Chapitre 31 - 3[F]

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Serymar s’accrochait aux lèvres de Syriana pour échapper de manière désespérée à ses réflexions incessantes.

Elle le poussa sur le lit et l’attira à elle. Il se glaça. Les hurlements sauvages résonnèrent dans sa mémoire. Il était enfant, maintenu par l’Ancien et devait regarder les ébats forcés de leurs congénères sur des victimes capturées hors de la forêt. Il s’était fait arracher la peau des mains pour avoir refusé d’applaudir en lui promettant qu’un jour, ça serait son tour de se donner. Ce qui était arrivé au début de son adolescence.

Serymar s’écarta de Syriana et la repoussa d’un bras. Il se détourna.

— Navré. Je ne peux pas.

La frustration le gagna. Cette envie de ressentir la présence de Syriana contre la sienne devint de plus en plus pressante. Il voulait sentir son odeur, plonger dans l’intensité de ses yeux émeraude, dévorer ses lèvres délicates, ressentir son souffle contre sa peau. Le dégoût s’empara de lui, implacable. L’idée d’être comparable aux elfes noirs le dévastait.

Syriana ne répondit pas. Serymar refoula ses pulsions en évitant de la regarder. Elle se leva. Un soulagement mêlé de tristesse s’empara de lui.

« C’est mieux ainsi. »

Syriana s’installa à califourchon sur ses genoux pour lui faire face. Il se figea. Elle était si proche. Sa raison lui soufflait de la repousser, mais sa volonté l’avait abandonné. Les doigts fins de Syriana glissèrent sur son visage, ses lèvres effleurèrent les siennes. Il frémit.

— Laisse tout ça derrière toi, lui murmura-t-elle. Si les gestes paraissent semblables, apprends qu’ils sont à l’extrême opposé dans notre cas. Et… moi aussi, j’ai besoin de guérir. D’être aimée comme je le mérite.

Elle lui prit les mains, en plaça une contre sa poitrine et l’autre dans le creux de son dos.

— Je suis convaincue que ces mains ne sont pas que capables de tuer.

Syriana le força à s’allonger et défit sa longue ceinture sombre en tissu pour que sa tunique se relâche. Elle l’écarta, exposant son corps maigre et glabre. Elle plongea sur lui pour l’embrasser avec passion en explorant chaque ligne de son torse de ses doigts, sans être rebutée par certaines aspérités osseuses.

Serymar se raidit, paralysé par le fait d’être vu sans aucun artifice. Syriana en avait conscience et profitait de son malaise pour le pousser dans ses retranchements. Il frémit lorsqu’elle explora sa gorge de ses lèvres et embrassa le lobe de son oreille. Il ignorait jusque-là que cette zone était si sensible. Les bras dégagés, il prit le visage de Syriana avec délicatesse et lui rendit son baiser, avide de la douceur de sa langue, de son souffle contre son visage, de son odeur de lavande et de sel iodé. Son esprit en constante réflexion se gela.

Sa main glissa dans les longs cheveux de soie de Syriana dont il savoura la texture. L’allégresse le saisit. Ses doigts glissèrent sur le dos de la jeune femme dont la robe devint lâche. Syriana s’en dégagea et la jeta. Elle se redressa avec droiture et une étincelle déterminée dans ses yeux qui accrochèrent ceux de Serymar. Il connaissait la valeur de ce geste. Elle aussi, on lui avait retiré le droit à son corps. Ce soir, elle redécouvrait ce luxe qu’elle avait perdu et décidait de la personne à qui elle accordait ce privilège.

« Comment a-t-on pu abuser de toi ? » songea-t-il, révolté.

Il se redressa sans la lâcher du regard et rapprocha son visage du sien, une main sous son menton délicat. Il se sentait enfin plus léger, comme si de lourdes chaînes lui avaient été retirées. Le poids de ses traumatismes semblait l’avoir abandonné. Sa colère cessait de l’étreindre. Syriana l’en avait libéré. Cela ne fit que renforcer son admiration pour elle qui soutenait son regard sans trembler.

— Je t’aime, lui murmura-t-il contre ses lèvres.

Elle se jeta à son cou et s’empara des siennes, le souffle court. Il répondit à son désir en longeant les courbes de sa poitrine. Elle frissonna de plaisir et se rapprocha pour l’inciter à continuer, tandis que ses mains fines s’amusaient à longer ses bras. Ses doigts s’attardèrent sur la cicatrice qui courait le long de son bras droit. Un signe attestant qu’elle l’acceptait avec ses blessures.

Serymar gouta à sa gorge gracile, humant sa délicieuse odeur. L’envie de combler Syriana et de la hisser sur un piédestal imaginaire s’empara de son être. Son égale. Celle qui lui accordait la faveur de l’aimer. La femme qui l’avait extirpé de ce brouillard autodestructeur.

Le désir embrasa ses veines. Serymar la saisit par les bras et dévora sa gorge jusqu’à son épaule avec avidité. Elle caressa l’impressionnante blessure dans son dos, lui présenta sa poitrine qu’il embrassa, lui arrachant un soupir de plaisir. Son souffle se perdait alors qu’elle sentait sa langue caresser les courbes les plus sensible de ses seins ronds.

Elle lui saisit le poignet pour l’amener entre ses cuisses galbées. Il se figea et résista, surpris d’y trouver de l’humidité.

Syriana le repoussa en appuyant sur ses épaules. Serymar céda à la demande et se retrouva encore sur le dos. Les mains de son âme sœur glissèrent avec sensualité jusqu’à son bassin. L’air frôla ses jambes dénudées et elle le chevaucha. Elle se pencha de moitié, une main posée contre son épaule droite. L’autre bloqua sa main gauche à côté de sa tête en y entremêlant ses doigts.

Avant qu’il n’ait le temps de se laisser perturber par de mauvais souvenirs, Syriana ondula et renversa la tête en arrière en gémissant de plaisir. La respiration saccadée, ses doigts libres se crispèrent sur le matelas à chaque à-coup qu’il subissait. Il n’osait lui serrer la main de crainte de la blesser avec ses griffes. Son cœur menaçait d’exploser.

Chaque coup de rein lui donnait le vertige et repoussait ses sombres pensées avec plus de violence que la vague précédente. Le manque revint, plus virulent que jamais.

— S’il te plaît, implora-t-il entre deux souffles coupés. Laisse-moi. T’embrasser.

Elle se pencha. Il dévora ses lèvres avec toute la passion qu’il ressentait pendant que son corps frissonnait plus fort à chaque mouvement. Son univers se réduisit à ses seules caresses, à ces seules sensations qui effaçaient tout le reste. Elle gémit, se tortillonna contre son corps.

Le souffle manquant, il se redressa et s’accrocha à ses épaules menues, le nez dans le creux de son cou. Syriana se fit insistante, se cambra et soupira de plaisir, sourire aux lèvres, lumineuse, radieuse. Ses doigts se promenèrent sur la moindre aspérité de son torse, accentuant ses frissons qui abattirent ses dernières résistances. Sa respiration se fit plus bruyante, ses doigts serraient Syriana en luttant pour ne pas la blesser. En cet instant de folie, il ne voulait qu’une chose : sentir son corps chaud contre le sien, si froid.

Il gémit lorsqu’une déflagration explosa soudain jusqu’au moindre de ses membres en suspendant le temps. Syriana lâcha un soupir d’extase. À bout de souffle, le cœur battant, Serymar se laissa retomber sur le dos. Toute son énergie s’évaporait. Syriana se retrouva allongée sur lui. Il s’en rendit à peine compte. L’épuisement accumulé depuis des mois le terrassa et le plongea dans un profond sommeil.

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