Le bruit me fatigue autant que la foule de fans qui s’agite pour essayer d’apercevoir le trio Upa Dance. Je reste quand même à l’écart, entre tristesse et colère. Roberto qui signe ou se fait prendre en photo, le remarque.

Leur deuxième concert est ce soir, dans deux heures dans la même salle que le week-end dernier. Vu l’engouement du premier, il a été décidé d’organiser dans un premier temps, une heure de rencontres. Là, dehors, les gardes ont du mal à canaliser et répètent que la séance va bientôt ouvrir.

— Marta ? Vient ! Laissez moi passer, je la connais merci.

Il rassure l’un des gardes qui lui ouvre la barrière. Je m’assois sur le banc à regarder mes mains. Il est essoufflé et j’attends avec angoisse sa question :

— Qu’est qu’il y a ? Tu ne sembles pas heureuse d’être ici.

J’ose enfin lui faire face et il perd son sourire. Derrière lui, devant la grande porte, Tania et César sont dans le même état. Je ressens également de la jalousie des curieux et je suppose que des journalistes me prennent en photo…

— Ecoute, on n’en a parlé plusieurs fois. Il y a toujours une pointe de jalousie et je suis quand même bien sûr heureuse pour toi.

— Vient en au fait.

— Je ne suis en rien utile. Vous voir dans la lumière et le bruit ne m’intéresse plus.

— Marta….

— On en rediscutera. Bonne soirée.

Je lui dépose un léger baiser et part marcher plusieurs minutes. Plus pour oxygéner pour cerveau que pour ma santé même. Je commence à me perdre un peu et décide d’appeler un taxi pour me déposer chez mes parents. À peine déchaussée que je surprends ma mère qui m’a entendu.

— Marta ?

— Oui, c’est moi maman.

Je la retrouve comme à son habitude dans la cuisine, elle préfère toujours prendre de l’avance.

— Tu es venu en taxi j’espère ?

— Oui. Au fait, tu pourras me déposer à l’école avant la fermeture ?

— Tu peux dormir ici, tu sais.

— Non, c’est gentil. Papa est là ?

— Avec des amis pour un plan de chasse.

— Un plan de chasse ? Remarque, je m’en fiche. Il sera quand même là au dîner ?

— Non, ils dorment en tente. Tu vas bien ?

— Tant mieux qu’il ne soit pas là. Je voudrais te parler d’un sujet entre filles.

— Je t’écoute.

— Voilà, il y a un problème.

— Comment ça ?

— Je suis à peine de retour à l’école que…je suis enceinte. Et papa n’aime pas du tout Roberto.

Elle lâche sa louche qui tombe lourdement sur le plan de travail. Passant de la surprise à des larmes de joie, elle m’enlace et je ne réagis pas. Elle le comprend et me prend mon visage pour tenter de me réanimer :

— Ton père finira par accepter si tu le garde. En attendant, l’important c’est ton ressenti. Tu veux être mère ?

— Maman, tu le sais qu’avoir une transplantation cardiaque change les gens…Mon rêve était d’être dans Upa Dance ou simplement comme ma sœur en réussissant la danse à un haut niveau. Je me sentais mal depuis trois jours et le test est sans appel. Je suis enceinte et j’en ai aucune idée, si je veux être maman si jeune. Je suis perdu, je ne sais même pas quoi faire pour mon avenir.

— C’est normal d’avoir ce bouleversement. Tu peux avorter si tu le désires.

— Roberto serait si heureux d’être père.

— Tu auras d’autres occasions d’avoir un enfant.

— Tu crois que je devrais lui en parler ?

— Communiquer est la base d’un couple ma chérie.

— Ouai, au fait, tu as des nouvelles d’Adela ?

— Pourquoi tu me parles d’elle ?

— Car communiquer est aussi la base d’une famille. Mon autre rêve serait de nous voir réunir.

Je la touche et je m’éloigne pour aller au toilette. Une fois de retour, je la recharge avec ma sœur pour mettre les choses au clair, une bonne fois pour toute.