L’épaisseur de destins contrariés par le temps

A cédé sous les coups d’un désir éternel…

Mais le ciel était noir et l’éclair fut cruel

Étonnés, les amants, stupéfiés dans l’instant.

Ce jour-là fut tremblant et la lune était belle :

Emparés par des vents qui roulaient sur les flots,

Des embruns s’échappaient pour enchanter des mots…

Embrassés, les amants, et leurs lèvres si belles…

Soudain, un cri mourant dans un lointain brûlant

Obligea leur étreinte à déployer ses ailes…

Un cri d’un temps passé, meurtrissure cruelle :

Sidérés, les amants, dans un baiser en sang !

La femme est à genoux, son amant la contemple :

Il est vivant encore et sa dame est partie…

Reviendra-t-elle un jour pour soulager ses cris ?

Endeuillés les amants, effondrés sous leur temple.

Épanouis dans sa nuit, ses souffles se libèrent

Musant au sein d’un cœur où tout espoir est mort.

Usant d’un sacrifice investissant leurs corps,

Elle s’introduit en lui qui pourtant désespère.

Dans sa bouche est le feu des baisers retenus :

Urgente est la demande, épuisée, son offrande.

Niée, morte à ses pieds, elle veut qu’il l’entende :

Elle en oublie la mort pour défier l’inconnu.

La dame a disparu sous les flots du malheur…

Un amant crie toujours mais il sait qu’il a tort :

Navré de s’être cru au-delà de la mort,

Enivré par son deuil, éreinté par ses pleurs.

Initié par la lune, il se laisse tomber,

Veut souffrir lui-aussi, veut s’ouvrir dans la nuit…

Refermant son manteau, la mort se serre en lui

Et offre à son aimée le plus long des baisers.