Pardonner à tout prix
On s’installe autour de la table en attendant que l’une de nous, se décide à argumenter une nouvelle fois.
— Maman, j’en ai marre de cette situation depuis trois ans. Adela m’a tout raconté tu sais. Au début, j’étais en colère moi aussi de son long silence, puis après, j’ai compris.
— Compris quoi ?
— Tout est de votre faute. Et surtout de papa.
— De papa quoi ?
— Tu n’es pas avec tes amis ?
Elle est aussi surpris que lui et ma colère gronde. Je n’ai jamais abordé ma sœur depuis nos retrouvaille, ça va exploser, c’est nécessaire de crever l’abcès.
— Je vais les rejoindre. Je suis juste rentré chercher deux fusils et ma veste. On change de coin. Ça va Marta ? Qu’est-ce qu’elle là ma chérie ?
Ma mère hésite à lui dire et je commence à rire. Mon père pose une main rassurante sur mon épaule, c’est le geste qui fait enfin tout déborder.
— Non ! Ne me touche pas !
Il recule tandis que je m’isole vers la cuisine. Ma mère lui chuchote les dernières nouvelles et tout sort.
— On s’en fiche que je sois enceinte ! Il s’agit de pardonner à Adela !
— Marta, ta sœur est…
— Papa ! Pourquoi tu n’oses pas avouer ta faute ! Maman l’a enfin fait ! Elle s’est excusé de ne pas l’avoir aidé alors qu’elle avait envie, besoin d’une aide bordel ! Pourquoi, pourquoi vous ne m’avez rien dit ?! Pourquoi, vous continuez à m’aider ?! Elle a changé ! Elle n’est plus celle qui était dans le mal ! Plus du tout alcoolique ! Alors répond moi bordel !
— Ecoute Marta, ta sœur était déjà adulte, elle savait où elle mettait les pieds. Je ne suis responsable de rien. Et puis, tu étais mineur, te le dire aurait entachée l’image que tu avais d’elle.
— Irresponsable ? Toi ?! Oh oui tu l’es ! Comme pour avoir donné un fusil à Roberto pour ce stupide test ! Ou l’empêcher que je le voie en douce la nuit sous prétexte de me protéger ! Quoi ?! Ne fais pas cette tronche ! C’est moi qui suis venu ! Il est si respectueux des consignes, si peureux de décevoir qu’il me repoussait pour un simple baiser en votre présence !
— Eu, ma puce, le rapport avec ta sœur ? Tu nous perds là. Et puis, je dois y aller.
— Bé casses toi ! Tes sangliers à égorger t’appellent ! C’est plus facile à faire que de tendre la main, une oreille à tes propres filles en détresse ! Plus facile que d’accepter leurs évolution !
— Marta, calmes toi ma puce.
— Tu as un sérieux problème papa ! Tu n’acceptes pas les gens qui ne sont pas comme toi ! Tu joues les papas poules avec moi pour ne pas, je me répète, admettre un regret. Pourtant tu étais toujours là, égal avec nous. Depuis le départ d’Adela et même depuis mon envol à l’école, tu chasses plus, tu joues les durs et n’écoute que toi. Oui, tu n’as pas finalement, un problème mais plusieurs !
— Tu veux que je m’excuse auprès d’Adela c’est ça ?
— Papa, ma vie s’est raccourcie. Et ça me fait de la peine de me dire que je ne connaitrais plus jamais, une famille réunie. Les erreurs sont humaines et Adela a toujours était une étoile pour moi, une référence. Elle s’est blessée et ce n’est pas de sa faute. Elle a juste choisi l’alcool et les médicaments en plus du striptease car c’est de votre faute. Vous l’avez jugez. Détruite quand elle avait besoin de vous et quand, parfois elle refusait. Vous n’avez jamais insister, pousser. Vous pensez que vous êtres sacrifiez pour nous, suffisait à nous montrez l’exemple. On a finalement compris, il faut se débrouiller seules.
— Marta…
— Non, maman ! Ne t’approches pas, je vais bien. Il fallait bien que ça sorte. Je compte de tout manière appeler Adela pour qu’elle passe un week-end ici. On fera une dernière mise au point, en espérant que mon souhait se réalise, hein papa ?
— Pardon ma puce, je n’avais pas compris tout le mal que ça pouvait te faires. Crois moi que, tu as raison. Oui, mon père m’avait élevé dans l’idée qu’un homme n’avoue jamais ses torts et voir ta sœur dans cet état, m’a brisé le cœur. De plus, dès son refus qu’on l’aide, je me disais, à quoi bon retester, elle ne veut rien savoir de nous. Le temps à fait son œuvre et c’est vrai encore une fois, que je ne refuses de voir qu’elle a changé.
— Tu es prêt à l’affronter ?
— Oui.
— En espérant qu’elle soit en congé.
— Elle est où ma chérie ?
— Au pays de l’Oncle Sam mon cœur. Une proposition de poste fait par….
— Ouai, elle a était évincé plus tôt pour une histoire de cœur !
— De quoi ? Comment ça ma puce ?
— Oublie maman. Alicia va bientôt se barrer, ruinée de tout manière, mal aimé par toute l’école, une fois partit, Adela reviendra vite fait.
— Elle refuse de revenir car il n’y a pas de poste ?
— Je vois bien que tu lui parles pas beaucoup…C’est une évidence.
— Bon, mes princesses, papa va devoir partir, je vais chercher ce qu’il me faut. Prenez soin de vous, je vous aime.
Il nous embrasse en me promettant à nouveau qu’il est prêt pour la discussion. Une fois partit, je m’effondre fatiguée sur le canapé et ma mère me donne volontiers un grand verre d’eau.
— Ma puce ?
— Hum…
— Je tiens à m’excuser aussi de toute ces années perdues. On pensait vous avoir donner les bonnes clés, on pensait bien faire les choses. On est certes strictes mais on était élevés comme ça. Surtout que payer vos années d’écoles coûtent cher et donc, on a trimer sans compter nos heures pour vous assurer un meilleur avenir.
— J’ai pigé, ça va…Merci quand même.
— On est en tout cas, fier de vous.
— Pourquoi ?
— Au-delà qu’elle était une très bonne danseuse étoile, le fait que Carmen vous considère comme les deux meilleures danseuses qu’elle n’avait jamais eu, c’est extraordinaire. Deux sœur parmi une petite poignée de grands élèves.
— Maman…sans compter sa chute, elle a réussit à alignée de grands points. De grands ballets, une grande professeur reconnue…et moi ? J’ai quoi ? Je suis à ma troisième année. Alors oui, ok, j’ai dansé avec ma sœur pour une grande scène mais, à peine commencé, que suis atteinte d’une cardiopathie sévère sans origine précise. Ma jeunesse fait qu’heureusement, j’ai eu une greffe rapidement mais pour aller où précisément ? Je suis de retour en cours, plus tôt que prévu. Je maitrise moyennement mes danses pour ménager mes efforts. Sauf que, voir Upa Dance réussir sans moi dedans, m’attriste. Le producteur n’a pas voulu écouter Roberto pour que je soit auditionner pour retrouver ma place. C’est compliqué cette affaire avec cette fille Tania. Je lui pardonne car c’est la faute de Roberto qui l’a prise à ma place en attendant que je revienne…Mais, je lui en veut à mon mec pour ce coup-là ! Il n’a pas hésité pour attendre que je revienne, il a menti ou je ne sais quoi par rapport à des délais ou des pressions. Pourtant, je n’ai jamais cessé de l’aimer et il me le montre bien qu’il se sent peiné. Il m’a sauvé quand je voulais en finir.
Elle m’écoute en séchant mes larmes, elle aussi triste. Je me colle à elle pour avoir son baiser sur mon front et son silence rassurant.
— Comment ça tu voulais en finir ? C’était quand ?
— C’est long à expliquer, j’en ai fais moi aussi des conneries. Je veux juste penser à demain et savoir si finalement, être mère est la meilleure chose. Je suis interdite de tout effort intense, si je peux terminer les deux dernières années avec le diplôme, ça serait une grande réussite. Je finirais peut être par travailler dans les coulisses d’un théâtre à vendre des tickets ou diriger des acteurs…Où autre chose mais pas dans la musique, je suis mauvaise à mon sens bien qu’on me dit que je suis finalement moyenne.
— Marta, être mère ne se résume pas à être cloitrée à la maison. On sera là pour t’aider à l’élever et te permettre de faire d’autres études.
— Roberto sera veuf jeune et mon enfant n’aura pas la joie de voir sa mère vieillir. Donner la vie pour qu’il en perte une en cours de route, est-ce judicieux ?
— Tu sais, c’est bateau comme réflexion mais la mort fait partie de la vie.
— Hum…je dois en parler demain à Roberto.
— En parlant, de lui. Il faut cessé de lui en vouloir, c’est comme pour nous avec ta sœur, tu l’as dis toi-même, tout à l’heure. Il faut pardonner et il a cru bien faire. La preuve, il a tout fait pour réparer son erreur en essayant que tu retrouves ta place.
— Tu as raison, en plus, on ne cesse de rabâcher le sujet enfin plus moi….
— Il y a tant d’autres moyens de s’épanouir, cependant, oui, il faut que tu fasses le deuil de la danse. Enfin, celle professionnelle.
— C’est si difficile, moi qui voulait être comme ma sœur, être sous les projecteurs. J’adore qu’on m’admire, que le monde entier, reconnaisse mon talent.
— Ta famille, ton copain admire ton talent. C’est l’essentiel ma puce. Souviens-toi de ce que je t’ais à l’instant expliqué, il y a tant d’autres moyens d’être heureuse et je suis sûr que tu as d’autres cordes à ton arc.
— J’espère que tu as raison. Finalement, je suis fatiguée, tu peux me ramener ?
— J’ai mieux ma puce. Je vais finir le repas et je t’invite au restaurant avant de te déposer, qu’est-ce que tu en penses ?
— Bonne idée, ça me changera l’esprit.
— En parlant d’esprit, on a viré Antonia et on va rajeunir le salon.
— Pourquoi l’avoir viré ?
— Enfin on a rompu le contrat, je vais me remettre au ménage, c’est bon pour mon corps de vieille dame. Blague à part, pour le salon, on va peindre en blanc, créer une véranda, réagencer les portes, enfin, bref, on a déjà commencé à faire deux devis et les travaux devraient commencé dans deux semaines, mi-décembre.
— Je vais me rafraichir.
Je lui sourit avant de m’enfermer dans la salle de bain. Mon téléphone sonne après m’être rincer à l’eau froide pour retirer mon maquillage :
— Coucou ma belle, ça va mieux ?
Son ton est léger, j’ai honte d’être une boule indécise, énergique et une lâche, menteuse…Mes larmes reviennent, je les contient au maximum en reprenant ma respiration :
— Je…mon cœur. Je passe du temps avec ma mère et je rentre dormir à l’école. J’aurais besoin de te parler demain, je te l’ai promis et j’y tiens. En tout cas, je t’aime. Profite bien du concert, je te soutiendrais toujours, je t’aime en tout cas.
…
Elle a quitté la conversation et j’en ressors toujours sans réponse. Signer, sourire et entendre les jeunes fans me fait certes plaisir mais j’aurais tant aimé que Marta en fasse partit. Elle me manque beaucoup.
— L’organisation nous accordée une dernière mise en place de séances de dédicaces dans vingt minutes puis vous aurez quinze minutes de pause avant le concert. Des questions ?
Le producteur tombe bien et je me lève pour aller le voir. Faut que je retente mon projet mais d’une autre manière. En plus, Tania et César me suivent.
— Justement, j’aimerais discuter de quelque chose de très important.
— Je t’écoute.
— Voilà, tu te souviens de Marta ? Ma petite amie qui était à la base là avant Tania ?
— Vient en au fait. Si tu comptes sur moi pour briser le groupe en la remplaçant parce que c’est ta copine, je refuse niet.
— Non, non. On voudrait l’intégrer. En faire une deuxième danseuse.
— Les gens sont déjà habitués à votre trio. Pourquoi casser ça ? Tu lui as promis c’est ça ?
— Oui. Ecoute, elle sera juste danseuse ! Elle a du talent ! Les gens vont aussi l’adorer !
— Lundi, dix sept heure à mon bureau. J’espère qu’elle saura me convaincre. Ensuite, si c’est ok, il y aura une partit test démo avant de conclure un nouveau contrat.
— Merci ! Tu ne seras pas déçu !
— Hum, j’espère aussi. J’ai horreur de perdre du temps. Bien, les minutes défilent, je reviens dans moins de dix minutes.
Il referme derrière lui et on souffle un bon coup. Elle voudrait être connu, c’est le bon moment à saisir. Je me pardonnerais jamais comme César, du coup que je lui ai fait.
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