Ascenseur émotionnel

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— Attend, tu peux répéter ?

— Je suis enceinte.

— C’est bien ce que j’ai entendu.

— Tu ne sembles pas heureux.

Elle se fout de moi là non ?! C’est elle, qui n’est pas enthousiaste. Je me lève pour tourner en rond dans ma chambre avant de me calmer pour lui faire face.

— Tu es à peine rentrée pour qu’on discute et tu m’annonces cash que je vais être père. Comment veut tu que je le prenne ? Evidemment, super bien ! Sauf, vu ton air triste, que tu veux avorter.

— J’en sais rien en fait. J’aurais voulu être mère bien plus tard. Seulement, je ne peux espérer vivre de la danse. Je pense me poser. Et puis, j’aimerais ne pas stopper l’école, si je tiens deux ans c’est top.

— Être enceinte n’est effectivement pas compatible avec les cours mais on trouvera des solutions.

Je m’installe à ses côtés et elle continue à me fixer. Je soulève son haut pour poser ma main sur son ventre plat. Une chaleur m’envahit et tout mon passé défile. Puis mon futur quand elle pose sa main sur la mienne en larme :

— En fait, j’angoisse de laisser notre enfant sans mère plus tard et surtout, j’ai vu qu’être enceinte est possible mais risquée. Et tant d’autres questions….

— Depuis quand tu le sais ?

— Quelques jours. Tu me lâcheras pas ? Hein ?

— Jamais ma belle, jamais.

J’essuie ses larmes avant de l’embrasser langoureusement. Elle y répond et m’embarque en arrière pour me planquer. Nos corps sont chaud bouillant malheureusement, il est neuf heure et César peut rentrer à tout moment. Elle préfère rester coller, sa tête contre mon torse.

— Marta ?

— Hum…

— J’ai une bonne nouvelle pour toi.

— Je t’écoute.

— Lundi, dix sept heure, tu devras danser pour notre producteur. Je l’ai convaincu que tu pouvais faire partit de notre groupe en tant que danseuse. J’espère que….

— Tu n’es pas sérieux là ?! Attends !

Elle s’agite un peu anxieuse et j’arrive à la canaliser. Je ne pensais pas que ça pourrait tourner comme ça. Son cœur bat plus vite, j’ai encore fait une connerie…

— Calmes toi tu veux. Je pensais que tu voulais revenir dans le groupe et…

— Non ! Enfin si ! Besoin de me rafraichir ! Putain j’ai souvent chaud en ce moment !

Je la suis inquiet, elle boit deux verres d’eau avant de retirer son haut pour voir sa cicatrice puis son ventre pour finir vers moi sans une nouvelle fois, y croire.

— Tu n’es pas sérieux ?

— Ecoute, je sais bien que le cardiologue t’interdit de danser à hautes doses. Mais, tu vois, on continue à innover de nouvelles chorégraphies.

— Je ferais du Molière dans le malade imaginaire. Ça serait drôle de mourir de sa passion.

— Il va me tuer si tu refuses mais je trouverais de quoi argumenter.

— Non ! Non ! Je vais lui montrer ! Et on va s’entraîner de suite ! J’ai peu de temps pour trouver quelque chose. Tu veux venir ?

— Bien sûr, on va voir si la salle est prise.

….

Juste après la première répétition, je me suis décidé à avorter après le rendez-vous si jamais je suis prise. Sinon, je ferais tout pour au moins, réussir quelque chose de bien. Sauf que ce n’est pas la chose la plus incroyable.

Roberto me laisse me reposer après manger et j’en profite pour rappeler ma sœur. Elle avait tenté de faire de même suite à mes sms. Allongée dans ma chambre, c’est au bout de trois sonneries que je l’ai enfin :

— Tu es invité sans discussion à la maison, le week-prochain. Papa va s’excuser, ne me remercie pas, j’aimerais au moins avant de mourir, nous voir réunir.

— Heu, Marta. Déjà, bonjour hein et puis, tu n’es en rien obligé. Ok, je sens que tu veux argumenter et s’il tient, j’accepte.

— Super ! Autre chose, Alicia est dans le rouge, le gouffre et des rumeurs circulent sur sa démission. Carmen ira te ramener par la peau des fesses pour retrouver ta place.

— Hum, j’en doute pas.

— Tu te plais toujours là-bas ?

— On m’a viré depuis deux semaines, je bosse en tant que caissière.

— Hein ?! Mais…

— La direction était une catastrophe, elle ne voulait pas accepter mes conseils, trop c’est trop donc, voilà. Une bonne fin de paye et je pense vraiment reprendre un vol pour revenir.

— Pourquoi tu n’es pas ici alors ?!

— J’espérais que ça change d’avis. Bref, si Alicia s’en va, promis je rentre. Carmen ne m’a rien dit sur ça. En plus, si papa veut me parler, alors disons que dès que j’ai un avion, je me tire. Tu diras à maman de venir me chercher. Je ferais la surprise à Carmen.

— Cool !

— Bon, et toi ? Comment ça va ? Tu t’y fais avec ton nouveau cœur ?

— Je suis enceinte mais si je peux rentrer dans le groupe Upa Dance lundi, j’avorterais. Roberto à enfin réussi à me prendre un rendez-vous pour un test en tant que danseuse.

— Tu es enceinte ?!

— C’est tout ce que tu as retenu ?!

— Roberto est ok pour être père ?

— Oui, il en rêve !

— Et toi ?

— La danse, le sang. Mais, je suis ok avec ça et puis, rassures toi, les parents sont au courant.

On discute encore pendant dix minutes avant qu’elle ne parte à son poste. Moi, le sommeil m’emporte finalement jusqu’à un sms assez bizarre qui me réveille, dans la demi-heure :

« Coucou c’est Rosa, oui, je sais, tu as déjà mon num, je suis dans la merde et je ne peux compter que sur toi ma belle, rappel moi. Tes mots ne suffiront pas forcément ».

Rosa est une amie d’enfance et je sais qu’elle baigne dans les problèmes plus que moi. Si moi, j’y vais souvent tête dedans sans réfléchir, elle, elle les attirent sans les chercher. Je l’ai toujours soutenu et sauvé en diplomatie, ce qui est un exercice difficile. Sauf que ses derniers mots me font monter des sueurs froides.

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