Chapitre 1-3
Le vingt et unième siècle avait enfin résolu de nombreux problèmes avec cette logique. Par exemple, il n’y avait plus besoin de dire aux femmes enceintes de ne pas consommer de thon, à cause de la présence des métaux lourds dans la chair, puisque lesdits thons avaient depuis longtemps aussi disparu. Comme tous les autres poissons. Les ministres des différents pays n’avaient plus besoin de s’écharper comme des chiffonniers au sujet des quotas de pêche, puisque cette activité avait disparu et que les bateaux de pêche rouillaient le long de quais fantomatiques.
En 2090, quand on parlait de la mer morte, plus personne ne faisait référence à un ancien lac du Proche-Orient, mais à l’ensemble des mers et océans du globe.
La stupidité humaine avait résolu les problèmes plus rapidement que les progrès de la science et de la technique. N’est-elle pas belle la vie ? Pendant des décennies, les savants et penseurs du monde entier s’étaient arraché les cheveux pour trouver des solutions aux problèmes de la planète, alors qu’il suffisait d’un peu de patience et d’avoir confiance dans la connerie irrécupérable de l’homo sapiens.
Et cet être aurait été créé par Dieu à son image ? Quelle belle blague !
La seule chose qui flottait encore dans les mers était les sacs en plastique. Pour mémoire, pendant la deuxième décennie du vingt et unième siècle, la seule mer méditerranée recevait chaque année six cent mille tonnes de déchets plastiques. De Gibraltar à Suez, aucun pays riverain ne rachetait les autres, pas même certains qui regardaient les autres de haut en se croyant plus avancés…
Karl Ludwig n’aurait pas pu expliquer comment toutes ces réflexions réussissaient à se bousculer dans son esprit alors qu’il se trouvait à terre, battu par un milicien dans une rue d’Heidelberg un soir de décembre 2091…
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