Chapitre 25 - 2
Lorsqu’ils arrivèrent sur le terrain d’entraînement, Eleyra s’éloigna de quelques pas et ressortit son arc qui se déplia aussitôt. Elle lui fit face en bandant son arc d’une flèche pointée droit sur lui.
— Tu es frustrant, comme garçon. Tu disposes d’un sacré potentiel, et le pire, c’est que tu ne t’en rends même pas compte.
Karel l’interrogea du regard, se demandant où est-ce qu’elle voulait en venir. Il plaça sa main sur le manche de son propre artéfact.
— Karel, par les Dragons… Tu as un niveau au-delà du Sorcier ! Je t’ai vu, lorsque tu m’as immobilisée tout à l’heure et que tu as écris dans le sol ! Tu es capable de lancer certains sorts sans même avoir à toucher ton épée ! Alors tu n’es peut-être pas encore au niveau de Mage, mais tu arrives à utiliser certains sorts comme eux. Rends-toi compte, à la fin, si tu veux t’en sortir !
Sans prévenir, elle lâcha sa flèche magique droit sur lui. Karel l’esquiva d’un pas sur le côté, comprenant qu’Eleyra ne plaisantait pas lorsqu’il entendit un choc contre un poteau de bois. Cela lui évoquait quelques souvenirs pas vraiment agréables.
Il soupira. Il détestait toujours autant ces situations, même si les circonstances n’étaient plus les mêmes que dans son enfance. Il allait donc devoir se faire entendre, à sa manière, celle qu’il détestait le plus.
Eleyra se jeta sur lui, arc en avant comme s’il s’agissait d’un long sabre.
« Aussi douée en combat rapproché qu’indirect, donc. »
Karel tira sa propre arme pour bloquer son adversaire. Il observa que l’arc de la jeune femme : les petites sculptures n’étaient pas que décoratives. Deux aspérités coinçaient son épée et Eleyra chercha à le désarmer. L’autre partie de l’arc devait servir à blesser l’adversaire dans le même mouvement, comme une double lame. Aucun doute, Eleyra était expérimentée et ne semblait pas avoir volé sa place de capitaine.
Karel se téléporta derrière la jeune femme en espérant la déséquilibrer. Sans surprise, Eleyra se retourna pour parer sa riposte. Karel avait bien compris que si Eleyra ne cherchait pas à le blesser, elle souhaitait une riposte sérieuse. Elle se sentirait insultée s’il retenait ses mouvements.
Il l’attaqua sur le côté. Elle para encore. Ils enchaînèrent feintes et ripostes, mais ne firent que se bloquer mutuellement. Karel avait beau faire, Eleyra parait chacun de ses coups avec une agilité déconcertante.
Eleyra s’éloigna soudain d’un bond puis disparut. Karel créa aussitôt un bouclier psychique autour de lui. Sa lame brilla, les feuilles alentours bruissèrent. L’impact fut rude sur le bouclier. Karel le fit disparaître alors qu’Eleyra atterrissait par le haut. Karel dirigea son arme vers elle et une nuée de feuilles fendit l’air comme une armée de couteaux.
Une fois les pieds au sol, Eleyra fit tournoyer son arc pour se protéger de la première vague et invoqua un mur psychique avec. La tempête passée, le jeune homme avait déjà disparu. Une lame couleur terre se posa sur son épaule, juste derrière elle. Karel avait profité du moment où elle devait se protéger de son attaque pour se téléporter dans son dos.
Le temps sembla se suspendre. Ils se firent face à face, yeux dans les yeux. Cela faisait longtemps que Karel n’avait pas vu de pupilles rouges d’aussi près. Mais le regard d’Eleyra n’avait aucun point commun avec ceux du Mage. Ses iris étaient rondes et non fendues. Le fond des yeux d’Eleyra était blanc comme bon nombre de Mortels.
Eleyra le fixa intensément et lui sourit.
— Plutôt impressionnant, c’est à se demander comment est-ce que tu as pu tenir aussi peu de temps face à ton adversaire du Clan de l’Esprit. Mais je pense avoir une bonne idée de la réponse.
Regard de Karel.
— Tu manques de confiance en toi, ou quelque chose dans le genre. Je ne sais pas… On dirait que tu te retiens. Comme si tu hésitais à utiliser tes pleins pouvoirs. Comme si tu trouvais ça mal. C’est ce qui a fait la différence entre ce démon et toi. Lui était prêt à te tuer sans remords. Toi non.
« Je ne suis pas un monstre… Je refuse d’en devenir un. »
Soulagé que ça soit enfin terminé, Karel rangea son arme dans son dos.
— Bon. Je vais maintenant m’occuper de ta sœur. Tu peux venir, si tu veux. Un œil critique supplémentaire est toujours bienvenu !
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