Jour 3, date inconnue,
La ventilation s’est coupée. Son vrombissement a ralenti et s’est arrêté. Cela fait une quarantaine de jours que nous sommes ici. Sous cette terre, et ce béton… Il n’y a plus d’espoirs. Dans certains regards, on peut y voir l’attente de la mort. C’est terrible…
Nous avons eu un débat houleux sur le parti aujourd’hui. Je n’étais pas d’accord avec toutes les idées, notamment sur la politique à l’Est avec la Russie. Selon moi, nous avions avancé trop vite. D’après Eugen le soldat, nous n’avions pas frappé assez vite. Ce fut tout un débat, malgré tout intéressant. D’ailleurs, Eugen nous raconta un peu plus en détails son ancien poste, avant d’être affecté ici. Et nous ne l’avons pas cru.
Il nous raconta d’un ton calme et las ce qu’il a décrit comme un camp, au Nord de Hanovre. Bergen-Belsen. Là-bas, des milliers de prisonniers seraient logés sous d’immenses cabanes en bois. Les conditions de vie seraient atroces : les maladies et la faim seraient monnaie courante. Certains de ses collègues auraient abusés de jeunes filles. Les immenses fosses communes remplies de corps squelettiques. Il nous raconta tout, et n’omit aucun détail. Il ne cautionnait pas tout ceci, mais ne pouvais le faire savoir à personne. Il avait donc demandé un poste calme, comme celui-ci, dans l’ouvrage. Tout ceci paraît surréaliste, impossible même.
Je me suis endormi tardivement, encore perturbé par ses révélations. Tant de questions se bousculaient… Je compte les jours en fonction de mon horloge biologique maintenant. C’est peu fiable. C’est tout ce qui me reste.
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