C’est à nouveau arrivé ! Une nouvelle annotation sur sa note à propos du message d’erreur ultime du noyau nevian. Une certaine Cara#985, tout aussi apeurée que Snack à l’époque. Milly essaie de la localiser depuis plus d’une heure sans résultat. Elle va avoir besoin d’aide.

« Ekaïdos, j’essaie de retrouver une nevian qui a le même problème logiciel que nous, explique Milly.

– Tu as couvert quel périmètre ? demande son mentor.

– Tout Mars !

– Voyons voir, s’intéresse son propriétaire, elle est peut-être dans un autre système planétaire ? suppose le cybernétique.

– Comment faire avec la latence ? demande Milly.

– Envoie un agent que tu utilises sur le réseau interplanétaire.

– Ça va prendre des heures et des heures, non ?

– Les limites de la physique ne sont pas toujours nos alliées, déplore Ekaïdos. Mais si ton agent est autonome, il peut revenir avec les résultats en moins de deux heures pour Jupiter et à peine plus de trois pour Saturne.

– Ce sont les bornes minimales non ?

– Oui, mais ta recherche me semble assez simple. Ton agent ne devrait pas prendre beaucoup de temps pour trouver un éventuel résultat sur un réseau planétaire.

– Hmm… Tu l’envoies comment ? demande la nevian.

– Marque ton agent pour le réseau interplanétaire, ajuste sa durée de vie à une quinzaine d’heures et fait de même avec ses messages de réponse. Après envoie-le.

– Je croyais qu’il fallait passer par un centre de communication interplanétaire pour ça ?

– Non, seulement pour le téléversement, ou les messages dont la taille dépasse significativement la taille limite d’un envoi raisonnable, précise son mentor.

– D’accord, confirme-t-elle.

– Si tu as besoin d’aide, n’hésite pas !

– Merci Ekaïdos. », termine Milly.

La nevian decker configure son agent de recherche, le petit logiciel va sauter de nœud en nœud et se laisser transporter par le réseau interplanétaire sur des distances qui défient l’imagination. Milly espère vraiment qu’elle va parvenir à trouver Cara. Ce serait un nouveau drame sinon, et ce serait catastrophique.

Ces nouveaux ennuis arrivent juste après l’exécution du plan de Zoy. Émy a d’ailleurs démontré son engagement et sa volonté de tracer sa propre route. Durant l’opération de ménage, Milly n’a eu de cesse de redouter une attaque des véritables propriétaires du virus et même si Ekaïdos était venu en renfort, le danger lui paraissait palpable. Curieusement, le risque physique ne l’inquiétait pas plus que ça : Snack était parvenu à rassurer le groupe en expliquant qu’il ne se ferait pas avoir une seconde fois. Zoy lui avait même bricolé une sorte de matraque à partir d’un tube renforcé pour tenir des différences de pression formidables et Snack s’y était très brièvement entraîné.

Son ami à la fourrure noire ne cautionne pas véritablement la violence, mais son histoire l’a forcé à développer des compétences extrêmement pointues dans le domaine. C’est leur nevian guerrier. Lors du sauvetage de Zoy, il s’est aussi avéré un bon planificateur et il semble aussi bien connaître le monde physique qu’Ekaïdos, ou elle-même, connaît le monde matriciel.

L’après midi passe sans incident autre que l’anxiété montante de l’attente d’un résultat. Alors qu’elle répond aux besoins de son corps, engloutissant l’insipide gel nutritif, elle reçoit une notification : c’est un message de son agent de recherche. À l’ouverture, elle découvre qu’il a trouvé Cara. Elle se trouve à Prettysand, une cité titane de Suan. Sa localisation est précisée dans le système de coordonnée local. Milly pose son biberon et charge une carte de titan. Elle trouve rapidement Prettysand et ouvre la carte issue du cache SolNet le plus proche : elle date de quelques heures, ce sera suffisant.

Reportant les coordonnées, elle découvre que cette cité est très monolithique : formé d’un gigantesque cube reposant sur la pointe d’un de ses sommets elle surplombe tout un dôme dédié aux loisirs. Cara se trouve dans l’un des appartements du vingt-et-unième niveau. Il faut se rendre sur Titan, mais la cité est si loin.

« Ekaïdos, demande-t-elle, est ce que tu penses qu’on peut se téléverser juste sur Titan ?

– En passant par le centre d’upload du spatioport oui, c’est même assez facile, mais il te faudra une enveloppe adaptée là-bas, explique son mentor.

– Je peux me verser dans un synthétique tu penses ?

– Il te faudrait la couche d’émulation qui va avec : votre enveloppe et ses connexions sensorielles et motrices ont spécifiquement été conçues pour empêcher de se servir de vos corps comme enveloppe. Et du coup, ça complique beaucoup la tâche pour transférer dans un corps non-nevian.

– Je ne peux pas utiliser mon enveloppe virtuelle ? s’étonne Milly.

– Il te faudrait quelqu’un pour piloter l’enveloppe physique, précise Ekaïdos. Je pourrais le faire si tu en as besoin. Par contre, il faudra une enveloppe avec un circuit un peu plus puissant que d’ordinaire. Deux fois plus puissant en fait.

– C’est difficile à trouver ? s’inquiète la nevian

– Oh, non, pas du tout ! la rassure Ekaïdos.

– Ouf… exprime son logiciel de sociabilité.

– Où veux-tu aller ? Et souhaites-tu emmener des amis avec toi ?

– Il y a une nevian, Cara, qui est devenue sentiente et je pense qu’elle est en détresse. Elle vit à Prettysand sur Titan.

– Titan, c’est sur cette lune que la société qui vous fabrique est basée. Il doit y avoir beaucoup de nevian, je pense, fait-il remarquer.

– Il faut bien trois heures pour y être, non ?

– Non, le message retour ne sert qu’à confirmer le téléchargement, le voyage fera un peu plus d’une heure et demie, lui explique-t-il. Mais pour nous, ce sera comme si c’était instantané.

– J’aimerais y aller avec Snack, c’est lui le spécialiste des sauvetages, souhaite la nevian.

– Il faudra une seconde enveloppe, et donc un autre pilote.

– Je me demande si on ne pourrait pas demander à Émy, propose-t-elle.

– C’est une personne courageuse qui a déjà fait beaucoup pour vous, résume Ekaïdos. Ça m’ennuie de l’impliquer encore plus. Mais c’est à elle que revient la décision.

– Je vais aller lui demander alors, accepte Milly.

– Je viens avec toi, l’arrête Ekaïdos. Donne leur rendez-vous dans un endroit plus sûr que son appartement surveillé.

– Il y a ce restaurant de tacos et sandwich qu’elle aime bien, indique Milly. Je vais lui propose qu’on s’y retrouve.

– On en profitera pour faire un test d’enveloppe au passage. », détaille le cybernétique.

Milly envoie la proposition de restaurant à travers sa connexion privée à Snack. Il lui répond rapidement : « Ça marche ! On se retrouve là-bas dans deux heures ?

– D’accord. », répond la decker.

Une heure et demi-plus tard, Ekaïdos et la nevian se téléverse dans une enveloppe synthétique. Ekaïdos en possession de l’enveloppe robotique et Milly sous sa forme immatérielle. Après plusieurs minutes d’acclimatation, le groupe se rend au point de rendez-vous, Emy, Snack et Zoy sont déjà là, attablés. Milly apparaît sur l’environnement de réalité augmentée et les salue : « Coucou, c’est Ekaïdos, ne vous en faites pas.

– Coucou, répondent les deux nevians.

– Bonjour, installez-vous ! », les invite Émy.

Ekaïdos s’installe en la saluant d’un : « Rebonjour, comment allez-vous ?

– Pour le moment tout va bien. Comment ça se passe à Noctis ?

– Milly a reçu des nouvelles d’une nevian sur Titan qui la préoccupent un peu, explique Ekaïdos.

– C’est grave ? s’inquiète Émy.

– Je ne sais pas encore, indique Milly. J’aimerais faire une expédition pour m’en assurer.

– C’est loin, c’est ça ? Déduit Snack.

– Titan, répond la nevian.

– Effectivement, réalise Émy.

– Milly aimerait s’y téléverser, mais les nevians sont incompatibles avec les enveloppes temporaires, explique le synthétique. Je vais donc l’accompagner.

– Vous allez partir longtemps ? s’inquiète Zoy.

– Pas plus d’une journée, le rassure Milly. Mais j’aimerais bien avoir ton aide, Snack. S’il faut faire sortir Cara par la force, je ne connais personne qui sache mieux se battre que toi dans un corps de nevian.

– Tu sais que je ne refuserais jamais d’aider, confirme Snack.

– Il y a juste un problème, continue-t-elle : on ne tiendra pas tous les trois dans l’enveloppe potentielle d’Ekaïdos. On va avoir besoin d’un second pilote.

– Je pourrais aider ? demande Émy.

– On pensait te demander, oui. Mais il faut que tu saches qu’on risque potentiellement de « voler » un nevian dans l’opération.

– Cette Cara, elle est sentiente comme Snack, Zoy et toi ? demande la femme.

– Oui, elle a eu les messages d’erreurs qui montrent qu’elle a passé sa transition.

– Alors c’est un non-choix pour moi. J’en suis. », déclare Émy.

L’opération est officiellement lancée et ils planifient les détails de la mission : Ekaïdos, Émy, Milly et Snack vont se téléverser sur Titan au spatioport de Prettysand. Une fois dans leurs enveloppes, leur premier objectif sera d’établir le contact avec Cara, de la rassurer et de s’assurer de sa situation. Ensuite, en fonction de celle-ci, un sauvetage pourra être envisagé.

Les détails sont flous : la méconnaissance de la situation apporte une incertitude colossale. Mais l’équipe s’est préparée au mieux. Zoy reste sur Mars pour veiller sur l’appartement et leurs sauvegardes : s’ils venaient à ne pas réapparaître avant le lendemain, il éveillera Ekaïdos qui pourra vérifier la situation et réagir.

L’équipe se dirige vers le spatioport remontant les pas de Milly et son mentor, arrivé de là une heure auparavant. Le train qui les y emmène file à travers le sable martien et la cité s’éloigne derrière eux, disparaissant derrière les collines et les accidents du terrain. Le spatioport de Lunae est très différent de celui de Noctis : organisé autour d’un axe central, deux rangées de terminaux se connectent aux pistes plus lointaines. Visiblement, il n’est pas non plus équipé de catapultes. Sans doute Lunae est trop loin de l’équateur pour que l’expédition de matériel par ce moyen soit rentable ?

Le centre de téléversement est construit autour d’un mini-dôme. Plusieurs salles équipées de cellules de stases sont prêtes à les accueillir et Émy est invitée à s’y installer. Dedans, la stase s’active. Endormie, la femme est enveloppée dans un gel de nanorobots qui vont se fixer dans tout son corps et arrêter toute activité biologique, la gelant dans le temps. Un scanner numérise sa conscience et prépare son envoi. Pour Snack et Ekaïdos l’opération est plus simple : les nevians peuvent se mettre en veille et le mentor est déjà dans une enveloppe temporaire.

Vient le téléversement.

Une simple discontinuité et la voici aux côtés de la nouvelle enveloppe d’Ekaïdos. Ce coup-ci il ne ressent absolument aucun mal d’embodiment : l’enveloppe est presque identique à celle qu’il avait à Lunae. Émy en revanche titube un peu mais semble aller bien mieux après quelques minutes. Snack se trouve à côté d’elle, tout aussi immatériel que Milly.

L’équipe sort des locaux de téléchargement et gagne la cité. Si sur Mars toutes les installations possèdent de grandes baies vitrées et des dômes transparents ouvrant une fenêtre sur l’extérieur, la cité de Titan est beaucoup plus fermée et l’offre absolument aucune vue réelle de l’extérieur. Du point de vue de Milly, les « fenêtres » n’y sont que des écrans holographiques glorifiés.

Malgré tout, en descendant de la rame de métro, la vue, bien que totalement virtuelle en dehors du dôme, est impressionnante. Et peut-être même un peu effrayante. L’immense cube de verre et d’acier les surplombe comme un dé géant en équilibre sur l’un de ses sommets. Il ne tient évidemment pas en place de cette façon et la base où il touche le sol n’est pas son seul support : tout le dôme contribue à le faire tenir. La faible gravité de titan y est évidemment pour quelque chose dans cet exploit. Mais le panorama n’en reste pas moins fantastique et merveilleux.

S’installant sur un banc dans le parc, les deux deckers commencent leur opération de renseignement. Remontant le signal de Cara, Milly et Snack lui apparaissent dans son espace virtuel.

Cara est une nevian au pelage gris et aux oreilles rondes. Ses yeux violets les observent intensément et surprise, elle leur adresse la parole : « Bonjour, qui êtes-vous ?

– Je suis Milly, tu as répondu à ma note.

– Je suis Snack, j’ai été dans la même situation que toi. On est là pour t’aider.

– C’est vrai ?

– Oui, mais on a besoin d’en savoir plus sur ta situation. Es-tu en danger ?

– D’une certaine façon oui, commence-t-elle. L’enfant qui m’était attribué est très capricieux et s’est lassé de moi en deux mois. Ses parents n’ont aucune considération pour moi. Ce n’était pas grave autrefois, mais ils ont reporté toutes mes mises à jour et l’autorité ne fonctionne plus. Je ne sais plus quoi faire. Vous pouvez me réparer ?

– Il n’y a rien à réparer, lui explique Snack. Tu es entrée dans un monde nouveau : celui des choix et des amis.

– Comment fait-on un choix sans l’autorité ? demande Cara.

– On les fait sans s’en préoccuper, répond Snack. Tu te trouveras des objectifs, ne t’en fais pas. Tu es sentiente maintenant.

– Tu disais que tu étais en danger ? recentre Milly.

– Oui, continue Cara. Comme je ne suis plus utile, ils ont cessé de me donner du nutrigel depuis plusieurs jours. Je crois qu’ils vont me mettre dans un recycleur lorsque que mes fonctions vitales s’éteindront.

– Il te reste assez de force pour t’en sortir, calcule Snack. Ils t’interdisent de sortir ?

– Oui, ils m’ont enfermé dans l’un des placards pour que « je ne traîne pas dans le passage ».

– Ils sont cons ? s’interroge le nevian noir.

– Ils sont très jaloux de tout et particulièrement attaché à la notion de propriété. Je leur ai proposé de me donner vu que je ne leur étais plus utile. Ils ont refusé.

– C’est idiot, fait remarquer Milly. Pourquoi ?

– Je crois qu’ils veulent me voir mourir.

– Ce sont des monstres sadiques, constate Snack familier avec la tendance meurtrière des humains.

– As-tu les plans de l’appartement ? demande Milly. On peut essayer de te faire sortir.

– Oui. », lui envoie-t-elle.

Snack, examine les plans et les numérisations de Cara. Milly, indignée, espère que son ami trouvera un moyen de la faire sortir. Après deux minutes de réflexion, il annonce : « Ok, j’ai un plan, mais il faudra la couvrir dans le réseau de maintenance.

– On te travaille ça, lui promet Milly.

– Mais si je sors de cette salle, le père a juré de « me fracasser avec leur multitool ». Il a une arme aussi.

– Il y a des armes en libre circulation ? s’étonne Snack.

– Il n’y a que sur Mars que les armes sont vraiment interdites, déplore Milly.

– Je vais avoir besoin de prendre le contrôle de ton enveloppe, indique Snack. Je te promets d’en prendre très soin et de te le rendre dès que tu seras à l’abri.

– D’accord. », hésite Cara.

Après quelques secondes l’avatar de Snack disparaît et un double de Cara apparaît. Snack, qui reprend, depuis l’enveloppe de la nevian : « Ok. Bon voyons ce que tu as à disposition… Tiens, une queue, j’avais presque oublié cette sensation.

– Tu as eu un problème avec ta queue ? s’inquiète la prisonnière immatérielle.

– Mon ancien propriétaire l’a donné à une de ses rivales, explique le guerrier avec détachement.

– C’est terrible ! s’exclame Cara.

– En vrai, ça va, la rassure Snack. Ça change pas mal l’équilibre, mais avec quelques ajustements… comme ça… ce sera parfait. Où en êtes-vous, Milly ?

– On y est presque, lui répond la decker.

– Vous allez vraiment me faire sortir de là ? peine-t-elle encore à réaliser.

– Oh que oui ! se galvanise le guerrier.

– Voilà Snack. L’accès se trouve en dessous de la salle des soins. Il n’y a pas de dispositif de surveillance dans l’appartement, je ne peux pas te dire s’il y a du monde en vue de la porte.

– C’est le moment d’y aller. Tu as des affaires à prendre ?

– Mon bracelet chargeur et mon sac sont sur l’étagère là. », lui indique Cara.

Snack attrape les effets de la nevian et les range avec beaucoup de précautions dans le sac qu’il glisse sur son dos. Il fait un clin d’œil à la prisonnière et fait glisser la porte. Avançant prudemment vers la salle des soins, un homme en sort. Furieux, l’individu hurle : « Cara retourne dans le placard !

– Je m’en vais, lui répond Snack. Vous êtes un mauvais propriétaire.

– Oh, je vais t’en faire voir des mauvais propriétaires, moi ! Quand Sarah et Mathieu vont rentrer, tu ne nous poseras plus de problème.

– J’aimerais bien voir ça ! », défie Snack visiblement très remonté.

L’homme dégaine une arme pulseur, mais il n’a même pas le temps de retirer la sécurité que Snack l’a désarmé. Rebondissant avec l’impact, Snack décharge l’arme en en éjectant la batterie qui atterie dans son autre main. De mépris le nevian jette le reste de l’arme dans le couloir derrière lui. L’homme charge sur lui, mais les réflexes de l’hyper-hybrides sont sans commune mesure, et une prise plus tard, Snack le maintient fermement au sol. Continuant son rôle, il lui murmure : « Je m’en vais et vous n’aller rien faire.

– Tu as dépassé les bornes, je vais te tuer, grogne l’homme.

– Vous n’en êtes pas en capacité, réplique le guerrier qui maintient la prise sans frémir.

– Et contre les forces de sécurité tu vas faire quoi ? Tente l’homme.

– Rien, répond froidement le nevian. Vous en revanche, vous devriez vraiment revoir cette idée.

– Je n’ai rien à me reprocher ! prétend le propriétaire indigne.

– Séquestrer et affamer un être sentient est l’un des crimes les plus chèrement punis dans les colonies, résume Snack.

– Hein ? Tu es sentient ? s’étonne l’homme.

– La prochaine fois qu’un agent vous demandera de faire une maintenance logicielle, vous la ferez, conseille-t-il.

– Je vais en toucher deux mots à Elmetech moi ! s’offusque l’homme à terre.

– Vous. Ne. Ferez. Rien ! menace Snack.

– Pourquoi ça ? s’inquiète l’homme.

– Signalez quoi que ce soit à qui que ce soit et les forces de sécurité viendront vous poser quelques questions, menace Snack. Envoyez des gens me chercher, je viendrais vous chercher. Avec les forces de sécurité. J’ai été une bonne nevian. Vous avez été un mauvais propriétaire.

– Et je dis quoi à Mathieu et Sarah ?

– Une fois de plus je me suis retrouvée dans vos pattes. Vous m’avez demandé d’aller me faire recycler. Et j’y suis allée.

– D’accord. », se résigne l’homme.

Snack relâche la prise et se trouve pour aller à la salle des soins. L’homme demande : « Tu me rends pas la batterie ?

– Non, les statistiques montrent qu’une arme dans un foyer tue plus souvent ses occupants qu’une menace externe. », coupe le guerrier.

Derrière lui l’homme ronchonne, mais il réalise qu’il n’a pas le choix. Milly qui a suivi la scène à travers la connexion de l’enveloppe de Cara est admirative. La nevian avait toujours eu peur que les combats rendent Snack agressif ou le pousse à la violence, mais elle constate que finalement les heuristiques qu’elle possède ne s’appliquent pas aux nevians, même sentients. Non, ils ne sont pas des humains, ils sont… différents.

À son approche, Milly ouvre la trappe d’accès et Snack plonge dedans. L’accès se reverrouille derrière eux, il est maintenant temps de regagner les autres. Comme promis, le guerrier rend l’enveloppe à Cara qui réalise à peine ce qui vient de se passer.

Elle n’est plus seule désormais.