Bon sang, mais qu’est-ce qu’elle fait ?

Cela faisait de longues minutes qu’Andromède attentait devant l’autel. Même s’il restait froid et stoïque, son cerveau fourmillait de questions. Son mariage avec Lucinda avait été préparé à la hâte en quelques heures, sur un coup de tête. Et si son cher amour avait décidé de reculer ? De renoncer à cette union ? Après tout, qu’avait-il à lui offrir ? Certes, il était le prince héritier du royaume elfique Sylvain, mais il l’avait fui à cause de divergences éthiques avec son père. Pour Athor seule sa race prévalait, les autres n'étaient que des parasites qu’il fallait au pire oppresser, au mieux ignorer. Il ne partageait pas cet avis. Il s’apprêtait, d’ailleurs, à épouser une humaine, sans doute la plus abjecte trahison dans le cœur paternel. Mais il s’en moquait. Il aimait Lucinda comme jamais il n’avait été épris de quelqu’un. Elle était son rayon de soleil, le morceau qui manquait à son âme pour se sentir complet. Cette attente était longue, presque interminable et le doute lui rongeait peu à peu le cerveau comme un horrible ver. Et si elle ne venait pas ?

Dorian avait quitté la chapelle depuis quelques minutes, laissant présager qu’il était parti en quête d’informations sur la future mariée et il n’était toujours pas revenu. Andromède s’en voulut, il aurait dû envoyer Anna plutôt que ce type en qui il n’avait jamais eu confiance. Le magicien était fourbe et malsain. Il avait beau jouer les repentis, l’elfe n’était pas dupe ; il préparait un sale coup qui allait troubler la pérennité du royaume d’Efendil. Il restait constamment attentif à tous ses faits et gestes. Pour le moment, il fragilisait la cour en sortant avec Firiel, l’épilogue de leur union serait catastrophique.

Andromède ne put s’empêcher de fusiller Dorian du regard quand ce dernier réapparut, informant l’assemblée que la mariée réglait quelques détails avant d’arriver. Il se plaça ensuite en face du futur époux, là où devait se tenir le témoin. Pourquoi Lucinda avait-elle tant voulu que ce type ait cet honneur ? Il ne le méritait pas, c’était un serpent vicieux. Il retraçait mentalement tous les méfaits du mage lorsque la porte de la chapelle s’ouvrit. Andromède tourna machinalement le regard vers l’entrée, mais ce qu’il vit le laissa bouche bée.

Lucinda se tenait là, elle était resplendissante. Elle avait revêtu une merveilleuse robe blanche richement ornée. Son bustier n’était qu’un élégant entrelacs de dentelles et de perles mettant indéniablement en valeur ses formes. Il était porté sur un jupon bouffant qui avait des allures de délicieuse chantilly. Ses cheveux étaient remontés dans un chignon sophistiqué retenu comme par magie par des roses. Elle était… Andromède ne trouvait pas de mot pour la qualifier, en tout cas, aucun n’avait assez de poids pour souligner la beauté qu’elle dégageait à cet instant. S’avançant doucement au bras de son frère, elle rayonnait de bonheur. Elle était juste parfaite.