Du sang et des larmes
J'approche l'une des lames des ciseaux de mon poignet.
"Un simple geste, habile et précis, et tout sera fini . . . Tu n'auras plus jamais à souffrir . . ."
Je colle la lame métallique à ma peau blanche. Elle est froide et un frisson me parcourt le corps à son contact.
"Il faut qu'elle soit bien profonde pour que ce soit efficace . . ."
J'appuie un peu. Ma main se met à trembler.
"N'ai pas peur, ce ne sera pas très douloureux. Juste une petite coupure . . ."
J'appuie un peu plus fort. Une goutte de sang perle. Elle est d'un beau rouge écarlate, mais la sensation de la lame qui vient de trancher ma peau me ramène à la réalité.
J'ai un sursaut, durant lequel je laisse tomber les ciseaux sur le sol. Je regarde ensuite le fil de sang qui s'échappe lentement de ma plaie. Mes yeux s'écarquillent d'horreur lorsque je réalise ce que j'étais sur le point de faire. J'appuie sur ma blessure de mon autre main pour contenir l'hémorragie et tombe à genoux en fondant en larmes.
Je ne peux pas . . . Je ne peux pas le faire . . . Je ne veux pas mourir ! Je veux juste que les choses s'arrangent, c'est tout !
Les larmes coulent abondament sur mon visage, sans que je puisse les contenir. Pour la première fois de ma vie, je pleure sans retenue. Je sanglotte encore et encore jusqu'à ne plus avoir de larmes à verser. Je pousse alors un soupir et essuie mes yeux. Mon regard tombe alors sur ma blessure, dont le sang goutte sur le sol de ma chambre.
Je me dépêche de me rendre dans la salle de bain pour passer mon poignet sous l'eau. Ensuite, je passe un peu d'alcool dessus pour désinfecter la plaie, avant de la bander. Le tissu blanc se teinte de rouge au niveau de la zone qui est en contact avec la blessure. Je hausse les épaules. Quand papa rentrera, il sera si fatigué qu'il ira immédiatement se coucher et ne remarquera donc rien. Tant mieux. Je ne veux pas qu'il sache.
Il ne me reste plus qu'à nettoyer le sol de ma chambre et faire ces devoirs supplémentaires. Demain, c'est Samedi. J'en profiterai pour aller acheter de nouvelles fournitures scolaires. Pour cela, je vendrai à une bijouterie l'un de mes colliers que j'ai gardé. L'argent que je récolterai en échange devrait amplement suffir. Je ne veux pas demander à papa cette somme. Il travaille si dur pour l'obtenir ! Et puis . . . Je ne veux pas lui raconter comment j'en suis arrivée là.
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