Chapitre 45* - 3

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  Elma se réveilla en sursaut et en sueur. Son corps trembla violemment. Elle mit un long moment avant de se calmer. Son corps lui fit enfin prendre conscience de sa position inconfortable à même le sol, via quelques douleurs ainsi qu’avec un froid mordant l’intérieur même de ses os. Elma fouillasa chambre du regard et, une fois qu’elle retrouva les lettres de Syriana et l’araignée mécanique, elle s’empressa de les cacher : les lettres dans une de ses poches intérieures avec ses propres écrits, et l’araignée quelque part sous son lit, le plus loin possible de toute visibilité. Cela fait, elle s’accrocha à son lit et se hissa dessus tant bien que mal, fébrile.

  Elle s’emmitoufla dans la mince couverture et se recroquevilla sur elle-même, les larmes abondant sur ses joues.

  Comme elle l’avait deviné, Syriana et Serymar avaient le même ennemi. Celui-là même dont Serymar lui avait parlé un an après avoir enlevé Karel. Elma frissonna de terreur.

« Karel… Karel est en danger de mort ! Et je ne peux rien faire ! Oh, Syriana, pourquoi avez-vous eu peur de dire la vérité à Serymar ? Où… où est votre fille ? Qu’est-il arrivé à cette petite ? »

  Elle doutait de pouvoir dormir sereinement, mais son corps criait grâce : elle avait un besoin urgent de repos.




***




  Dans le couloir, adossé contre le mur de pierres froides, les bras croisés, Serymar se laissa aller à ses réflexions. Quelque chose n’allait pas, avec Elma. Sensible à la moindre variation surnaturelle comme les Dragons, cette impression désagréable l’avait tiré de sa torpeur. Mais il était incapable de mettre le doigt dessus.

  Serymar se rendit compte qu’il était incapable de décrire ce qu’il avait ressenti, tant ça avait été fugace. Cette sensation s’était imprégnée en lui, l’oppressant sans qu’il ne puisse expliquer pourquoi. Pourquoi son cœur s’était-il accéléré, comme en proie à un espoir irréalisable, comme s’il avait été sur le point de voir l’un de ses rêves les plus secrets se réaliser ?

  Il se reprit : il devait oublier ça. Son corps réagissait sûrement après cet étrange rêve duquel il était sorti. Dans lequel il avait rencontré Aëlys.

« C’est absurde… » songea-t-il.

  Il reporta son attention sur Elma, qui dormait à quelques mètres de lui, derrière ce mur contre lequel il était appuyé. Ses sens développés lui indiquèrent une respiration enfin régulière, preuve qu’elle s’était rendormie.

« Pourquoi… est-ce que je ressens quelque chose par ici ? » se questionna-t-il.

  Il était pourtant certain d’avoir décelé quelque chose ici-même. Pourtant, le couloir était vide et le silence de la nuit implacable.

  Pendant de longues secondes, Serymar se demanda s’il devait confronter Elma. Sauf que cette fois, il conclut que cela ne lui apporterait rien. Parfois, attendre le bon moment se révélait souvent plus productif.

  Il jeta un œil en direction de son cœur. Le pacte magique n’avait pas réagi. Elma ne l’avait donc pas trahi. En un sens, il en était soulagé, mais aussi perturbé : cette sensation fugace le troublait et il était certain qu’il s’était passé quelque chose ici-même, loin de son regard et de ses oreilles.

  Il décida de quitter les lieux. Le temps finissait toujours par apporter des réponses. En attendant, il était hors de question de laisser Elma se douter de son trouble.

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