personnel de recherche présent dans l’ouvrage sont des hommes de science, repérés par le régime, pour servir l’Allemagne. Et comment ? En concevant de nouvelles armes chimiques et bactériologiques. Certaines âmes sensibles peuvent être choqués. Mais les grandes avancées de notre temps se font maintenant. Les générations futures utiliseront peut-être un jour les fruits de nos recherches !
Si ma mémoire est bonne, les Kères sont, d’après les grecs, la personnification des soucis qui abrègent la vie des humains. Ce que nous avons créé est bien plus qu’un « soucis ». Drachenatem. Le Souffle du Dragon. Un si beau nom pour une arme si dévastatrice… Elle a été nommée ainsi car les corps atteints se couvrent de cloques, comme si la peau avait brûlée.
Nous avons débuté nos recherches à partir de gaz de combat dont l’efficacité a déjà été prouvée. Nous avons, par de nombreux procédés chimiques complexes, réussi à synthétiser une molécule plus lourde que l’air. Jusque-là, rien d’impressionnant. Mais nous avons découvert que cette molécule avait des propriétés corrosives très rapides, notamment sur les éléments organiques. Les effets léthaux sont presque immédiats et particulièrement… Spectaculaire. J’en avais déjà entendu parler. Mais à voir sur un être humain… J’entends leurs cris dans mes cauchemars…
La radio est toujours en réparation. Puisse Dieu nous venir en aide…
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