*Chapitre 8

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  D’un geste mécanique et sans émotion, Elma sortit du baquet et se sécha. Le visage fermé, elle se rhabilla, saisit un ruban blanc et entreprit d’attacher ses cheveux souples. Elle pensait s’être habituée aux mots violents de Serymar, mais les derniers ne cessaient de la poignarder encore et encore comme dans une lente agonie.

  Son regard se posa sur le bijou enchanté qu’il lui avait prêté, qui pendait contre sa poitrine. Elma le retira. Le Mage ne le lui avait jamais réclamé de retour ces dernières années. Devait-elle s’attendre à se retrouver dans d’autres dangers ?

  De rage, Elma le jeta contre un mur. Le pendentif tomba dans un tintement après le choc. Les poings serrés, elle entendait encore les mots de Serymar à son égard. Pourquoi n’en avait-il jamais discuté ? Chacun de ses alliés n’auraient jamais perdu autant d’années. Pour combler le tout, Elma n’avait jamais rien trouvé sur la Prophétie, ni rien qui lui en dise plus sur la situation de Weylor. Les larmes lui montèrent aux yeux.

« Je suis tellement désolée, Karel… Je suis impuissante. Je ne sais pas comment te protéger… »

  Elle se retourna pour ramasser le bijou et se figea. Un élément gisait à côté du pendentif.

« Ne me dites pas que je l’ai cassé… »

  Elma se pencha pour le ramasser et elle resta surprise. Le bijou était entier, sans aucune éraflure. La jeune femme ramassa le morceau qui s’en était détaché et la stupeur déforma ses traits en reconnaissant la forme d’une écaille noire au fin contour rouge.

« Est-ce vraiment une écaille de Dragon ? Il m’a bien dit qu’il les avait rencontrés… serait-ce le fameux présent qu’Illuyankas aurait donné au Mortel qui lui a fait une promesse ? Non… Le Maître m’a affirmé qu’il n’avait jamais trahi les Dragons… il a même plutôt sous-entendu l’inverse… »

  Elma était perdue. Où était la vérité ? Serymar lui aurait-il menti ? La condamnation des Dragons à son égard était-elle justifiée, en fin de compte ?

  Une colère mêlée d’inquiétude se forma dans ses entrailles. Cette confusion était insupportable. Serymar ne pouvait pas être ce mystérieux traître.

« Qui êtes-vous réellement ? »

  Elma avait l’impression de chuter du haut d’une falaise. Serymar aurait-il menti sur tout ? À l’instar de Karel, l’avait-il manipulée elle aussi pour mieux l’utiliser comme il l’avait fait ? Les larmes inondèrent ses joues. Une part d’elle refusait de croire qu’il n’avait pas été sincère, le jour où elle avait avorté de ce fils qu’elle avait refusé. Tous ces entraînements qu’il lui avait imposé pour qu’elle sache se défendre ne pouvaient pas être un tissu de manipulation pour gagner sa loyauté.

« Il en serait pourtant bien capable… »

  Submergée par le doute, Elma retrouva sa détermination perdue. Elle partirait à la découverte de la vérité elle-même, quitte à mettre sa vie en jeu. Sa lâcheté avait gâché celle de Karel, et si Elma ne pouvait rien contre Phényxia, les Dragons et ce mystérieux Œil-de-Sang, elle pouvait au moins faire quelque chose pour ce qui concernait le danger que représentait Serymar.

  Elma se releva, déterminée à fouiller la Tombe de Cristal de fond en comble pour trouver la Prophétie et aviser des actions à entreprendre pour aider Karel. Mais comment ?

  Agacée, la jeune femme sortit de la pièce et descendit jusqu’au rez-de-chaussée. D’un pas rageur, elle passa devant un des salons. Elle s’immobilisa, figée.

  Ce salon était celui qui fut saccagé et que Serymar l’avait laissée réaménager à sa guise pour l’occuper. Elma y entra et avisa les marques de griffe sur le mur qu’elle n’avait jamais pu effacer. Un calendrier avait été accroché là, prévoyant la date d’arrivée d’une petite fille.

« Fille de Syriana. Il m’avait dit que nous nous ressemblions… »

  Elma regarda le collier que lui avait prêté Serymar. Une idée lui vint. Elle avait appris que l’accès aux souvenirs était plus simple par une personne de même sang ou similaire.

« Syriana a vécu ici. C’est sûr et certain. »

  Si accéder aux souvenirs de Serymar était dangereux, peut-être qu’Elma pouvait trouver ceux de Syriana. À l’instar du calendrier qui avait renfermé le souvenir d’un événement important dans la vie de son possesseur, peut-être restait-il des objets oubliés reliés à Syriana. Serymar avait affirmé avec tristesse, lorsqu’il avait absorbé la maladie de Karel, qu’il ne connaissait pas si bien Syriana que ce qu’il avait cru.

« Elle lui a donc caché des choses. Elle en a sûrement laissé ! Pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt ? »

  Elma saisit l’écaille de dragon et fouilla dans le tiroir d’un meuble. Elle trouva un couteau. Si elle se coupait le doigt, Serymar le verrait aussitôt et soupçonnerait ce qu’elle s’apprêtait à faire. Alors la jeune femme releva le bas de sa robe et s’entailla la peau au niveau de la cheville. Elle laissa une goutte de sang couler sur l’écaille qu’elle plaça au niveau de sa blessure et se redressa. Une étincelle de magie crépita autour de l’objet.

  La satisfaction emplit Elma. Observer Serymar créer des sorts complexes pendant des années n’avait pas été une perte de temps. Cette écaille avait déclenché une protection formidable autour du château le jour où Phényxia les avait attaqués. Elma venait de le transformer en détecteur. Si Syriana lui était liée, l’écaille lui indiquerait où elle aurait caché des indices importants.

« Guidez-moi, Syriana. »

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