Noël
C’était un 24 Décembre mais de quelle année alors là, impossible de s'en souvenir avec précision. Il devait avoir 7-8 ans pas plus. Il se souvient de la joie ressentie en participant activement à la décoration de la maison avant d’accueillir la famille le soir venu.
Tout participait à la magie du moment. Le grésillement du vinyle qui tournait sur la platine, diffusant en boucle une musique de Noël des années 1970. Sa maman, affairée dans la cuisine, s'appliquait à apprêter la dinde avec soin. Les petits biscuits qui doraient doucement dans le four emplissait l'air d'une douce odeur de canelle. Toutes les lampes étaient allumées, permettant au grand salon de rayonner de mille feux. La buée épaisse sur les vitres rappelait la chaleur réconfortante du logis, contrastant avec le froid glacial qui régnait à l’extérieur.
Pour la première fois, sa maman l'avais autorisé à finir la décoration du sapin, puis à préparer l'apéritif qui serait servi sur l’énorme table basse en bois d'acajou. il participait également à dresser le couvert pour les convives du soir. Il se souvient surtout du plaisir et de la fierté qu’il ressentait alors qu'il préparait le plan de table, écrivant le nom de chacun des convives sur un morceau de papier.
La glue de toutes ces émotions est difficile à définir car l'effervescence de Noël est palpable. Mais il se souvient du bonheur qui rayonnait en lui tout en participant à une activité tout simplement familiale. Le père n’était probablement pas là mais, qu’importe : la joie et les rires résonnaient ce jour-là. Qui aurait pu deviner que cette grande maison allait devenir si froide et vide quelques années plus tard. Qui aurait pu croire qu’il ne ressentirait plus l’intensité de ces émotions .
Cédric ouvre lentement les yeux en ayant l'impression d’avoir fait un drôle de rêve où il était question de festivités. Il a également l’impression d’avoir un goût de pain d’épice dans la bouche, comme s’il venait juste de sortir de table. Qu’importe : c’est déjà loin et confus.
Il se réveille aux aurores, toujours avec son mal de tête. Il ouvre les yeux, lève le torse, se gratte la tête puis se lève péniblement du lit, cherchant son chemin jusque dans la cuisine afin de se faire couler un café.
Il hésite à ouvrir la porte du balcon afin de boire son café à l'extérieur comme à l’accoutumé, mais les températures glaciales l’en dissuade. Il remarque l’épaisseur de buée sur la vitre du salon qui lui rappelle un souvenir lointain, puis reprend ses esprits et se dirige comme un robot vers son canapé. Il s'assoit mécaniquement et reste là immobile de longues minutes, avec son café à la main en train de regarder l’écran noir de sa télévision.
Coïncidence ou non, il décide de s’octroyer une pause dans sa recherche d’emploi et refuse même d’ouvrir son ordinateur portable.
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