J'ai pu trouver toutes les fournitures dont j'avais besoin. Il ne me reste plus qu'à trouver le moyen de recopier les leçons que j'ai perdues. Je pense à Alex. Il semble moins en colère contre moi puisqu'il ne m'a rien fait de méchant hier. Il m'a même aidée à fuir de ceux qui nous menaçaient, prouvant son bon fond. Je pense que je peux lui faire confiance et, avec un peu de chance, il acceptera de m'aider en me prêtant ses cahiers.

Le lendemain donc, je profite du temps de récréation pour aller le voir. Il se trouve seul, dans un coin de la cour, ses écouteurs dans ses oreilles, comme à son habitude. Je me dirige vers lui et lui tapote doucement l'épaule. Il tourne la tête et enlève l'un de ses airpods de ses oreilles. Je lui montre l'une des pages de mon cahier, où j'ai écrit :

"Il y a eu un accident avec mes cahiers, j'ai dû en racheter des nouveaux, mais j'ai perdu toutes les anciennes leçons. Tu veux bien me prêter les tiens pour que je puisse les recopier, s'il te plait ? Ce ne sera pas long."

Il m'observe pendant quelques secondes, sans remuer les lèvres, puis attrape mon cahier et y écrit quelque chose avant de me le rendre. Je lis la phrase qu'il y a inscrite :

"Je peux te les prêter, mais je ne le ferai qu'à une condition."

J'ai à peine le temps de lever les yeux vers lui qu'il attrape mon poignet et touche la tâche qui se trouve sur mon bandage. Il plonge son regard dans le mien et écrit avec son index des lettres invisibles dans l'air, m'indiquant ainsi sa condition :

"Je veux savoir ce qui t'est arrivé."

Je tire sur mon bras pour le libérer de son emprise et entoure mon poignet de l'autre main, en détournant le visage. Je ne veux vraiment pas en parler. Je ne veux pas qu'il sache.

Le garçon attrape alors mon cahier et y écrit :

"Je ne te prêterai pas mes cahiers avant que tu n'aies rempli ma condition. Je n'aide pas les gens gratuitement."

Je lui réponds :

"Vraiment ? Alors pourquoi m'as-tu aidée avant-hier ?"

Pour toute réponse, il me lance un regard frustré avant de me jeter le cahier au visage et de s'éloigner. Je ramasse ce dernier en soupirant. Je suis dans l'impasse. Si je ne révèle pas la vérité sur cette blessure à Alex, je n'aurai aucun moyen de recopier les leçons et de pouvoir les réviser pour les examens à venir. C'est carrément ma scolarité qui entre en jeu et je ne peux pas la sacrifier.