Chapitre 20

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— Je ne ferais pas ça, si j’étais vous… Le Vénéré Illuyankas est dans le coin, rappelez-vous.

  Le Clan de l’Esprit cessa tout geste. Phényxia ne se priva pas d’étirer un large sourire triomphant. Tous en étaient conscients : un combat ici, et le Dragon interviendrait. Et qui sait comment seraient-ils jugés ? La rumeur d’un être condamné par les Dragons juste avant la malédiction était encore très présente dans les esprits. Il se disait que leur sort avait été pire que la Mort elle-même.

  Phényxia n’était pas venue seule. Cinq de ses propres sbires l’accompagnaient pour faire face au Clan de l’Esprit. Chacun se faisait face. Phényxia s’amusait de ce jeu ridicule consistant à savoir qui avait l’expression la plus patibulaire parmi tous ces hommes.

« Ah, ces mâles en besoin de démonstration de virilité stérile… »

  Elle les avait tous écrasé, un par un parmi les siens, afin de s’élever au-dessus d’eux et devenir leur reine incontestée. La loi du plus fort dans sa version la plus animale.

— Ne te réjouis pas trop vite, Phényxia. Nous parviendrons à leur mettre la main dessus, tu verras ! cracha l’un de ses adversaires.

— Oh, cela m’étonnerait. J’ai tout prévu. Ils seront à moi, et vous n’aurez plus qu’à vous écraser une fois que j’aurai récupéré leurs pouvoirs !

— Tu n’es qu’une vipère, Phényxia ! Mais qu’importe. Nous attaquerons ta maudite île enflammée. Nous découvrirons ce que tu caches, comment tu comptes t’y prendre pour jouer avec ces proies.

  Phényxia éclata d’un rire sonore. De rage, elle ressentit une intrusion dans ses pensées. Son agresseur hurla aussitôt d’agonie qui ébranla toute la forêt. L’intrusion cessa et le démon se roulait à terre. De la fumée sombre s’échappait du moindre pore de sa peau sous les ricanements des compagnons de Phényxia.

— Il faudrait déjà que vous y arriviez ! se moqua-t-elle. Ce sujet convoite pas mal d’intérêt, vous savez… Le Clan de l’Eau tente déjà tout depuis longtemps, sans jamais y parvenir. Inutile de lire dans mes pensées, vous serez brûlés de l’intérieur. Tenter sur mes garçons serait une perte de temps : ils ignorent tout.

  Elle cessa sa torture interne et le démon à terre haleta. L’un de ses comparses le regarda d’un air dégoûté.

— Faible. On peut te l’offrir, si tu veux.

— Non merci, riposta Phényxia. Je ne joue qu’avec de la qualité.

— Emmenez-le, ordonna son interlocuteur à l’un de ses comparses.

  Deux démons saisirent leur acolyte par les bras et le traînèrent dans une longue traînée de sang noir avant de disparaître.

— En attendant, ces proies m’appartiennent, menaça Phényxia. Notre code est clair : vous ne pouvez pas leur mettre la main dessus. Osez recommencer à me les abîmer et nous réduirons votre village en cendres, Dragon ou pas. Nous noierons le reste des vôtres dans notre cratère.

— Nous n’avons pas dit notre dernier mot. Attends-toi à être assaillie de toutes part !

— Ne vous en privez pas, mes chers. Nous vous accueillerons avec tous les honneurs qui vous seront dus, lui sourit Phényxia avec une expression carnassière.

  Phényxia savait que sa menace serait prise au sérieux. L’eau avait beau être leur point faible, elle avait appris aux siens à se battre aussi bien sur la terre ferme que sur l’eau. Ce projet avait considérablement renforcé sa position. La mer ne faisant plus office de barrière naturelle pour les confiner sur leur île, tout Weylor redoutait son Clan encore plus que les autres.

  Pour être Cheffe de Clan, Phényxia avait dû passer des épreuves de force. Le pire était qu’elle n’en gardait pas spécialement un mauvais souvenir malgré la cruauté de ces défis. Dominer la grisait, voir souffrir la passionnait. Pour garder cette place, il ne fallait pas avoir peur de tuer.

  Elle était impatiente d’utiliser cette table de torture Avancée sur ses proies. Elle détruirait cette gamine du Vent. Phényxia se souvenait avec bonheur de sa terreur et de son désespoir le jour où elle l’avait enlevée de sa Tribu. Elle se délectait encore de son visage ravagé par les larmes et ses yeux brillant de colère.

  Ce Sans-Pouvoir, Phényxia le torturerait et lui ferait comprendre à quel point il n’était rien.

  Elle avait hâte d’arracher des cris de terreur à cette fille rousse qui avait osé la défier sans une once de peur dans le regard. Elle lui apprendrait ce sentiment.

  Enfin, Phényxia s’imagina comment elle jouerait avec le taiseux. Elle expérimenterait les tortures les plus lentes, curieuse d’en observer les résultats sur une personne avec cette particularité. Elle réussirait le défi qu’elle lui avait promis à Sheyral.

« Ô, que j’ai hâte de t’entendre hurler et implorer ma pitié, Petit Sans-Voix ! »

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