On parlait souvent en cours. Oui je sais, ce n’est pas bien. Mais faut dire que les cours, ce n’est pas passionnant non plus. Faut pas vous inquiéter, nos discussions étaient souvent interrompues par un « Hé, Ho, on se réveille » de la part du professeur.

J’étais tout le temps avec lui. Lui et les autres, mais surtout lui. On se disputait des fois mais ça ne durait jamais bien longtemps. J’avais du mal à rester en colère contre lui. Mais parfois, comme tout le monde, on avait besoin de se séparer. Je l’oubliais,au maximun, ça a duré une semaine.

Il avait beau être très important (et quoi qu’en dise ma mère), il ne remplaçait pas mes autres amis. Je restais beaucoup avec eux, on parlait, on rigolait, on se battait même. Lui aussi, il était là, mais il ne disait rien. Il nous écoutait sûrement. Mais en fait, je ne sais pas, je ne lui ai jamais demandé.

Il n’avait rien de particulier, il faisait environ ma taille et me ressemblait beaucoup, sauf qu’il n’avait pas cette insupportable paire de lunettes sur le nez et qu’il suivait toutes les modes en matière de coupes de cheveux. Ça ne lui allait pas toujours d’ailleurs, mais on en rigolait bien.

Par contre, au niveau du caractère, on était très différent. Il n’était pas du tout timide, même si très discret, et disait toujours ce qu’il pensait. Il répondait parfois au professeur en se débrouillant pour qu’il n’entende pas. On riait beaucoup.

Il a toujours été là pour moi, même quand tout allait mal et que tout le monde me tournait le dos. Je pouvais parler de tout avec lui, il me comprenait.

Bref, c’était mon meilleur ami.

Mais un jour, ma mère m’a dit :

-Écoute, il faut que tu l’oublies. Tu dois admettre qu’il est parti.

Je savais qu’elle parlait de lui, mais je ne pouvais pas l’oublier, il était toujours là. Certes physiquement, sa vie était finie, mais il vivra toujours dans ma tête.