L'ancêtre

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L'ancienne noblesse

Mettre un a genoux à terre face à la réalité, la regarder en face et lui donner un nom que l’on prête aux seules grandes poésies. S’avouer être indéfini et sans fin, vivre dans ses heureuses faiblesses et abattre d’un seul coup de génie les pulsions de décadence comme de mort, par un simple genoux mis à terre.

S’offrir des limites et les projeter sur l’insurmontable. Que l’atome devient vecteur de légèreté – qu’il porte en lui les affres de l’humanité, pour qu’elle puisse atteindre par ses propres forces ce midi hier déjà conquis.

J’aime voir l’ancêtre délégué a ses Dieux la responsabilité du monde, de sa mort et du sens. Lui, le spirituel, balayant d’une seule main les souffrances insurmontables de notre modernité. Il peut repartir léger à l’assaut de l’homme – et ainsi surmonter l’homme.

Confiant de l’avenir, capable de mesurer sa puissance, sûr que son frère soit son frère et de la beauté forcé des voyages au travers la terre. Je me repose sur l’épaule de mon ancêtre, dans sa profonde pensée débordant de santé, parmi ses doux contes et sa belle pauvreté.

Ainsi il avait découvert le véritable langage de l’homme, la si légère nature des Dieux, la profonde force de l’être. Lui était contraint d’être l’écume du mouvement éternel des siècles. Persuadé de la permanence du monde.

Comment mes contemporains peuvent ils prétendent au bonheur ? Nous sommes les héritiers de la puissance – laissons loin, si loin de nous ces gamineries.

La contrainte est la légèreté, rien de plus. Entre lui et nous, sans doute, il n’y a rien de plus que notre liberté matérielle à fuir l’ennui, à la croyance, à la solitude. S’offrir a un autre – qu’ils s’appellent philosophe, nature ou prophète – est l’une des premières nécessité de l’homme ; un moteur sûr de puissance ; une condition à la plénitude ; un nécessaire acte de modestie et de lâcheté face aux souffrances.

Qu’avait-il en tête, mon ancêtre, devant a l’horizon, durant ses voyages, face à l’océan ou au pied de ses temples magnifiques ? Puis-je espérer que cet homme l’a déjà connu : la parfaite contemplation ? Alors il n’eux jamais meilleurs médecin que cette pensée-là.

Et nous, perdu dans notre modernité, nous n’avons rien d’autre à faire, je le crois – que de poser genou à terre.

Stratégie


L’homme n’est pas fait pour être un Dieu. Il n’a pas assez le sens de la morale et de la rigueur pour cela. Sa légèreté, il l’a perdu dans sa guerre contre ses désirs devenus fous par le pouvoir. Certains instincts doivent être domptés – trompés…

Les necessaires projections

L’homme a besoin de limite qui ne soi pas lui – il doit déléguer cela aux mythes ou à la terre qu’importe : mais jamais il ne doit supporter ce poids.

Sinon, toute sa force vitale se retrouve submergé par une mission : lutter contre ses désirs lâches et maitres, dans une œuvre obscure et poisseuse de frustrations, contre ses instincts de troupeaux bernés, contre ses projections folles.

Il y a la trop de combat intérieur pour si peu de technique acquise : l’âme devient lourde, impuissante et se mutile constamment. La faiblesse et la résignation viennent – et les névroses, comme des hyènes – débarquent avec leurs morales réduire l’homme blessé mais courageux en merde de consommant. La “passion”, le “désir” et l'“habitude”, les trois ennemis de la santé, reviennent en conquérant pour affirmer à l’homme qu’il peut être un singe heureux s’il est assez lâche pour se satisfaire du repos.

Accorder sa force à se redresser pour faire face à la décadence, c’est se condamner a l’impuissance pour acquérir la légèreté. On ne peut à la fois porter l’épée et l’amour. La science matérialiste, par la destruction des mythes et de la Nature, a désarmé la noblesse de ses alliées précieux, de ses compagnons porteurs des plus lourdes charges.

Notre horreur : que le consumérisme nous condamne à la guerre contre la décadence, par l’omniprésence et la force de ses objets : une malédiction qui persécute l’humanité et ses plus fortes âmes vers la décadence crasse – à l’humiliation de la perversion – quand son destin le désir si haut, si grand.

La forêt, la ferme, la communauté : ce n’est pas un rêve : c’est notre nécessite matérielle.

L'honnêté

Laissez l'humanité au Dieu, au destin ou la Nature : l'Homme appartient corp et âme à sa communauté.

Le chemin

Il ne faut jamais oublier : la modernité a corrompu l’ensemble de nos instincts – tout, en nous, veut la modernité par tromperie, décadence et volonté de mort. Au point ou ce qui nous est intérieur doit être jugé avec une grande sévérité.

" Quoi ? Une force en moi veut mon Bien ? Cela est bien la marque du diable ! »

On inspecte cette force. On tente d’en définir la cause, de savoir si une lâcheté pourrait prendre cette apparence – quel est notre intérêt de la satisfaire, au vu du contexte. Avec le temps et les erreurs, chaque esprit devient un bon chasseur et un habile politique : car une fois définit la nature de la force, il faut savoir encore quoi en faire.

Ainsi, par la violence il nous faut briser, par la légèreté il nous faut s’élever. Ce tour de passe-passe là – d’un esprit devenu paranoïaque et destructeur puis d’une âme comme pur expression de puissance – est bien trop complexe et habile – elle est le fruit d’un long apprentissage, d’une patiente destruction du spectacle. Qui y est parvenu ?


Et si cela est fait, si son être embrasse la nature, il reste encore le grand effondrement à surmonter. A croire que la santé n’est plus en adéquation avec le monde et les hommes. Pour la première fois : l’univers va contraindre l’homme dans sa force noble. Quelle est notre voie ? Quel chemin doit-on suivre alors ?

Nous sommes perdus – fort, indépendant et donc perdu.

Rappel à l'odre

" Mon ami, brûle chaque équation, chaque lumière, chaque science qui te souille ainsi l’âme !

Oublis chaque Dieu qui te détourne de la nature, chaque mot qui dirige le regard ailleur que sur soi.

Où est donc ta fierté, ton orgueil face aux prédateurs menaçant ?

Mon ami, il n’y a nul richesse ici-bas, car jamais l’homme ne fut si pauvre qu’entourer d’objet !

La marchandise est l’ennemi l’esprit fort.

As tu oublié le seul progrès véritable ? Le gai savoir – rien d’autre ! "

*

Accepter la nature comme maitre, pour devenir quoi ? Chrétiens d’une nouvelle église ? Non. Non, non, non.

Mettre un genou face à la nature, c’est s’incliner face à soi-même, hors du jugement. Face à elle, on se réjouit d’une pleine volonté de puissance, on extirpe chaque poison de notre corps : elle est la seule domination définitive, la regarder comme telle, voilà l’autre nom de l’acceptation – non pas la résignation face aux affres, mais la pleine existence de l’être. Le soi est un mythe, puisque je suis un mouvement magnifique que rien ne sait définir.

Le libre arbitre est un mythe, elle est un mensonge terrible pour détruire ton regard vers toi-même !

Regret

La limite de la nature, le moderne à perdu cela. Il a oublié pourquoi il croyait. Dans son explosion, dans la violente décadence qu’il subit, il se créa deux destins tragiques : le surhumain de Nietzsche ou le consommant névrosé et abattu du Capital.

Pourquoi ? Parce que Dieu est mort. L’événement le plus important de l’Histoire est imaginaire.

Aujourd’hui, l’homme est seul face à lui-même, seul à devoir porter sa propre puissance, sans mensonge, sans artifice pour faire face aux affres. Tel est son incroyable destin – terre magnifique des héros, sous le chant du Zarathoustra oui, mais terre presque inaccessible pour nous, les enfants idiots et névrosés de la consommation.

Plus aucun compromis n’est possible sans mensonge : il nous faut gravir la plus haute montagne depuis le plus miteux des gouffres. Quand, toujours dans nos pensées, résonne l'imminence de la fin de ce monde et ses violences promissent.

Nos désirs fous ne rencontre plus aucun contrôle extérieur : la production capitaliste, la décadence et le cosmopolitisme permet a tous les phantasmes de trouver une réalité. La modernité peut se résumer ainsi : armement sans précédent des désirs névrotiques. Les anciens savoirs sont perdus face à ça.

L’ancêtre avait atteint une perfection : sa guide, la nature, fut sa domination insurmontable. Telle est le véritable cadeau offert à l’âme humaine : une contrainte matérielle pour soulager sa force, pour mener sa morale sans effort vers l’affirmation de son soi – sans jamais laisser sa puissance s’étendre dans les névroses du désir fou, dans les méandres du symbolisme et du pouvoir. Il y a la une tranquillité profonde, un grand ami.


Mais est-ce un mystère pour un Homme de ce monde ? La masse est plus faible que l’individu. Alors dans une avalanche permanente, la décadence généra la masse servile pour une décadence encore plus forte, détruisant toute révolte de la noblesse de l’esprit. C’est ainsi que l’humanité chute : et avant l’effondrement, nous verrons de nos yeux les hommes en réaction a de tels folies, probablement le surhumain surgir de l’ombre, comme seule sortie suffisamment forte pour résister à l’avalanche. Et ainsi, notre communauté ?


L’ancien avait découvert le véritable langage de l’homme, la si légère nature des Dieux, la profonde force humaine. Il était contraint d’être l’écume du mouvement éternel des siècles. Il avait atteint le progrès suffisent, l’ultime invention, – l’éternel retour…

Et nous ?

Et nous, nous ne sommes rien.

Des condamnés.

Décadence.

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