Chapitre 9 - 2

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  Phényxia et trois hommes de son Clan apparurent. Elle les toisa un par un et s’avança de sa démarche féline en applaudissant.

— Félicitations mes chers, d’avoir réussi à libérer Zmeï. Vous savez vous montrer efficaces lorsque vous êtes motivés.

  Personne ne répondit. Elle s’immobilisa.

— En revanche, je me sens, voyez-vous, très fortement contrariée. Mes amours ?

  Tous les artéfacts devinrent ardents, les obligeant à les lâcher. Phényxia écarta vivement un bras d’où sortit une longue liane enflammée et la lança droit sur une cheville de Karel. Ses subalternes empoignèrent ses compagnons par les bras pour les empêcher d’agir en les menaçant de les brûler au moindre geste. Phényxia tira Karel à elle et l’empoigna par le col.

— Alors, Petit Sans-Voix, comme ça, on traite dans mon dos, malgré mes avertissements ? Es-tu donc encore à la solde de ce maudit Bâtard comme ton ami à nageoires ?

— Lâchez-le tout de suite ! ordonna Lya.

  Un fulgurant courant brûla ses veines, lui arrachant un hurlement de douleur sous les expressions horrifiées de ses amis.

— On se calme, lui susurra le démon qui resserra sa prise pour renforcer la douleur. Tu auras encore besoin de tes bras, ça serait dommage de les perdre maintenant. Si tu as un problème, je peux réfréner tes ardeurs.

  Lya serra les dents de rage. Elle lui aurait craché à ses pieds si elle l’avait pu. Karel fixa Phényxia droit dans les yeux sans ciller : non, il n’était pas comme Uriel. Phényxia resserra sa prise et une corde de flammes s’enroula autour de la gorge de son prisonnier. Karel se brûla aussitôt lorsqu’il y porta la main. Phényxia le toisa d’un air féroce.

— Fais très attention, Petit Sans-Voix. Ton ami a bien fait de disparaître. Si nous le recroisons, nous le grillerons sur place. Le même sort t’attend si jamais j’apprends que tu es encore à sa solde !

« Donc, elle ne travaille pas pour lui et au vu de ses insultes, ils sont en très mauvais termes. Alors de quoi ont-ils parlé, ce jour-là ? »

  Enfin, les prises autour de sa cheville et de sa gorge disparurent. Phényxia le relâcha.

— Pour l’instant, tu as besoin de tes jambes et de ta tête, alors je vais te les laisser. Je m’amuserai avec toi plus tard, je ne voudrais pas trop t’abîmer avant d’en profiter.

  Karel recula aussitôt.

— Que croyiez-vous ? interrogea Whélos avec froideur. Vous pensez vraiment que nous avons de bonnes raisons d’être à la solde d’un tel être ?

— Ce Sorcier de l’Eau l’était, et Karel lui est lié, rétorqua Phényxia. Qui sait si le Bâtard n’est pas dans sa tête ?

  Phényxia s’interrompit et toisa le chercheur avec une expression prédatrice.

— À ce qui paraît, il excelle dans la manipulation de la mémoire, n’est-ce pas, Whélos ? Quelle sensation a-t-on lorsque l’on se fait fouiller le cerveau ? Ce devait être excitant… Comment t’es-tu senti, lorsque tes souvenirs se faisaient arracher comme on enlève de la mauvaise herbe ?

  Elle se plaça à sa hauteur et promena ses doigts du torse jusqu’à son front.

— Ce vide qui remplit ton cœur sera un délice à combler.

  Whélos se raidit, n’appréciant que très peu que l’on rappelle ce terrifiant souvenir. Il lui jeta un regard glacial.

— Un peu de décence, allons ! Cessez ces familiarités indignes d’une dame de votre rang et éloignez-vous de moi !

  Phényxia étira un mauvais sourire aux lèvres et se retira.

— Bien. J’étais juste venue m’assurer du bon avancement de notre projet. Continuez votre route. Ne faites pas un seul faux-pas, j’ai des yeux partout. Je me charge d’empêcher les autres Clans de vous causer des problèmes, et vous récupérez les pouvoirs des Dragons pour moi.

  Karel décida de tenter le coup. Il exécuta quelques signes, comptant sur Lya pour transmettre le message. Elle regarda Phényxia avec froideur.

— Dîtes… Qu’est-ce qu’il y a, entre vous deux ?

— Rien qui ne vous concerne.

— Suffisamment pour nous menacer en personne encore une fois ! riposta Whélos sur un ton acide. Au contraire, j’estime que nous sommes concernés par cette question, Phényxia !

— Il a raison ! s’insurgea Aquilée. Je doute que vous soyez motivée à sauver Weylor !

  Phényxia porta son attention sur Whélos.

— En effet, nous avons quelques comptes à régler. Il a cherché à nous manipuler. Contentez-vous de récupérer les pouvoirs des Dragons, et nous pourrons enfin éliminer cette menace.

  Sans en rajouter, elle disparut avec ses sbires. Chaque membre du groupe se jaugea du regard. Karel courut aussitôt vers Lya. Whélos sortit un onguent de son sac et entreprit de soigner ses brûlures.

— Dîtes… demanda Aquilée. Qui est cette personne dont vous parlez ?

— Un sale type qui ne mérite pas d’exister ! cracha Lya avec haine.

— Je confirme, approuva sombrement Whélos. Il s’agit d’une personne capable d’aller très loin pour obtenir ce qu’elle veut, bien que j’ignore encore de quoi il s’agit.

  Karel n’osa pas répondre, atterré d’observer tout le mal que le Mage avait causé. La confusion le saisit encore. D’une part, il comprenait la rancœur de Lya et Whélos. Elle était plus que compréhensible et il ne les en blâmerait jamais. De l’autre, il y avait toujours une part de lui qui refusait de croire que ce qu’il avait vécu n’avait été qu’un long rêve. Si le Mage l’avait trompé et causé beaucoup de mal, Karel ne le voyait pas comme les autres. Il ne pouvait pas faire comme si tout cela n’avait pas existé. Même si Serymar avait déchiré leur famille et brisé la vie de Lya avant qu’elle ne voit le jour.

  Alors il n’intervint pas. Il estimait qu’il n’en avait pas le droit. Il soupira de tristesse.

« Ça serait peut-être plus facile si je parvenais à le haïr aussi… »

  Mais il n’y parvenait pas, en dépit de la crainte que le Mage lui inspirait. Karel cherchait à le fuir plus qu’à le retrouver. Mais il était incapable d’oublier tous ces moments où il lui devait la vie et encore moins chaque instant privilégié en sa compagnie.

« Par les Dragons, Maître… Qu’avez-vous fait ? » se désola-t-il, mal à l’aise devant cette souffrance qui s’étalait sous ses yeux.

— C’est une personne très dangereuse, acheva Whélos pour Aquilée. Maintenant, reposons-nous. Nous avons un long chemin à faire avant d’arriver au port de Pershkin.

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